Souveraineté du rêve, usage d'oxymores, véritable plaidoyer pour des sentiments pur et sincères, belle couverture réalisée d'après un tableau de Mimi Revencu, cet « OISEAU PARADIS, poèmes aux confins du ciel », est un recueil que j'ai traduit avec grand plaisir et dont la préface a été écrite par Ioan Holban.
J'ignore s'il paraitra un jour en intégralité en français, alors je vous propose ici, chers amis, quelques citations.
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VERS NULLE PART
Au bout du monde je t’ai trouvé
tu dessinais sur les pierres des sirènes profanes
tu observais l’infini dans leurs yeux tristes
les chants coulaient
dans leurs veines diaphanes
Un sens interdit me dit de demeurer
c’est une impasse inféconde
j’entre en hâte dans un shopping ennuyeux
et j’achète une Écriture
avec des muses profondes.
(cf. p. 58)
LA GUERRE DES MOTS
On entend les pas de soldats,
ont murmuré les mots…
En cottes de mailles nous nous habillerons
Ont crié les mots.
Dans la guerre de tous,
Contre tous,
On n’entend aucun Stradivarius
Dans les montagnes nous nous cacherons,
et dans les psaumes,
ont montré leur stratégie les mots
les aubes et les points cardinaux nous incendierons
les paraphrases nous empoisonnerons
et des incantations nous hisserons
et de l’aide nous recevrons…
On entend les pas de soldats,
Mots, chaussez vos godillots !
*
RĂZBOIUL CUVINTELOR
Se-aud pași de soldați,
au șoptit cuvintele…
Ne vom îmbrăca în zale,
au strigat cuvintele.
În războiul tuturor
împotriva tuturor
nu se-aude nici un Stradivarius
Ne vom ascunde în munți
și-n psalmi,
și-au arătat strategia cuvintele
vom incendia zările și punctele cardinale,
vom otrăvi parafrazele
și vom incendia incantații
și vom primi ajutor…
Se-aud pași de soldați,
Cuvinte… încălțați-vă bocancii !...
(p. 19, traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
ILLUMINATION
Parmi les nuits silencieuses
nous cherchons un demain.
La parole non prononcée
avait même l’arôme du pain…
Saules ployés en regrets
la lumière vivante de ta parole en reflet.
Une immensité parcourt l’insipide éther
des voyelles défaites vers le ciel accélèrent
Les secondes se défont dans un candide ronron
temps à peine né dans l’illumination.
*
Iluminare
Prin nopți tăcute
căutam un mâine.
Cuvântul nerostit
chiar mirosea a pâine…
Salcii plecate în păreri de rău
răsfrâng lumina vie din cuvântul tău.
Un necuprins străbate searbădul eter,
vocale despletite se-ndrepată către cer
Secundele se deapănă în candidă rumoare
timp abia născut întru iluminare.
(p. 63, traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
QUAND TOMBE LA PLUIE
Quand tombe la pluie
plus rien ne demeure identique.
Depuis le toit du monde
un captif déclame le plus enflammé des discours
sur la liberté.
Quand tombe la pluie
plus rien ne demeure identique.
Un aveugle parle sur la place publique
de l’intouchable discours de la lumière.
Quand tombe la pluie
plus rien ne demeure identique.
Rien de plus cruel que
la lettre d’amour
de celui dépourvu d’amour
Quand tombe la pluie
plus rien ne demeure identique.
Déchirant est l’état d’esprit
de celui qui ne peut plus rêver.
Quand tombe la pluie
plus rien ne demeure identique.
L’OISEAU PARADIS
Pour te surprendre
ont éclot cette nuit les magnolias
J’ai déposé le matin à tes pieds,
je me suis vêtue
en azur,
pour te surprendre…
L’Oiseau Paradis a chanté une chanson d’amour.
Je me suis réveillée en embrassant ton ombre,
le baiser brillait dans la paume de l’aube
L’Oiseau Paradis a chanté une chanson d’amour…
SOI-MÊME SE PRONONCER
Les paroles
tels des oiseaux sur les branches
ont des voix de diamant
Qui a vu
les paroles
se baigner dans des rayons de lune,
se munissant ensuite d’habits bariolés,
soi-même se prononcer
d’une voix de diamant
Elles touchent les fronts des poètes,
telles des sirènes qui séduisent les voyageurs des mers au large.