AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,01

sur 171 notes
5
12 avis
4
13 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis
C'est Margaret Barckley qui tient la parole, un point de vue narratif qui signe la portée romanesque de cette histoire inspirée de Margaret Bulkley, devenue de son vivant le réputé docteur James Barry, à une époque – le début du 19ème siècle – où l'on n'envisageait pas de confier aux femmes la médecine, encore moins de se sentir autre dans une anatomie imposée par la nature, actée par la société. Mais en s'inspirant du personnage, E. J. Levy a respecté les faits historiques dans ses grandes lignes, à commencer par les raisons du travestissement, qui sont des raisons sociales.

C'est à Cork en Irlande que Margaret est née, dans une famille endettée à cause du frère ainé, et c'est à Londres où la mère et la fille se rendront dans l'espoir d'amadouer l'oncle, peintre célèbre. Sous la tutelle d'un de ses amis, le général Mirandus, Margaret se révèle brillante élève, elle apprend vite, a l'esprit comme une demeure dont elle parcourait « les nombreuses pièces, ouvrant des portes insoupçonnées ». A tel point que naîtra l'idée de l'entourloupe dans l'esprit de sa mère et du général, pour que Margaret puisse suivre à Edimbourg des études de médecine, pour se sauver elle-même et peut-être aussi les siens : « Je reproduisis ces gestes dans ma chambre,[...], je sentis quelque chose bouger au niveau de ma colonne vertébrale, aussi subtil qu'un claquement de dents, une clé dans une serrure ou un craquement des articulations. […] je m'installai dans mon corps comme dans un fauteuil confortable[..]. Je savais que je pourrais jouer mon rôle».

Ici il sera question de travestissement plus que de transsexualité, sans empêcher le roman de résonner avec notre époque. Il sera ainsi souvent question de différence entre hommes et femmes, de droits, le docteur Jonathan Perry (version romancée de James Barry) endossant un rôle d'émissaire pour la bonne cause des femmes : « Mon Dieu Perry, vous allez bientôt réclamer qu'elles aient le droit de vote ». Mais au-delà des questions de genre dans la représentation sociale il sera surtout question de dépassement du corps, d'une femme devenant elle-même et accédant à une forme de liberté une fois déguisée en homme : « Ils ont raison bien sûr, ceux qui disent que je n'étais pas une femme faisant semblant d'être un homme : j'étais quelque chose de bien plus choquant – j'étais une femme qui avait arrêté de faire semblant d'être autre chose, une femme qui n'était qu'une personne, l'égale de n'importe qui d'autre – en étant simplement moi-même : une personne qui avait de l'esprit, était difficile, charmante, têtue, brillante, en colère, je ne faisais plus semblant de ne pas être cette personne ».

La grande force du roman sera de nous faire oublier le travestissement, comme une preuve de l'ineptie des fixations sexuées, et l'on suivra ainsi les pérégrinations d'un magnifique personnage, homme social et femme de coeur. Une lecture portée qui plus est par un souffle épique, de l'Irlande à l'Afrique du Sud en passant par l'île Maurice ou l'Écosse, portée aussi par sa dramaturgie amoureuse, le coeur ne pouvant s'empêcher de battre sous les bandages.

