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EAN : 9782369902966
196 pages
Editions Ca et Là (17/09/2021)
3.67/5   9 notes
Résumé :
Dans son troisième récit autobiographique, Li-Chin Lin questionne les notions d’appartenance à un pays et de « chez soi ». Même si elle vit en France depuis plus de vingt ans, Li-Chin doit encore faire face à la xénophobie de personnes qui ne font pas la distinction entre les différents pays asiatiques, se moquent de son accent ou véhiculent des stéréotypes racistes. Ces comportements lui donnent l’impression qu’elle n’est pas intégrée et remettent en question sa re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Li-Chin est une dessinatrice taïwanaise installée en France depuis plus de 20 ans. Dans Goan tau, chez moi, elle se met à nu pour nous raconter sa double culture et son statut fragile d'expatriée, toujours tiraillée entre deux pays et deux origines, pas tout à fait d'ici et plus tout à fait de là bas.

Ce qui frappe le plus quand on ouvre ce roman graphique, c'est la qualité du dessin. La couverture est déjà magnifique avec cette jeune femme au double visage qui prend littéralement racine dans deux pays et chaque page révèle de superbes surprises. Moi qui lis beaucoup de BD et oeuvres graphiques, cela fait longtemps que je n'avais pas été autant soufflée par les dessins : on a envie de rester en contemplation devant plusieurs pages ou vignettes tellement le trait est fin et tellement l'auteur exprime de choses et de sentiments à travers un seul dessin crayonné en noir et blanc qui paraît pourtant si simple au premier abord. La mise en page rend le récit très vivant, la construction passant d'un découpage classique en vignettes à des dessins pleines pages ou même à cheval sur deux pages quand l'histoire l'exige.

Les réflexions, souvenirs et scènes de vie que l'auteur partagent avec nous sont également très intéressants et touchants. On découvre le racisme latent anti asiatique auquel elle est parfois confrontée, de ces jeunes qui l'accusent de manger des chiens à ceux qui se moquent de son accent, on partage son combat (très drôle et bien rendu en images) pour maîtriser la langue française et affronter ses peurs pour parler en public, enfin on ne peut qu'être ému par son amour de la France et ses rêves de voyages et de pays lointains quand elle était enfant qui l'ont conduite jusqu'ici aujourd'hui. Les pages que j'ai trouvées les plus frappantes sont celles qui décrivent ses retours à Taïwan, les difficultés qu'elle a à s'intégrer à nouveau à sa famille , les scènes parfois violentes avec ses frères et soeurs qui lui font payer son absence et son éloignement, elle nous fait partager ainsi également le prix à payer pour une expatriation et l'impossible retour tel quel au pays natal. Et puis en filigrane transparaissent toutes les différences de culture entre les deux pays et l'incompréhension qu'elles génèrent parfois pour des personnes qui n'ont pas conscience de ces spécificités (mention spéciale pour les français fanas du bisou qui s'acharnent à serrer dans leurs bras tous ceux qu'ils croisent !). Petit bémol pour la dernière partie racontant le combat de l'auteure contre le bar situé sous son appartement et le tapage nocturne qui lui pourrit la vie, que j'ai trouvé plus anecdotique et moins forte que les précédentes, même si pour elle ce combat représente sans doute sa première victoire en temps que française à part entière.

Un album reçu grâce à une Masse Critique pour laquelle je remercie grandement Babelio et l'éditeur, Ça et là. J'ai adoré découvrir l'histoire de Li-Chin, cette BD est un vrai régal à conseiller à tous. Je pense que j'y reviendrai pour le simple plaisir d'admirer encore ces dessins si justes. Et en attendant, je vais de ce pas me procurer Formose le premier album de l'auteure.
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Difficile de ne pas vexer, voire blesser une personne étrangère installée en France depuis des années en voulant lui poser des questions sur son... "exotisme". Et c'est ce que vit régulièrement Li-Chin Lin, taïwanaise et arrivée en France en 1999 pour ses études. Depuis, elle a vécu à Montpellier, Angoulême et près de Valence, s'est mariée et a divorcé, a fini ses études et travaille maintenant dans son pays d'adoption; Elle participe même à des manifs, bref, une vraie Française. Et pourtant... pourtant son visage, son accent sans doute et ses origines qu'elle ne renie pas la renvoient sans cesse vers son étrangeté. "Et quand est-ce que tu retourneras chez toi?"
Mais chez elle, c'est ici!
Tiraillée entre deux cultures très différentes, sa famille à Taïwan et ses amis en France, difficile de s'enraciner. Li-chin Li compare les deux pays d'un oeil critique, revient sur ses débuts en France (la bise notamment, le cauchemar de la plupart des étrangers!) avec des illustrations d'une grande expressivité. C'est d'ailleurs sur ce point que je serais un peu moins positive: je les ai parfois trouvées un peu trop bordéliques, et l'ensemble visuellement désorganisé, en tout cas trop à mon goût.
Le dernier chapitre, où elle s'affirme en vraie citoyenne de la France, raconte ses déboires avec le bar situé sous son appartement dont le vacarme l'empêche de fermer l'oeil et l'oblige, après plusieurs plaintes, à s'adresser aux autorités, seule, autonome: sa plus grande victoire en matière d'intégration?
Un témoignage captivant en tout cas.
Merci à Babelio et aux éditions Cà et Là pour cette lecture.
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Je tiens d'abord à remercier Babelio ainsi que la Maison d'Editions puisque j'ai reçu ce livre dan le cadre d'une Masse Critique.
Je tiens aussi à remercier l'auteure/l'autrice, puisque c'est un roman graphique très personnel, je trouve, et après la lecture de celui-ci, j'ai très envie de découvrir ses précédents ouvrages!

