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Et la forêt brûlera sous nos pas" est un roman qui a tout de suite attiré mon attention au moment de sa parution. Présenté comme LE livre du réchauffement climatique, j'étais impatiente de découvrir ce qu'il cachait derrière ces annonces à effet. Cette découverte a été possible grâce à la masse critique de Babelio et aux éditions Autrement que je remercie pour cet envoi.
Toutefois, je vais émettre sur cette lecture un avis plutôt réservé. Si j'ai aimé la thématique du livre, j'ai regretté cependant qu'elle ne soit pas plus exploitée. La part centrale de l'ouvrage est concentrée sur les états d'âme des 4 protagonistes que nous allons suivre. La question du climat est une toile de fond, prétexte aux déambulations mentales des personnages.
Il faut être clair, difficile de s'attacher aux protagonistes, anti-héros par excellence.
Il y a d'abord Didrik, l'homme qui affiche un engagement pour le climat et pense oeuvrer en son sens alors qu'il n'est préoccupé que par sa côte de popularité sur les réseaux sociaux. Face à la tragédie, il va enchaîner mauvaises décisions sur mauvaises décisions, la pire état de "confier" son fils à de parfaits étrangers. A cela s'ajoute sa folle et pathétique envie de paraître aux yeux de tous et de sa femme comme un "héros", seule ambition légitime à ses yeux. Et pour parfaire la caricature du personnage, ce dernier est également en proie au démon de midi, se lamentant sur son histoire d'amour trop vite avortée avec la plus jeune et non moins influenceuse Mélissa. Bref, vous l'aurez compris, Didrik est un cliché dont la phrase culte sera "Acclimatez-vous Bordel".
Mélissa, elle, a aussi une phrase culte "Choisissez le bonheur", ce qui revient à dire pour elle qu'il faut ignorer tout ce qui ne va pas. Uniquement préoccupée par ses followers, elle balance ses états d'âme sur le net pendant que Stockholm s'embrase sous les émeutes des défenseurs du climat. de ces émeutes, on ne saura pas grand chose, si ce n'est qu'elles sont empreintes de violence et sèment le chaos. Dommage, j'aurais aimé que la voix de la défense du climat soit plus représentée et en tout cas plus entendue dans ces revendications et non réduite à la seule expression de la violence. Mais l'auteur, une fois de plus, fait le choix de nous plonger dans les réflexions de Mélissa avec d'incessants retours dans le passé, difficiles à identifier dans la structuration du texte. C'est d'ailleurs une particularité de son écriture qui m'aura souvent perdue ou lassée. Mais laissons Mélissa écrire le livre de sa vie du haut de son roof-top, "gentiment" prêté par une ex-vedette du tennis et retrouvons ce dernier avec son fils en pleine croisière sur leur luxueux bateau.
Ces deux personnages sont également très antipathiques. Anders, le père, ne vit que pour le regard de l'autre et l'étalement de ces richesses tandis qu'André , son fils, se lamente sur son triste sort de fils à papa. C'est sûr ce dernier n'a pas bénéficié de beaucoup d'amour mais il se complaît dans sa place de victime sans s'interroger sur ses propres choix.
Heureusement Vilja, fille de Didrik, sauvera un peu la mise en se montrant bien plus responsable que tous ces adultes même si elle agira parfois elle aussi superficiellement. Mais comme elle n'a que 14 ans, on est plus indulgent.
L'intention de ce livre est certainement de nous montrer à quel point nous sommes englués dans notre zone de confort et peu préparés au changement climatique. C'est toujours assez loin de nous, cela ne nous concerne pas et tant que nos petites vies peuvent continuer, il n'y a pas de quoi s'affoler vraiment. C'est parfaitement réussi sur ce point mais les incessantes digressions, les réflexions autocentrées des personnages finissent par alourdir le récit au risque de l'ennui. Par conséquent, je ne saurais dire si j'ai aimé ou pas ce livre. Ce dont je suis cependant certaine, c'est que ce livre ne laisse pas indifférent et qu'il peut se révéler glaçant devant tant d'inconséquences humaines.