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Citations sur Rose Valland, l'espionne à l'oeuvre (13)

"Là où on brûle les livres, on finit par brûler les hommes."
Heinrich Heine, 1853
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Mais comme ces tableaux qui réapparaissent parfois, bien des années plus tard, dans des lieux insoupçonnables, des secrets sortent encore des limbes de l'histoire. Des hommes et des femmes continuent de consacrer leur vie à retrouver, et à restituer, ces oeuvres arrachées par la violence à leurs propriétaires, à réparer des torts que personne n'a oubliés. Et à perpétuer ainsi ce geste simple pour lequel Rose Valland s'est battue jusqu'au bout : ramener un tableau chez lui, le raccrocher au mur de ceux qui l'ont aimé, et le contempler, l'âme en paix.
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Même une innocente danseuse de Degas avait été mise au pilori. Fallait-il qu’ils soient fragiles, ces Aryens dits « supérieurs », pour craindre que les carnations rosées des femmes de Renoir leur pervertissent l’esprit… Ces officiers sûrs d’eux, persuadés d’être de la race des guerriers, destinés à gouverner le monde, étaient anéantis par les reflets fauves d’un Vlaminck ! Les visages tordus de souffrance de Kokoschka les révulsaient, alors qu’ils se réjouissaient de les voir sur leurs victimes, et qu’ils adulaient la face écumante de Hitler vociférant ses discours hystériques.
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La Jeep tressautait sur une route semée de roches, de trous, de tiges de fer tordues. En ce mois de mai 1945, c’était comme si l’Allemagne avait implosé. Les grandes villes n’étaient plus que de gigantesques ruines fumantes, des montagnes de décombres sur lesquelles grimpaient des femmes et des enfants en haillons, à la recherche de quoi survivre encore un jour, dans un territoire dont l’avenir dépendait désormais de quatre puissances étrangères.
Rose avait la nausée. L’Allemagne, ce pays qu’elle foulait pour la première fois, qu’elle avait aimé à travers sa musique, sa littérature, ses artistes, avait été pulvérisée par la folie d’un homme. Folie devenue inflammable, collective, muant une promesse de grandeur en abîmes de sauvagerie.
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Un fourmillement nerveux précéda son arrivée.
Le 3 novembre 1940, des soldats allemands vidèrent 400 caisses déposées l’avant-veille au musée du Jeu de Paume. Elles contenaient des toiles de maîtres par centaines, des sculptures, des meubles, des tapis et tapisseries, des objets précieux qui furent disposés, en un jour et une nuit, dans les espaces du bâtiment. L’accrochage fut rapide, précis, dans une agitation que les musées, en temps normal, ignorent. Au bout d’une centaine d’allers-retours entre l’entrée et l’étage, le mouvement ralentit, s’arrêta, et le silence revint. Jamais exposition n’avait été plus vite mise en place. Jamais le Jeu de Paume n’avait vu une telle profusion de chefs-d’œuvre.
Le matin venu, le maître des lieux passa en revue les salles de son seul œil valide, mains derrière le dos, un sourire satisfait aux lèvres. Le baron von Behr, un nazi de haute taille, sanglé dans un grand uniforme de la Croix-Rouge allemande, n’y connaissait pas grand-chose en art, mais assez pour deviner la qualité de l’ensemble. Pas de doute, son équipe avait bien travaillé.
Puis on attendit.
Enfin, une berline noire fit crisser le gravier devant l’entrée. Un ordre claqua, les sentinelles armées se figèrent au garde-à-vous. Une masse énorme s’extirpa gauchement de la portière arrière. La mine bonhomme, vêtu d’un manteau trop long qui élargissait encore plus sa silhouette, coiffé d’un chapeau informe, le Reichsmarschall Goering tendit une main potelée à celle, sèche et ferme, du baron, incliné en profond respect. Ils franchirent la porte, et le numéro 2 du Reich laissa échapper un grognement d’aise.

(INCIPIT)
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Heine qui avait écrit en 1853 : « Là où on brûle les livres, on finit par brûler les hommes. »
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Alors que la désolation des villes l’avait bouleversée, Rose fut éblouie par leur longue route dans la campagne bavaroise. Mais bien vite, à cette beauté se mêla un malaise diffus. Comment croire que ces collines douces, ces forêts odorantes et ces villages paisibles avaient vu éclore puis glorifier l’idéologie la plus mortifère de l’histoire ? Rose réalisa soudain que quelque chose d’essentiel manquait dans ce paysage préalpin. Des êtres vivants. C’était une gifle de plus pour les civils : seules les feuilles et les fleurs avaient survécu au dernier hiver de la guerre. L’été allemand ressemblait aux étés des pays vainqueurs, l’humanité en moins.
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C’était étourdissant. À ses pieds dialoguaient des tableaux de Cézanne, Gauguin, Modigliani, Renoir, Picasso, Dufy, Braque, Foujita, Degas, Toulouse-Lautrec, Vlaminck, Utrillo, Picasso, Segonzac, Bonnard, et une cinquantaine de Marie Laurencin, au complet, indemnes. Ils étaient à l’abri, avec Rose, dans les murs de son royaume où un calme immense était revenu, pour la première fois depuis quatre ans.
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(...) "Führermuseum" regroupant les plus grands chefs-d'œuvre de la préhistoire à l'époque contemporaine, selon une perspective nazie, basée sur le seul goût acceptable - le sien.
Or, Hitler n'avait aucun goût.
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Les nazis, il était bien placé pour le savoir, avaient tendance à changer d'opinion sur leurs semblables en un rien de temps, selon leur intérêt ou leur humeur du jour. Un Allemand à un poste important pouvait perdre sa position sur un simple courrier.
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