Encore une fois, je sors de ma zone de confort grace à une masse critique, puisque très honnêtement, j'ai du mal à me tourner vers les romans graphiques parce que j'accorde beaucoup d'importance aux dessins, et, à part en librairie, je ne peux voir les dessins avant l'achat.
Et franchement, je ne regrette pas.

L'auteure/l'autrice parle de son passé, rapidement, sa place dans sa famille, qui peut être choquant pour certaines personnes, personnellement j'étais déjà au courant, mais bien évidemment ce n'est pas quelque chose qui me plaît et le re-découvrir ici a été assez dur. le fait qu'il y ait des préférences dans la famille (ce n'est pas uniquement dans les familles asiatiques, d'ailleurs, c'est juste que certaines familles l'assument, d'autres beaucoup moins), les typhons, ou cyclones, qui ne sont pas des choses que je connais, et que j'ai trouvé intéressant à aborder, puisqu'on y parle de comment la famille entière y réagit, et même la rue entière. D'autres choses encore plus triste, comme la violence physique, et la réputation qui ne doit pas être entaché. le silence qui suit. Et puis, on aborde le moment où l'auteure/l'autrice s'expatrie en France, et y trouve un chez soi. Enfin, plusieurs chez soi, puisqu'elle a fait plusieurs villes, ce qui est en général normal par rapport aux études. On suit le personnage principale face aux réflexions, clichés, la violence verbales des autres. Je crois qu'un 'tu rentres quand chez toi?' demandé gentiment est aussi violent qu'un 'rentre chez toi' de la part d'un xénophobe/raciste. Parce que la France, c'est chez elle. Elle y a créé une vie, sa vie. Des souvenirs, a pu réaliser ses rêves. On parle aussi des coutumes Françaises et de la langue elle-même. La bise, par exemple, que je comprends toujours pas. Enfin, c'est une de nos habitudes, mais.. même actuellement ça continue alors qu'on sait tous que niveau microbes c'est pas le top. Enfin bref. Et puis, notre langue. J'ai 23 ans, née en France et encore maintenant je découvre des mots, je découvre que je fais une faute depuis des années, je découvre l'étymologie d'un mot, et à ce moment là, je me dis que les personnes qui doivent apprendre le Français sans être nés en France doivent finir épuisés. (coucou la conjugaison, mon ennemie depuis gosse)
Et pour finir, on suit son parcous face à du tapage nocturne, qui est un long combat, malheureusement. Et quand les personnes en face ne sont pas réceptives, ne comprennent pas, font la sourde oreille (tiens encore une expression loin d'être incroyable haha) eh bien ça se transforme vite en cauchemar.

Pour les dessins, c'est très simple et ça ne plaira pas à tout le monde je pense (de toute façon on ne peut jamais plaire à tout le monde) mais je les trouve extrêmement personnels. Et je me suis retrouvée immergée. J'ai pu ressentir de la peine, de la colère, de la tristesse aussi, grâce à ces dessins.

Je trouve que la couverture est juste parfaite pour le roman graphique, elle colle à l'image de ce qu'il y a dans le livre. Et je trouve le dessin très fort, d'ailleurs.

En bref, j'ai adoré, j'aurais aimé pouvoir lire encore plus de pages, je n'avais pas envie de refermer le bouquin. J'ai été très touchée de ce partage de moments de vie de la part de l'auteure/autrice.
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J'ai découvert ce roman graphique dans une boîte à livres, et j'en suis ravie.
Ce roman autobiographique permet à la dessinatrice de nous parler de ses origines taïwanaises et de sa vie française. Depuis plus de 20 ans, elle vit en France et pourtant elle doit souvent justifier sa présence dans ce pays qu'elle considère aujourd'hui autant comme le sien, que Taïwan, son pays d'origine. Elle y a laissé une famille avec laquelle les relations se dégradent au fil des années, car la différence culturelle qui s'installe entre eux devient difficile à gérer.
Le thème est très intéressant et j'ai beaucoup apprécié d'avoir le regard de l'autrice sur cette double culture.
Dans les BD et les romans graphiques, j'aime beaucoup les dessins naïfs, mais plutôt quand ils sont très colorés. J'avoue avoir plus de mal à apprécier le noir et blanc qui est le choix dans ce roman graphique, et j'ai aussi parfois eu du mal à comprendre certaines planches qui sont sans parole. C'est très certainement la volonté de la dessinatrice, mais j'ai parfois manqué d'explications.
Cependant j'ai beaucoup apprécié cette lecture.
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Li-Chin lin, née à Taïwan au début des années 70 arrive en France pour faire des études artistiques en 1999. Elle y reste malgré l'accueil pas toujours au top, les personnes qui se moquent de son accent, qui ne connaissent pas les différents pays d'Asie et se contentent de véhiculer les stéréotypes xénophobes liés aux Asiatiques.

