le soir se penche sur la chambre
et ménage une part d’ombre
oasis
à ton errance
à l’émotion
dans ta voix
chaque jour st un cul-de-sac
les rues de la ville t’ont laissé au désordre gonflé de visions
sur le point d’éclater
sur le lit je ratisse la savane intime de tes yeux
qui donnent sur un autre monde
où les chansons n’ont plus le même air
où les saisons passent inaperçues
où l’invisible
change de visage
je poursuis tes souvenirs
qu’ils déguerpissent
te donne les miens à boire
très chauds
pour rendre ce nouveau monde
présent
les vagues inondent l’horizon
où tu jettes nos corps
au large
chacun joue sa fragilité
la fièvre monte
le vide valse avec la mer
aucune maison à contre-courant
pas même une chambre d’écume
pour s’abriter
de l’immensité
que peut-on construire
sur fond d’errance perte éclatement
d’autres vagues
aussi je troque mes jambes pour un naufrage
comme la vie déguerpit avant que le ciel ne l’avale
sans un cri
lettre
où tu ne racontes
rien à personne
pas même une fissure
aucune lézarde
dans la corde des mots
lettre
douane piégée
mes mains qui se refusent
au papier
électrochoc en sourdine
la chambre où tu n’es pas
un corps à soi
correspondance espace
champ de couleurs et d’éclairs
souffle à souffle
un carré d’air sous tension
les montagnes sont si pâles
tes yeux craignent de traverser
ce décor de papier
où tu n’existes plus
que sous forme d’écho
comment recycler les secondes
sans repos
une à une en boucle avec le regard sans recul
à la dérive l’écho revêt-il
le cri défait
comment revenir tel que parti
Rosalie Lessard Capsule éclair Salon du livre de Montréal 2020
Ecoutez Rosalie Lessard nous parler de son dernier livre, Les îles Phoenix.