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Citations sur Canopus dans Argo 01 - Archives : Shikasta (4)

[Pendant les transmissions correspondant à ce stade de son ambassade Johor, croyant (non sans raison) que notre Service Colonial ne se fait pas toujours une idée exacte de certaines difficultés locales, nous a fourni des informations factuelles que nous n’avions pas réclamées. La vision à long terme de l’entretien et du développement d’une planète ne nécessite ni ne réclame la sympathie ou l’empathie de visions immédiates et partiales. Cependant, on ne réside pas sur Shikasta (deux des Archivistes responsables de cette note ont eux-mêmes subi l’expérience shikastienne) sans éprouver de puissantes émotions dont il faut se défaire en partant. Nous soumettons aux étudiants ce document, ainsi qu’un autre, persuadés qu’ils les trouveront utiles à plus d’un titre. Les Archivistes.]
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Par exemple : Adaptez-vous aux différents niveaux de vie qui forment, autour de la planète, des enveloppes concentriques – six en tout – dont aucune n’exige de vous un effort particulier car vous ne ferez que les traverser – aucune, sauf la dernière Enveloppe, ou Cercle, ou encore Zone : la Zone Six, qu’il vous faut étudier en détail puisque vous devez y demeurer aussi longtemps qu’il le faudra pour accomplir les tâches qui vous ont été confiées, celles qui ne peuvent être entreprises qu’en passant par la Zone Six. C’est un endroit terrible, plein de dangers, auxquels l’on peut cependant faire face, comme le prouve le fait que, pas une fois, nous n’avons perdu un seul de nos émissaires parmi les centaines et les centaines que nous y avons envoyés, même parmi les plus inexpérimentés. La Zone Six peut soumettre ceux qui n’y sont pas préparés à toutes sortes d’mbûches, d’entraves, de fatigues. Ceci vient de ce qu’une forte émotion caractérise la nature de ces lieux, une « nostalgie » comme on l’appelle là-bas, c’est-à-dire un désir de ce qui n’a jamais existé, tout au moins sous l’aspect ou la forme imaginée. C’est le royaume des chimères, des fantômes et des esprits, de l’ébauche et de l’inachevé ; mais si vous êtes sur vos gardes et restez vigilant, rien ne vous résistera.
Par exemple : Il est recommandé de prendre le temps de sa familiariser avec les diverses perspectives permettant d’observer les créatures de Shikasta. Vous trouverez toutes les dimensions possibles à Shikasta dans les pièces 1 à 100 de la Section 31, de l’électron jusqu’à l’Animal Dominant. La fascination qu’exercent ces différentes perspectives constitue de réels dangers. À l’échelle de l’électron, Shikasta apparaît comme un espace vide où vibrent imperceptiblement des formes floues : infimes traces de substance, minuscules impulsions isolées les unes des autres par de vastes espaces. (Le plus grand bâtiment de Shikasta s’effondrerait si l’on enlevait les espaces qui maintiennent ses électrons séparés et l’on ne trouverait plus à sa place qu’un fragment de substance gros comme un ongle de Shikastien.) La gamme des sons est telle sur Shikasta qu’il vaut mieux ne pas s’y exposer sans avoir subi un entraînement préalable. Quant à ses couleurs, elles vous tueront si vous n’y êtes pas préparé.
Bref, aucune des planètes que nous connaissons ne présente un degré de vibrations aussi intense et aussi agressif que Shikasta, et une trop longue exposition à ces vibrations peut fausser et corrompre le jugement.
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JOHOR communique :
J’ai été envoyé en mission sur de nombreuses planètes colonisées par nous. Je suis habitué aux crises de toutes sortes. Je me suis trouvé au coeur de situations critiques menaçant l’existence d’espèces entières ou de programmes spécifiques soigneusement mis au point. J’ai su plus d’une fois ce que c’était que d’accepter l’échec, final et irréversible, d’une tentative ou d’une expérience portant sur des créatures possédant le potentiel de développement rêvé, attendu. Et puis plus rien, point final, les roulements de tambour s’espacent et se taisent. Silence…
Mais l’aptitude à faire la part du feu exige une détermination bien différente de la patience têtue nécessaire pour résister à l’usure, à la perte insidieuse de substance sur des siècles et des millénaires, avec, au bout du tunnel, une pauvre petite lumière d’espoir.