Les relations avec sa famille et son pays ne sont pas non plus de tout repos, et comme beaucoup d'exilés, elle est écartelée entre cette double appartenance.

La couverture est extraite de l'album et est accompagnée de ces phrases que j'ai retenues, si simples et tellement vraies et qui répondent à la question : "Ton pays te manque, non ? Je me suis construit une vie ici, en France, pendant vingt ans. Presque la moitié de ma petite existence. Pourquoi personne ne me demande jamais si la France me manquerait si je la quittais ?" (p.26)

Le Français moyen, fier de ce qu'il est et peu curieux ne fait pas la distinction entre les habitants des différents continents : les noirs sont des Africains, les Asiatiques sont tous Chinois... Il lui est alors aisé de véhiculer les clichés dignes d'un OSS 117 en pleine forme dans un ascenseur. Et après, il permet à 90 députés d'extrême droite d'entrer à l'Assemblée nationale... mais je digresse.

Toujours est-il qu'il n'est pas facile d'être étranger en France, chaque jour, une petite blague, une remarque vient vous faire comprendre que vous n'êtes pas d'ici. C'est cela que vit Li-Chin Lin et qu'elle montre fort bien dans son roman graphique. Elle évoque également sa difficile relation avec sa famille restée à Taïwan, et le grand écart permanent entre son éducation taïwanaise et les habitudes françaises. Lorsqu'elle retourne voir ses parents, elle ne se sent plus totalement chez elle.

L'ouvrage est en noir et blanc, un dessin très libre, qui se joue des cases et du réalisme lorsqu'il en a besoin. Il faut s'habituer au style, une sorte de crayonné -je ne suis pas certain que ça soit le terme exact, mais c'est à cela que ça me fait penser-, et une fois le pli pris, on avance, revient en arrière et on se plaît dans ce récit plus dense qu'il n'y paraît de prime abord.

La troisième partie du livre est consacrée au combat de l'auteure contre un bar aux très grandes nuisances sonores en-dessous de son appartement. La complaisance de la police et de la mairie, la mauvaise foi du gérant ramènent encore une fois Li-Chin Li à son statut de non-originaire de la ville. La xénophobie se combat quotidiennement, c'est long, fatigant, ça mine le moral et la bonne humeur.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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critiques presse (1)
Bedeo
13 novembre 2021
Avec ce bel album introspectif, Li-Chin Lin confirme son statut de passeuse de culture entre la France et Taïwan. Goán tau, chez moi parlera en particulier à toutes les personnes qui se situent « entre » deux cultures. Pour les autres, son livre constitue un miroir de notre culture française vue par une femme qui l’aime et qui l’a assimilé.
Lire la critique sur le site : Bedeo
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Pour vivre à l'étranger, il m'est nécessaire d'être tenace.
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Video de Li-Chin Lin (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Li-Chin Lin
Rencontre en ligne avec Lin Li chin autour de Goán tau, chez moi_Le 7 jan 2022 @ le Pigeonnier
Cet événement est animé en présentiel à la librairie par Pierre-Yves Baubry, fondateur du site « Lettres de Taïwan ». Lin Li-chin nous rejoindra en ligne.
Présentation du livre "Goán tau, chez moi": http://www.llp.com.tw/prd/2109001492961
Dans son troisième récit autobiographique, Li-chin Lin questionne les notions d'appartenance à un pays et de « chez soi ».
Même si elle vit en France depuis plus de vingt ans, Li-chin doit encore faire face à la xénophobie de personnes qui ne font pas la distinction entre les différents pays asiatiques, se moquent de son accent ou véhiculent des stéréotypes racistes. Ces comportements lui donnent l'impression qu'elle n'est pas intégrée et remettent en question sa relation avec le pays dans lequel elle a pourtant passé près de la moitié de sa vie.
Li-chin Lin a également une relation un peu compliquée avec son pays d'origine, Taïwan, où elle retourne régulièrement. Ses relations avec sa famille se sont dégradées au fil du temps et elle a l'impression d'être considérée comme un membre éloigné de la famille, pas une étrangère, mais presque. Enfin, l'appartement dans lequel elle vit à Valence, là où elle devrait se sentir en sécurité, est situé juste au dessus d'un bar extrêmement bruyant et elle passe de longues nuits blanches qui la rendent folle. Li-chin se sent impuissante, ignorée par la mairie et la police, sans soutien, ce qui provoque une profonde crise... Avec Goán tao, Li-chin tente de répondre à des questions cruciales ; « quel est mon pays ? » et « où suis-je chez moi ? ».
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