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4,17

sur 989 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A Marseille, Karel Claeys est né sous la mauvaise étoile. Dans les quartiers nord de la ville, il a vécu une enfance chaotique entre deux parents toxicomanes, aux côtés de sa soeur Hendricka et de Mohand, son petit frère handicapé. Pour échapper à l'emprise du père et à la menace permanente des coups, la fratrie trouve régulièrement refuge au “passage 50”, un camp de gitans sédentarisés rejetés aux marges de la cité, qui devient leur deuxième famille. Loin de la folie parentale, les adolescents rêvent d'une vie meilleure - une vie d'amour, de cinéma, de liberté. Pour y parvenir, Karel et Hendricka savent qu'ils peuvent compter sur une chose : leur extraordinaire beauté, celle du diable, qui irradie autant qu'elle consume.
Dans ce roman âpre et sensuel, Rebecca Lighieri nous immerge dans la vie des quartiers populaires de Marseille, entre les années 1980 et 2000. A travers le regard de Karel, elle fait le portrait d'existences brûlantes, dévastées par la pauvreté, la violence et la drogue, en se plaçant au plus près de la pulsation des corps, intime et social. Oscillant entre les genres, de la tragédie grecque au récit d'apprentissage, Rebecca Lighieri signe un roman noir magistral, d'une force inouïe, saisissant magnifiquement le bruit et la fureur de ces vies minuscules.
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Karel vit dans la cité Antonin Artaud, quartier nord de Marseille. Sa mère ne se préoccupant que de Mohand, son frère cadet handicapé, il est confronté très jeune à la dureté de la vie, les addictions de ses parents toxicomanes, la cité, le sida...
Hendricka, sa soeur, et lui même ont un physique marquant et leur père les poussent à faire des castings, sans grand succès au début. Parfois pourtant le hasard des rencontres fait bouger les lignes... mais devenu aide soignant, Karel se sentira toujours has-been et seul...

Un roman d'apprentissage qui présente les problématiques des familles évoluant dans les cités, leurs violences, qui induisent la détresse, la peur et toutes les violences intra familiales.
Une histoire sensible sur la solitude, le mépris des classes sociales, un récit tout en finesse qui suggère plutôt que décrit cette souffrance.
Belle découverte du hasard. A lire.
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Marseille. Encore ? Bah ouais. Après "Vanda" de Marion Brunet, me voilà replongé dans la cité phocéenne. Et pas dans ses quartiers les plus ensoleillés.

Ici, on se situe dans le nord de Marseille, dans la cité Artaud dans les années 80. Karl Claeys, immigré belge, fait ses petits traffics divers et variés, de drogue et d'autres choses plus ou moins légales. Il tape aussi dans la farine de temps en temps et se pique oklm à l'héroïne avec sa femme Loubna.

Accessoirement, il tabasse aussi ses enfants et notamment Mohand, le petit dernier, qui n'a pas eu la même chance d'hériter d'une génétique physique aussi bien disposée que son frère Karel et sa soeur Hendricka. Karl déverse sa fureur sur Mohand et ses multiples handicaps de naissance. Tout ça sous les yeux de Loubna impuissante et soumise.

Du coup, pour éviter de trop croiser ce père peu avenant, ils traînent dans les hauteurs de Marseille, là où désormais en 2020 trônent les lettres de M A R S E I l'L E, façon hollywood, visibles quand on déboule par l'autoroute. Ils y rencontrent Rudy, Shayenne et Araceli, des gitans qui vivent là, dans leurs caravanes avec toute la smala djobi djoba (je cite). Ils vont y trouver un peu de réconfort, un semblant de sentiment d'appartenance à une famille.

Karel y perdra même son pucelage, un soir de mai 1993. Alors que toute la ville de Marseille exulte suite au coup de tête légendaire de Basile Boli, Karel, lui ne retiendra que son coup de b... donné tendrement, fougueusement et maladroitement à Shayenne.

Mais Karel est inquiet.
Karel ne veut pas ressembler à son père.
Pour rien au monde.
Et pourtant ... il sent que, parfois, il est submergé par des pulsions de violence qu'il a peur de finir par le pas maîtriser.