Ce roman m'a passionné, traversé de références à Jane Austen ou Elena Ferrante c'est le premier d'E. J. Levy, enseignante de l'autre côté de l'Atlantique. Il se présente dans l'aujourd'hui comme un pas de côté malin sur les questions de genre, porté haut par le ton sincère et confidentiel d'un personnage mémorable.
Commenter  J’apprécie          516
Margaret souffre du pire défaut imaginable à la fin du XVIIe siècle : elle est née fille. Intelligente et passionnée d'anatomie, elle n'a aucun avenir dans une société réservée aux hommes. En 1809 elle prend l'apparence d'un homme et devient Jonathan Perry afin de poursuivre des études de médecine à la faculté d'Édimbourg alors inaccessible aux femmes. Elle entrera ainsi comme chirurgien militaire dans l'armée britannique et voyagera au Cap, à l'île Maurice et en Jamaïque, où elle s'illustrera en réalisant des exploits, dont une césarienne sauvant la mère et son fils.
En faisant abstraction de l'histoire romanesque, l'intérêt de ce roman, pour moi, est dans la description de la vie dans la société bourgeoise britannique. La femme est reléguée au rôle d'épouse, de mère ou de maitresse et que dire de l'esclavagisme ou l'homme ne vaut pas plus qu'un animal ou un objet. Ce récit est aussi une plongée passionnante dans la médecine de ce début du XIXe siècle.
Commenter  J’apprécie          422
En 1804, Margaret Brackley et sa mère fuient la maison de Cork pour se rendre à Londres.
La famille est ruinée et la mère de la petite fille de 9 ans espère trouver de l'aide auprès de son frère , un artiste peintre à la vie bohème .
Elle envoie Margaret chez lui, estimant qu'il sera plus sensible à la situation difficile d'un enfant.
Que nenni, si lui reste inflexible, la fillette fait la connaissance d'un de ses amis, le Général Fernando de Mirandus qui va proposer de lui donner libre accès à sa bibliothèque et à travers de longues discussions d'éveiller l'esprit de l'enfant et lui offrir de bonnes bases pour l'avenir. Margaret est particulièrement intéressée par les livres de Médecine et d'anatomie .
Mais voilà, l'entrée à la faculté de Médecine au XIX eme siècle est refusée aux femmes , Margaret devient donc Jonathan Miranda Perry et peut ainsi devenir médecin.

"il m'avait révélé ce que mes parents n'avaient pu me montrer - qu'avec de la volonté , on peut se forger une existence, s'inventer soi-même et son histoire. Qu'on peut façonner L Histoire elle même pour l'accorder à notre vision . "

Le changement est parfait , il est nommé médecin militaire et doit prendre un poste en Afrique du Sud à Cape Town où il est accueilli par le gouverneur .
Il devient l'intime de la famille, au point que des rumeurs vont naitre et ternir la réputation du médecin et du gouverneur.

À partir de l'histoire véridique de James Barry , ce qui m'avait incité à choisir ce livre, l'auteur insiste surtout sur les relations qui vont se créer entre Jonathan et le gouverneur.

Margaret-Jonathan est un être travaillé entre les deux genres, celui d'une femme amoureuse qui ne peut se dévoiler sans tout perdre , métier et réputation et celui d'un homme ambitieux , parvenu à être respecté et apprécié dans sa vie professionnelle, sensible en particulier à la cause des femmes .

J'ai bien aimé la première partie de l'enfance de Margaret, sa rencontre avec ce Général si original ainsi que sa période à l'Université .

J'ai nettement moins apprécié la suite de l'histoire à Cape Town plus centrée sur l'histoire romanesque , son rôle de médecin colonial est laissé en arrière plan et les conditions effroyables en particulier des prisonniers et des lépreux , surtout s'ils sont noirs ne sont qu'ébauchées et j'ai trouvé cela dommage , c'est pourquoi j'ai été déçue !

"Qui sommes nous , après tout : l'ensemble de nos accomplissements ? Notre nom ? Je suis la personne que j'ai créée, ce que j'ai fait, ni plus ni moins ".
Commenter  J’apprécie          344
Une histoire vraie et un destin exceptionnel, celui d'une jeune fille irlandaise désargentée mais douée de capacités intellectuelles exceptionnelles. Fascinée par les livres de médecine et les traités d'anatomie, elle rêve de consacrer sa vie à la chirurgie et de sauver des vies. Impossible rêve, nous sommes au début du 19ème et les femmes n'ont aucune considération ni aucun droit, sauf celui de se marier et de se dévouer pour son mari et ses enfants. Faire des études, s'inscrire à l'université, exercer la médecine, entrer dans l'armée… Impensable ! Tout cela est injustement mais strictement interdit au sexe féminin. Une seule solution : se métamorphoser en homme et changer d'identité.

