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Critique de TerrainsVagues


Si on m'avait dit qu'un jour je lirai un bouquin de BHL, j'aurais probablement parié ma chemise du contraire et, j'aurais perdu.
Après l'avoir entendu chez Ruquier à propos de son nouveau bouquin, j'ai eu envie d'en savoir plus sur ce qui avait amené un discours qui, s'il ne me convainquait pas sur tous les points notamment sur le plan économique, ne me semblait pas si éloigné de ce que je ressentais par rapport aux délires qu'a pu faire naître le « qu'au vide dit neuf ».
Deuxième livre en trois jours sur le sujet (la légende du crachin breton s'étant révélée exacte depuis trois jours aidant) après l'excellent « La revanche de la nature » d'Aymeric Caron, j'étais motivé.
Premier constat en refermant le bouquin, BHL est très soft (du mal à assumer ?) quand il a un contradicteur en face. du moins sur le plateau d'On n'est pas couchés il y a quinze jours. Que j'aurais aimé qu'il ait Aymeric Caron en face de lui.
Je me pose quand même une question. Qu'est ce que je n'ai pas compris ? Ce qu'il dit pour vendre son livre ou alors son livre ? Les deux ? Peut être…

« Ce virus qui rend fou » , c'est le type même de bouquin qui me laisse le cul entre deux chaises.
D'un coté, il y a un constat, des faits, des réserves sur la manière dont la situation a été appréhendée qui font que je ne peux qu'être d'accord avec certains propos. Et puis de l'autre il y a tout ce que je déteste, cet étalage de culture, ces références religieuses, et la Torah par ci et Rabbi truc par là, le peuple Juif, et puis le pape, Jésus, les chrétiens (à noter que s'il déplore la désertification des églises et des synagogues pendant la période de confinement, pas un mot pour les mosquées…mais j'y reviendrai brièvement plus tard sur les musulmans), et puis les philosophes grecs avec bidule qui a dit ça et tel autre encore ça et puis Sartre et puis Giono et puis Claudel, Mauriac, Villon, Genet, De Gaulle… stop, n'en jetez plus !!! Et toi Nanard, sans tes références et tes citations, t'en penses quoi de tout ça ? Ton opinion, celle qui n'est pas dictée par une culture débordante, ton ressenti, quel est-il une fois débarrassé de tout ce tape à l'oeil ?
Oui ce bouquin a tout ce qu'il faut pour que je le « massacre ». Il est puant de mépris (sous couvert d'ouverture à l'autre), il est rempli de contradictions.

Nous sommes tous enclins à interpréter un texte ou un discours selon nos sensibilités politiques, écologiques ou autres et je crois que là BHL s'est lourdement trompé quant au intentions de tous les gens qu'il prend de haut, ceux qui ont pu croire un instant que ces deux mois de confinement seraient peut être l'occasion de se questionner sur nos modes de vie et de pourquoi pas les changer pour un monde meilleur.
BHL voit dans cette démarche stupide un repli sur soi, une glorification du Moi. Parce que probablement, malgré ses reportages aux quatre coins de la misère du monde, ce monde tel qu'il est lui convient. J'en doute alors je ne comprends pas. Réfléchir sur soi, changer des habitudes nuisibles à tous (et encore plus à ceux qu'on ne voit pas en Afrique ou en Asie) c'est penser collectif et non à sa gueule. Il parle de cet état d'esprit en l'opposant à des textes d'auteurs séquestrés comme Kafka, Xavier de Maistre, Genet, Proust, Sade, Villon et beaucoup d'autres en nous demandant si nous pensons qu'ils ont aimé leur « confinement » ? Quel rapport ? Quelle indécence de comparer une remise en question aléatoirement salutaire due à un élément indépendant de notre volonté qui nous a partiellement isolé (pour ce qui est du bien fondé de cette isolation forcée c'est un autre débat) avec une privation totale de liberté.

L'Homme n'est pas un animal pour BHL et il s'amuse de ces gens s'émerveillant de voir une biche sur la plage désertée, de voir un sanglier en centre ville ou tous ces animaux dans des endroits improbables, endroits d'où nous les avons chassé pour bétonner, pour créer entre autre des magasins d'inutile.
Et puis les écolos, les végans les ravis de la crèche, quel mépris pour eux dans ces pages. Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux, Strasbourg pour les plus grandes villes de France viennent d'élire des maires écolos sans parler de Lille qui à 200 voix près… Oui Paris est écolo ou alors qu'on arrête les procès faits à Hidalgo. Oui Nanard, les écolocrates et les végétocrates, comme vous les appelez ont envie de changer leur vie, de penser Vie.
L'Homme n'est pas un animal, c'est un Homme ? Un chien n'est pas un animal, c'est un chien ? J'ai bon ?
Il ne manque pas non plus de rappeler aux abrutis verts qu'il se déplace en avion pour témoigner de la misère du monde pendant que le reste de l'humanité (enfin nous quoi, les nantis) ne pense qu'à sa petite santé. Alors mesdames et messieurs les verts, vous qui ne savez pas, touchez pas à l'avion.

Je ne vais pas m'étendre sur tout ce qui est références religieuses mais j'avais dit que je reviendrai sur le seul point abordé sur les musulmans.
« le Hezbollah s'est confiné.
Le Hamas, qui déplorait alors huit cas, a déclaré n'avoir plus qu'un but de guerre, obtenir des masques d'Israël : ‘'des masques ! des masques ! notre royaume pour des masques ! nous viendrons, si besoin, couper le souffle à six millions d'Israëliens''.
Daech a déclaré l'Europe zone à risque pour ses combattants qui ont filé se moucher dans des kleenex à l'eucalyptus, au fond de quelque caverne syrienne ou irakienne ».
Chacun en pensera ce qu'il veut…
Il y a bien aussi un petit missile pour le pape mais bon… bref.

Une dernière chose car il va finir par être beaucoup trop long ce billet, j'ai bien aimé cette hallucinante contre vérité d'une bêtise et d'un mépris de compétition :
« Et, quant au projet d'appuyer sur le bouton pause pour permettre à la planète de souffler, quant à cette coupure de courant de la mondialisation que, selon des écologistes à l'âme d'autruche, la nouvelle fée électricité, avec ses énergies ioniques et renouvelables, allait enfin opérer, quant à cette mise entre parenthèse, cette suspension, cette épochè, des lois du monde d'avant dont on nous entretenait partout et dont le Covid devait être le disjoncteur, bravo ! c'était en train de marcher ! mais pas comme on nous l'avait dit… pas dans le sens d'une plus grande égalité… car ce sont les damnés dont on était en train de se séparer et ce sont eux qui allaient payer au prix fort notre générosité radicale ».
Sauf que toute cette misère qu'il côtoie à longueur de voyages est due en grande partie à la mondialisation qui entretient ce que la colonisation avait commencé il y a bien des siècles. Ceux qui payent au prix le plus fort depuis toujours, ce sont les habitants des pays que BHL « visite » et ils ne payent pas autre chose que nos inconsciences. Parler de « générosité radicale », ça en devient obscène.

Voilà quelques points parmi d'autres qui m'ont donnés quelques rougeurs et si j'aurais bien remis quelques citations hautaines, je n'ai pas eu le courage de rouvrir ce bouquin.

Vous l'aurez peut être compris, si je conseille un livre sur le confinement, ce sera sans aucune hésitation celui d'Aymeric Caron.
Sinon, cette fois je suis prêt à parier mon pantalon que c'était ma première et dernière lecture de BHL.

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