La violence est elle une fatalité héréditaire ? Finira-t-il comme son père ? Toute le mystère est là
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Étonnant roman, particulièrement noir, particulièrement sombre mais totalement addictif, à l'écriture très fluide et qui se dévore littéralement.
Rebecca Lighieri nous plonge dans la cité fictive Antonin Artaud à Marseille, entre les années 80 et 2000, et nous fait suivre l'enfance et l'adolescence chaotiques d'une fratrie, Karel, Hendricka et le petit dernier, Mohand, infirme, souffrant tous trois de l'extrême maltraitance paternelle ainsi que d'une forme d'indifférence de la société.
Extrême pauvreté, drogue, sida, violence… Rien de leur est épargné. Leur combat à tous les trois, unis par un lien indéfectible, sera de s'en sortir mais surtout d'échapper à ce père monstrueux, leur plus grande crainte étant de lui ressembler.
Un roman dont le lecteur ne sort pas indemne et qui interroge nécessairement.
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Qui a tué mon père ?
Le roman débute avec cette question du narrateur Karel, un minot qui grandit dans la cité Artaud des quartiers nord de Marseille. Une enfance rythmée par les beats d'IAM et NTM, bouleversée par la mort de Lady Di, et marquée par la victoire de l'OM en Ligue des Champions. Mais pour la fratrie Claeys, c'est avant tout une enfance traumatisée par un père toxicomane et violent, et une mère complice.

Karel, Mohand et Hendricka grandissent sous la férule de l'impitoyable Karl Claeys. « Il est des hommes qui se perdront toujours » raconte l'enfance dévastée des enfants Claeys et leurs espoirs brisés, de la violence qui engendre la violence.

Il est des hommes qui se perdront toujours
Le titre du livre et la cité Artaud sont inspirés d'une citation d'Antonin Artaud, lui-même grand consommateur de stupéfiants, qui revendique la liberté de se droguer et d'en mourir. Il expose sa vision du déterminisme humain dans un texte publié en 1925 :

« Il y a des âmes incurables et perdues pour le reste de la société. Supprimez-leur un moyen de folie, elles en inventeront dix mille autres. L'homme est misérable, l'âme est faible, il est des hommes qui se perdront toujours. Peu importe le moyen de la perte ; ça ne regarde pas la société.”

Ne vous méprenez pas, Rebecca Lighieri n'entend pas faire l'apologie de la drogue. le sujet est bien plus intéressant et remet en cause le principe du déterminisme humain : Karel est-il dépositaire du sadisme et de la violence de son père, ou peut-il s'émanciper de cet héritage ?

Une histoire de mépris social
Rebecca raconte la vie des marginaux, de toutes ces vies qui n‘intéressent personne d'autre. Et elle le fait sans invoquer la pitié. Les personnages sont forts et fiers, bien qu'emmurés dans la détresse et la colère. Écrit à la première personne, le roman nous immerge dans la peau du narrateur. Karel est l'intellectuel de la famille, sûrement le plus marqué par la fatalité de sa naissance et le déterminisme social qui pèse sur lui. le roman nous tient en haleine du début à la fin, on a terriblement envie de savoir ce qui va advenir de cet éphèbe qui a démarré sa vie dans l'infamie.

Le personnage de la mère est particulièrement intriguant et révoltant. Elle qui n'a jamais osé s'opposer à son mari, qui a regardé ses enfants se faire battre, humilier, torturer. Elle qui n'assume ni d'être un martyr ni un bourreau, et qui ne trouve du réconfort que dans la dépendance et la souffrance.

Il est des hommes qui se perdront toujours” est un livre violent. Une violence parfois dissimulée et passée hors-champ : certaines scènes ne sont pas décrites mais suggérées, fruit de notre imagination sordide. Rebecca Lighieri n'a pas voulu susciter le plaisir coupable du lecteur dans l'exaltation malsaine face à des scènes de faits divers. Elle parle du mépris social, de la discrimination, de la violence qui émane des institutions, sans inviter le lecteur à s'apitoyer sur le sort de ses personnages.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture, tant sur la forme très franche et brute – j'avais presque l'impression de lire un texte d'IAM – que sur l'histoire poignante et tragique. La musique est une partie centrale du récit. Très ancrée dans la culture Marseillaise des années 80 aux années 2000, l'autrice nous fait redécouvrir les grands classiques du rap français de notre enfance.