C'est ainsi que dans ce roman historique digne d'intérêt, Margaret Brackley, sur la proposition de son protecteur le général Mirandus, devient Jonathan Mirandus Perry tout comme dans la « réalité vraie » Margaret Ann Bulkley s'est transformée en James Miranda Barry afin d'accéder à une éducation dont ne pouvaient bénéficier les femmes de l'époque.

Elen J. Levy, qui avec le médecin de Cape Town signe ici son premier roman, nous entraine dans cette épopée nous faisant voyager de l'Irlande à l'Angleterre puis en Ecosse pour finalement prendre le large et nous retrouver en Afrique du Sud, dans la ville du Cap. Il faut reconnaître à l'autrice américaine son énorme travail de documentation. Peinture de la « bonne société », contrastes et inégalités des populations, conditions de vie précaire, esclavage. de nombreux et situations sont directement inspirés de la vie du Dr. James Barry.

J'attendais beaucoup de cet ouvrage recommandé par une amie et jouissant sur Babelio de nombreuses critiques élogieuses. Mais finalement il m'a déçue. Autant la première partie racontant l'enfance et l'adolescence de Margaret menant à son changement de genre et d'identité, pour accéder à ses rêves d'éducation, a gardé mon attention en éveil, autant la seconde partie, beaucoup plus longue, m'a parue superficielle parfois même fastidieuse. le roman d'aventures tombe dans le romanesque voire le roman d'amour contrarié. L'accent est mis essentiellement sur les relations intimes du Dr. Perry avec le gouverneur, Lord Somerton. J'y reproche trop de répétitions et de longueurs appuyées par un style d'écriture assez conventionnel. J'ai néanmoins apprécié des moments très forts, comme les expériences de dissection, les soins apportés au gouverneur atteint du typhus, et la césarienne réussie pratiquée sur une femme en passe de mourir en couches.

Ce roman passionnera sûrement de nombreux lecteurs. Pour ma part je n'ai hélas pas réussi à me laisser happer par l'histoire. Les thèmes étaient prometteurs : la condition de la femme, le genre, l'identité, la vie cachée... Malgré cela j'ai eu du mal à poursuivre ma lecture jusqu'au bout et ai ressenti une certaine lassitude.

#Challenge ABC 2023 / 2024
Commenter  J’apprécie          270
Quel livre ! Quel bonheur de lecture que ce premier roman de l'américaine E.J. Levy !

Et quel personnage que cette Margaret Ann Bulkley, petite fille irlandaise, née vers 1741, intelligente mais pauvre, "devenue", dès l'âge de 13 ans, un garçon parce que son sexe ne lui permettait pas d'effectuer des études de médecine ! Et quel personnage que ce James Barry, chirurgien militaire de l'armée britannique (le premier à avoir pratiqué avec succès une césarienne) dandy et séducteur, qui a tu son secret durant toute sa vie jusqu'à ce que celui-ci soit divulgué post-mortem.

Ce n'est pas le récit d'un travestissement, d'un reniement; James est attiré par les femmes, les séduit avec ses traits fins, mais va vivre une folle passion avec un homme qui va sublimer son corps féminin. Margaret découvre la liberté dont jouissent le hommes dans une époque et une société où les femmes sont corsetées au propre comme figuré. Corseté, il l'est resté toutefois quand il a dû, toute sa vie d'homme durant, bandé ses seins pour ne pas que l'on soupçonne son sexe de naissance.

Servie par une belle plume impeccablement traduite, cette biographie romancée d'un personnage qui, du fait des interdits de son temps, a dû se tuer pour s'auto-construire afin de ne pas subir la morne vie passive qui lui était destinée, est passionnante et se lit d'une traite.