Le désarroi présente différents degrés et qualités. À mon humble avis, tous ne sont pas inutiles, et il me semble que la disposition d’esprit d’un simple employé mérite d’être consignée.
Je ne suis qu’un membre subalterne de l’Armée des Travailleurs et, en tant que tel, suis tenu de faire ce que l’on m’ordonne. Ce qui ne signifie pas que je n’aie pas le droit, comme tous les autres, de crier : « assez ! » mais des règles invisibles, non écrites, tacites l’interdisent. Ce que ces règles symbolisent, en fait, c’est l’Amour. Du moins, c’est ainsi que je le ressens et beaucoup d’autres avec moi. Il y en a, dans notre Service Colonial, qui, personne ne l’ignore, pensent autrement. L’un de mes objectifs, en rédigeant des pensées qui sortent peut-être du cadre de la stricte nécessité, c’est de justifier ce qui représente encore, après tout, à Canopus, l’opinion générale concernant Shikasta. À savoir que celle-ci mérite bien le temps et les efforts que nous lui consacrons.
Dans ces notes, j’essaierai de rendre les choses aussi claires que possible. Car il en viendra d’autres, après moi, qui étudieront ce rapport, comme j’ai moi-même si souvent étudié les rapports de ceux qui m’ont précédé. Il n’est pas toujours possible de connaître, au moment où l’on consigne un événement ou un état d’esprit, l’effet que celui-ci produira sur un individu, disons dix mille ans plus tard.
Tout change. C’est la seule certitude que nous ayons.
De toutes mes ambassades, ma première, celle qui me conduisit sur Shikasta, fut la pire. Je peux dire, en tout honnêteté, que je n’y ai pas repensé jusqu’à aujourd’hui. Je n’en avais pas le coeur. S’attarder sur un malheur inévitable, non, vraiment, cela ne sert à rien.
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Ce qu’il nous fallait, très précisément, c’était hisser Rohanda au niveau voulu en vingt mille au lieu de cinquante mille ans.
Comme de coutume, nous fîmes des appels de volontaires dans toutes nos colonies, et notre choix se porta sur une espèce issue de la Colonie 10, qui s’est, depuis, révélée remarquablement apte au développement symbiotique.
Bien sûr, une espèce doit posséder des structures mentales particulières pour pouvoir ne serait-ce qu’envisager de telles propositions : disons qu’il ne peut s’agir que d’une race d’aventuriers ! S’il est possible de déterminer les grandes lignes d’une évolution prévisible, il est, par contre, toujours impossible de prédire exactement ce qu’il arrivera lorsque deux espèces seront mises en symbiose, car il y a trop d’inconnues. On ne cacha pas aux volontaires que Rohanda était, par nature, imprévisible, particulièrement soumise au hasard et au changement. Surtout, on ne savait pas comment s’harmoniseraient leurs espérances de vie respectives. En cas d’échec, si les normes actuelles de Rohanda l’emportaient, cette entreprise bénévole pourrait bien être considérée comme très proche d’un suicide ethnique.
Contentons-nous de dire pour l’instant qu’à ce stade et à cette époque, l’espèce était robuste et saine, vive et intellectuellement adaptable ; elle avait gardé le souvenir génétique de sa participation à des expériences de ce type.
De petits groupes de volontaires de la Colonie 10 furent implantés avec succès sur Rohanda, en divers points de l’hémisphère Nord. Ils étaient un millier en tout, mâles et femelles, et presque tout de suite, c’est-à-dire en moins de cinq cents ans, il fut évident que cette expérience serait un remarquable succès.
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