Ce livre mérite d'être connu. Chapeau bas à Emmanuelle Bayamack-Tam.
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Un très bon roman sur la misère des enfants battus. Les personnages sont très attachants. Combien d'enfants vivent le même drame dans la réalité ? Comment se construire avec des parents toxicomanes, alcooliques et incapables de gagner leur vie décemment. Autant j'avais détesté Garçons de l'été pour sa perversité, autant j'aime celui-là pour son humanité. L'auteur semble aimer décrire les actes sexuels. Une marque de fabrique ?
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‪Un voyage au coeur de la noirceur humaine. L'auteure explore les fragments d'enfance éclatée de ses personnages. J'ai trouvé le début trop longuet mais la deuxième partie est beaucoup + saisissante et satisfaisante. Un récit déroutant au sujet des toxicités qui nous élèvent.‬
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Contrairement à ce que laisse entendre le résumé, le point de chute du roman n'est pas de savoir qui a tué le père de ce trio dévasté par leur enfance, mais bien de savoir s'il est possible de se construire en ayant grandi sur de mauvaises bases. En effet, le crime marque le début du témoignage de Karel, fils ainé de la famille et narrateur, mais il marque surtout la salvation de ce dernier ainsi que de sa soeur et de son frère. Quant au coupable, son identité est vite devinée par le lectorat tant le mystère est peu gardé par l'auteure. Mais l'important n'est pas là et le lecteur l'a bien compris. Aussi, il plonge sans filet dans cette jeunesse bafouée par un père ô combien cruel. Il est ainsi frappé de plein fouet par une brutalité qui le suit tout au long de sa lecture dont violence, drogue et sexe sont les maîtres-mots. Peu de place est laissée à l'espoir et à la résilience, la haine et la rancune noircissant tout sur leur passage jusqu'au tréfond de l'âme de Karel. Il est dès lors difficile de s'attacher à ce personnage malgré la compassion ressentie à son égard. Ce garçon, rongé par la jalousie, méprise ceux qui possèdent ce qu'il rêve d'avoir ou aurait aimé avoir par le passé comme une vie de famille ou de l'argent. Il est foncièrement égoïste et utilise les autres selon ses besoins et ses envies notamment Shayenne dont il profite de l'amour inconditionnel non sans le bafouer. Sujet à des pulsions violentes qu'il essaie de contrôler, Karel manque d'empathie et ne se remet jamais en question. Bref, c'est un personnage méprisable. Néanmoins, le liseur est pendu à ses lèvres pour connaître son histoire ainsi que celle de sa fratrie, et ce malgré des répétitions qui essoufflent la lecture.
L'aspect appréciable du roman est la mise en avant de la répercussion de la musique sur la vie de chacun. Ce rapport que l'être humain entretient avec certaines chansons qui marquent leur récit personnel et qui, à leur écoute, font ressurgir des souvenirs. Ces textes, chantés par d'autres, mais dont chacun s'approprie les paroles car celles-ci reflètent sa vie, ce qu'il traverse ou ce qu'il a traversé. Un bel hommage rendu au quatrième art.
Un livre difficile dans sa thématique et son animalité, mais dont la lecture se veut assez fluide et saisissante.
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Coup de coeur pour ce roman noir, puissant, palpitant, malgré quelques longueurs. On peut le lire comme un roman d'apprentissage.
le livre déroule par la voix de Karel la survie d'une fratrie dans une famille maltraitante. Karl , pervers, violent, toxicomane n'a de cesse d'humilier ses aînés Karel et Hendricka .Mohand le cadet né infirme vit un enfer. La mère Loubna ne s'oppose jamais à la violence du père. Dans cette cité abandonnée des quartiers nord de Marseille, les enfants sont confrontés à de graves questions : comment faire et être avec de tels parents ?Comment ne pas reproduire la violence subie ? Changer de nom ? Comment vivre avec la haine et la culpabilité ?
Et le début de l'histoire ?
On apprend que Karl le père indigne du narrateur Karel a été tué par « personne ». Les souvenirs d'enfance ressurgissent. Karel et Hendricka sont très beaux , lumineux et leur père les fait participer à des castings quand ils ont 7 ans. Ils trouvent le bonheur dans le camp de gitans du passage 50 proche de leur cité. Des amitiés s'y nouent, Karel y vit ses premiers émois avec Shayenne. Karel a 12 ans quand il découvre que ses parents se piquent à l'héroïne. Choucha, soeur du père de Shayenne, révèle des secrets de famille à Karel qui comprend mieux l'attitude de Yolanda, mère de Shayenne à son égard .Hendricka et Karel échappent temporairement à leur sombre destinée...
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Il est des hommes qui se perdront toujours, il est des enfants qui survivront toujours, poussant comme des herbes folles au milieu des ordures, portés par un instinct de survie et une solidarité fraternelle inouïs.
Le dernier roman de Rebecca Lighieri est une pépite, une plongée en apnée dans les rues de la cité marseillaise : refermé il y a déjà quelques semaines, j'en garde un souvenir puissant et lumineux malgré la violence de certaines pages. Comme pour « Les garçons de l'été », c'est vraiment ce qui fait la force de sa plume, surtout dans sa version « Lighieri ». Avec cette fois-ci une maîtrise totale jusqu'à la dernière ligne. Bref, une lecture estivale incontournable, baignée par une bande originale impeccable ! Je verrais bien son adaptation en film d'ailleurs...
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