Si le médecin de Cape Town est une oeuvre de fiction, E.J Levy s'est cependant appuyée sur des faits historiques réels. La romance, l'intime, se mêlent à l'aventure, au romanesque avec une réflexion suggérée mais jamais imposée sur la déconstruction du genre.

La grande qualité littéraire de ce roman (rythme, dialogues, écriture, situations) et le récit à la première personne nous attachent fortement à Margaret/James ; le féminin devient masculin quand la très jeune Margaret, déjà James, embarque sur le bateau qui la mène vers sa nouvelle vie.





Commenter  J’apprécie          270
Le Médecin de Cape Town de E. J. Levy, une lecture passionnante, inspirée de l'histoire vraie du docteur James Miranda Barry.

Margaret Brackley, née à Cork, deuxième enfant de Mary Ann et Jeremiah Brackley, une fille frêle et gauche, une peau cireuse, des cheveux blond vénitien indomptables et des traits sans envergure. Elle préférait de loin les chiens aux poupées. Son pire défaut à la fin du XVIIIe siècle : elle était née fille.

Au printemps 1804, suite à la faillite de son frère, elle se rendit à Londres en compagnie de sa mère, pour réclamer l'aide de son oncle Jonathan, le frère de sa mère, qu'elle considérait comme un être unique. Elle n'avait que 9 ans.

Ne trouvant aucun soutien, un ami de son oncle, le général Fernando de Mirandus, finira par s'occuper d'elles. Il apprit à Margaret à lire à se débrouiller dans la vie, vive et intelligente, elle pouvait se diriger vers autre chose et éviter la pauvreté. le général et sa mère, eurent l'idée de la transformer en garçon, afin qu'elle puisse poursuivre des études de médecine.

En 1809, Margaret est devenue James Barry, cheveux courts et seins bandés, il put intégrer la faculté d'Édimbourg alors inaccessible aux femmes. Suite à ses excellents résultats, James Barry est entré comme chirurgien dans l'armée, a servi au Cap, sur l'île Maurice et en Jamaïque. Il s'intégra facilement à la population.

« C'était donc à la fois par curiosité et pour ternir ma trop bonne réputation que je me mis à fréquenter les bals Arc-en-ciel au cours de ces premiers mois au Cap. Les habitants de la ville se retrouvaient dans les tavernes du port et où la condition ne comptait plus – Malais et esclaves, soldats et affranchis, hommes, femmes et toutes personnes se trouvant entre les deux. Je n'avais pas à faire semblant d'admirer la beauté des femmes des bals Arc-en-ciel. Elles étaient exquises. Les Hollandaises et les Malaises, les Africaines et les Anglaises. Cela aurait été comme d'apprendre à admirer la beauté de l'aube. Elle vous coupait le souffle, me coupait le souffle, du moins. Cela ne s'apprend pas, la beauté des femmes. »

Les paysages du Cap sont magnifiquement décrits.
« La caravane longea d'abord la côte, l'océan pareil à un champ de pierres précieuses concassées – saphir, émeraude, jade le plus pâle, tourmaline et lapis-lazuli. Étincelant. Les terres me rappelèrent le paysage que j'avais quitté – les ajoncs et les roches colorées par le lichen en Écosse, les falaises couvertes au sommet d'un tapis vert irlandais qui tombaient à pic dans la mer. Mais les faucons, les renards, les lapins et les daims qui peuplaient ces régions du Nord étaient ici remplacés par l'antilope, le bonte-bok avec leur face blanche (leurs cornes étranges torsadées vers l'extérieur et leurs oreilles incurvées) et le zèbre des montagnes vient nous saluer, le bruit de nos chariots l'ayant fait sortir de sa cachette. »

Nous allons suivre, ce médecin dans ses itinéraires bien mouvementées, il aura toujours des parrains qui l'aideront à franchir les obstacles, mais difficile de se priver de son statut de femme, tout en les défendant. Des moments très durs l'attendent.

