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Citations sur La vie solide (53)

Ces règles, routines et combines doivent toujours être appliquées au réel, à l'existant. Rien n'est jamais tout à fait droit, de niveau, rares sont les matériaux parfaits, et chaque chantier réserve son lot de situations inédites. C'est ce qui fait de la charpente, comme de beaucoup d'artisanats du bâtiment, un métier de débrouille où l'on doit sans cesse de composer avec le bâti et imaginer des solutions nouvelles, uniques, en adaptant les procès habituels - bref, étoffer sa pensée matérielle.

p.107
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Bien au contraire, cette intuition est une conquête intellectuelle. L'intuition se travaille. Et dans cette élaboration, qui s'appelle l'expérience, la répétition des opérations joue un rôle décisif en permettant d'établir des liens cumulatifs entre les situations vécues et les solutions retenues. L'expérience consiste ainsi en un processus d'appropriation du vécu.

p.101
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Un adage lumineux, que l'on entend souvent sur les chantiers, guide le travail des charpentières et des charpentiers. C'es une règle toute simple selon laquelle il faut orienter la partie du bois la plus stable vers le haut, dans la direction des contraintes. Quatre mots, qui en disent long sur le métier de charpentier: le cœur au soleil.
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J'ai appris à penser matériellement en me servant de mes mains et en admettant le verdict des choses. J'ai appris à penser mes gestes, à anticiper les séquences de
travail, à envisager les projets dans leur globalité tout en sachant que les problèmes se posent dans les détails, à faire et à ne pas avoir peur d'expérimenter, à ne pas miser sur le talent qui brille un instant, mais sur une certaine forme de labeur qui ancre dans le corps.
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"C est une pratique récurrente qui se trouve sur bien des chantiers,sous les formes les plus surprenantes.
À la fin du XIXe siècle,le menuisier Joachim Martin posait du parquet dans le château de Picomtal, dans les Hautes Alpes. Joachim connaissait son métier et soignait son travail.Ce n'est que cent vingt ans plus qu'il devint nécessaire de changer le parquet. Lorsqu'on arracha les anciennes lames,on découvrit sur leur dos un récit de près de quatre mille mots.Le menuisier avait raconté la vie de son village et dépeint les mœurs de certaines figures locales.Pour son "ami lecteur" des générations futures,il commençait par ces mots :"Mon histoire est courte et sincères et france(sic),car nul que toi verra mon écriture."
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A l'opposé du "secret professionnel" revendiqué par certaines corporations pour n'accorder leurs savoirs qu'à ceux qui s'en seraient montrés dignes, à l'opposé aussi de l'idée de brevetage des techniques et des méthodes, la volonté de transmission des savoirs que j'ai rencontrée sur la plupart des chantiers procède à mes yeux de la même logique : les savoir-faire constituent un trésor immatériel qui appartient à toute la société. Chaque ouvrier en est le dépositaire temporaire. A ce titre, sa responsabilité et de le faire vivre en le transmettant. "Toute parole reçue que tu n'as pas transmise est une parole volée", disent les compagnons.

pp.154-155
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Sur les chantiers, à l'inverse, c'est le corps qui épouse l'action à réaliser. Le geste s'organise en fonction d'elle et trouve dans le corps lui-même, à tâtons et à force de répétition, la logique de sa propre efficacité. Pour l'observateur extérieur, un bon geste paraît donc toujours simple et facile. C'est celui qui se déploie tout entier au service de l'action à réaliser, qui coûte donc le moins d'efforts et ne gaspille aucune énergie. Cela exige d'une part une maîtrise virtuose de l'outil, qu'il s'agisse d'une scie, d'un marteau ou d'une visseuse, et d'autre part une sagesse corporelle qui sait mettre l'ensemble du corps au service d'une action.

p.58
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L'expression "sortir de sa zone de confort" est une forme de dénigrement de cette maîtrise, et nous fait culpabiliser de prendre du plaisir à faire et refaire ce que nous savons faire. Je me lance dans cette nouvelle tâche, je connais les difficultés qui peuvent se présenter, je les anticipe et les surmonte mieux que la fois précédente.

p.105
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Au plaisir et à la fierté que j'éprouve à tailler de grandes pièces de charpente se mêle toujours une certaine appréhension. [...] Mais il y a quelque chose de plus, qui tient à la nature même du bois, et au fait que l'on s'apprête à raccourcir en un brusque coup de scie ce que la forêt a mis tant d'années à faire pousser. Cela dispose à une sorte de respect obscur, d'animisme spontané face à cette offrande sylvestre.

pp.84-85
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J'ai déboursé plusieurs jours de salaire pour cette merveille légère et pleine de grâce. Elle m'a valu quelques moqueries. Mais c'était le prix à payer pour ne plus avoir de crampes dans les avant-bras et clouer joyeusement.
Se faire oublier de la main, cela suppose donc d'être parfaitement fiable, c'est-à-dire parfaitement adapté à l'usager, mais aussi à l'usage.

p.43
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