« L'habitude du silence était difficile à briser, c'était devenu un mode de vie ; les mots et les histoires restaient coincés dans ma gorge. On aurait dit un mensonge, cette vie, une fiction, une histoire de fantômes. Comme si ma vie était un sortilège dont je pourrais me délivrer en parlant, en prononçant les bons mots. Comment j'étais devenu qui j'étais, toutes ces années de solitude durant lesquelles j'avais essayé de me fabriquer moi-même pour être cet instrument utile, cette lame dépourvue d'émotion. Comme Psyché avec Cupidon, je ne pouvais aimer que si je n'examinais pas le corps ni le passé de trop près. »

Un très beau portrait, il prendra son métier à coeur, on peut presque oublier sa transformation. Une vie de mensonges et de sacrifices. Son but était d'être libre et de garder son nom. J'ai dévoré ce roman très intéressant et qui nous donne l'occasion de voyager. Les différences entre hommes et femmes seront très souvent mis en avant. A cette époque, il n'était pas question qu'une femme travaille, cela affaiblissait le rôle du mari, elles n'étaient là que pour régner sur la maisonnée et servir le maître, dans tous les sens du terme.

« Naturellement, c'était illégal d'être une femme sur un bateau de la marine. Il existait tellement de situations où les femmes étaient illégales – la médecine, l'armée, l'université. A en croire la loi, le sexe féminin devait être une puissance monstrueuse – risquant à tout moment de dépasser les hommes, constituant une terrible menace -, une force redoutable pour entraîner de telles contraintes. Il semblait que nous étions plus dangereuses que l'opium, la poudre à canon ou les Enclosure Acts combinés. »

Il connaitra un destin hors du commun, jusqu'à la fin de sa vie. Un récit plein d'émotions et passionnant.
Commenter  J’apprécie          2622
C'est un bien remarquable destin que celui de Margaret Ann Bulkley, devenu James Miranda Stuart Barry. Enfin dans ce roman, Margaret Brackley, alias Jonathan Mirandus Perry (pas compris pourquoi l'auteur n'a pas garder les noms d'origine).

Née fille dans les années 1780, elle deviendra « homme ». Non pas qu'elle ait changé de sexe (vous n'y pensez pas, à l'époque !) mais elle se « déguisera » en homme et personne ne saura que c'est une fille qui se cache sous ces habits masculins.

Pourquoi ce changement ? Et bien tout simplement pour pouvoir faire des études de médecine et exercer en tant que médecin et chirurgien.

Tout l'art d'Ellen J. LEWY est d'avoir su reconstituer, avec le peu d'éléments qu'elle avait, la vie de ce personnage impressionnant. Bien sûr, c'est du roman. Mais tout ce qui a trait à l'histoire, aux études, au contexte est vrai.

J'aurais aimé avoir plus d'éléments et de détails sur l'activité médical du Dr Perry en cette période où l'esclavage était encore de mise et où la pauvreté était immense, comme encore aujourd'hui dans certains pays. On y parle plus de son aventure avec Lord Charles Sommerson (là aussi, l'identité a été changée, il s'agit de « Lord Charles Somerset »), que de son activité de médecin-chirurgien au sein des armées. Cette aventure, à l'époque, a fait grand scandale.

Ainsi que de son rapport avec les autres. Apparemment le Dr Perry n'était pas très aimable et n'avait pas un caractère facile, et cela lui a valu quelques inimitiés.

Par contre, j'ai bien aimé les détails imaginés pour cacher sa féminité. Il est vrai qu'il ne devait pas être facile de se bander les seins toute sa vie, se cacher des autres lorsqu'elle était sur un navire où la promiscuité était de mise, comment gérer ses règles et nettoyer ou se débarrasser de ses linges tachés, ou ne pas avoir de majordome pour l'habiller, ce qui était très étrange aux yeux de certains et ne laisser personne pénétrer dans sa chambre, même pour le ménage.

D'ailleurs beaucoup ont soupçonné que sous ses apparences, se cachait une femme.

En fait, son identité n'a été dévoilée qu'à son décès. Une autopsie a été effectuée alors qu'elle (OUPS !) qu'il avait laissé des instructions pour qu'il soit enterré, dès sa mort, dans les habits qu'il portait.

Comme quoi, un sacré destin.
Commenter  J’apprécie          213
Un très bon moment de lecture. Une jeune fille contrainte de se faire homme pour pouvoir faire des études: au début du 19e, ce n'était pas ouvert aux femmes. Version romancée d'une histoire vraie: elle deviendra un médecin reconnu. Je ne vais pas faire de doublons avec les belles critiques déjà écrites.
Ce travestissement est un thème fréquent, je crois me souvenir de Issa, enfant des sables et plus récemment A(ni)mal. Les raisons sont différentes: il ne s'agit pas d'études mais de survie. Je me suis souvent demandée comment étaient gérées les règles: ici, c'est clair et le personnage en parle avec discrétion. Même dans la peau d'un homme, elle n'en est pas moins femme et est amoureuse et tombe enceinte. Les apparences sont sauves mais à quel prix: fils jamais retrouvé. Heureusement qu'un investissement dans son rôle de médecin lui permet de survivre.
Au niveau de l'orthographe, j'ai parfois été étonnée qu'elle écrive au masculin.
Commenter  J’apprécie          180
Quel roman fantastique ! Il est inspiré de la véritable histoire de Margaret Bulkley (nommée dans le livre Brackley) jeune femme qui va choisir de se faire passer pour un homme afin de poursuivre des études de médecine à la faculté d'Edimbourg, en Ecosse, en 1809. Les études médicales sont à l'époque interdites aux femmes. Elle va devenir un brillant chirurgien militaire, le Dr Jonathan Perry. L'histoire est donc d'autant plus incroyable qu'elle est vraie. L'auteure nous explique dans un épilogue bienvenu les quelques légères différences avec les faits réels en particulier sur la chronologie, mais globalement on voit qu'elle s'est basée sur une foule de publications scientifiques de chercheurs ayant étudié cette période et spécifiquement le destin de cette femme. Tout m'a intéressé: ce personnage tout d'abord, qui n'a rien d'un transgenre comme j'ai pu le lire, qui au contraire se sent femme mais qui va faire tous les sacrifices pour conserver sa liberté, son indépendance, sa vie passionnante de médecin. Cela impliquera des choix très douloureux. J'ai aimé aussi m''immerger dans la vie du Cap (Afrique du Sud) de l'époque, comprendre à quel point les médecins étaient démunis face à certaines maladies (beaucoup de bouillons de boeuf !)....On apprend ainsi beaucoup de choses en creux, au fil de l'histoire de ce roman passionnant ! Un conseil ? Foncez !
Commenter  J’apprécie          160
Le destin passionnant de James Miranda Barry, médecin militaire anglais basé au Cap au début du 19e siècle. L'une de ses particularités est d'être particulièrement doué, d'être totalement investi, de porter une attention toute vigilante aux questions d'hygiène et de bientraitance. Son autre particularité est d'être né femme. Et d'avoir nié son premier sexe pour pouvoir embrasser une autre forme de liberté. Liberté d'exploiter ses capacités intellectuelles, d'excercer le métier de son choix, de pouvoir s'exprimer, avoir des opinions, être indépendant. Ce qu'une femme de son époque et de sa condition ne peut pas faire.
Une histoire de choix, d'émancipation, plus que de genre. Comment être soi, s'accomplir, tout en devant cacher, devenir autre, jusqu'à devenir soi.
Commenter  J’apprécie          140



Autres livres de E. J. Levy (1) Voir plus

Lecteurs (533) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3205 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}