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Citations sur La vie solide (53)

Là [des les cours magistraux de l'université], l'attention est concentrée sur une partie relativement restreinte du champ de l'expérience : le flux du discours. La difficulté est de maintenir sa concentration sur cet objet unique - pour cela, il faut occulter tout le reste, et notamment son corps, mal assis sur le bois dur. Le type d'attention requise sur un chantier est plus ou moins inverse. Il faut parvenir à "défocaliser" son attention pour être réceptif à un spectre infiniment plus large de perceptions et de signaux provenant de tout l'environnement immédiat.
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C'est le sort de l'être humain, de son cerveau et de ses mains, que d'être ainsi prolongé par des outils qui organisent son rapport au monde. Aristote a parlé des mains comme d' "instruments pour des instruments" [...].
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Quand on a passé des années à mouliner des concepts abstraits dans les bibliothèques universitaires, c'est une merveilleuse extension du monde qui s'opère avec un tel développement du toucher. L'ensemble des outils donne accès à une sorte de perception "augmentée".
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J'ai appris à penser matériellement en me servant de mes mains et en admettant le verdict des choses. J'ai appris à penser mes gestes, à anticiper les séquences de travail, à envisager les projets dans leur globalité tout en sachant que les problèmes se posent dans les détails, à faire et à ne pas avoir peur d'expérimenter, à ne pas miser sur le talent qui brille un instant, mais sur une certaine forme de labeur qui ancre dans le corps. J'ai en effet appris tout cela peu à peu, très lentement. p.197
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J'aime le travail en hauteur et l'attention totale qu'il impose à chaque mouvement. J'aime la simplicité de ses gestes, et ses moments de grâce où surgit la symbiose dans une équipe. J'aime le contact physique avec le bois franc. Et plus que tout : j'aime travailler au grand air, juste sous le ciel. p.197
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Hartmut Rosa a étudié les effets psychologiques de cette accélération du temps. La plus grande fluidité des structures sociales, la nécessité de s'adapter constamment aux évolutions du monde, produisent un raccourcissement des horizons d'attente et modifient l'inscription dans le temps des invididus. Il en résulte en contrepartie [...] une pétrification du temps : les choses vont tellement vite qu'il n'est plus possible d'être dans le temps. [...] Le temps file à toute allure, parce que dans l'espace des flux, les rythmes des changements sociaux s'élèvent, et parce que le vécu des actions, de plus en plus décontextualisés, découpés en épisodes, tendent à raccourcir les traces mémorielles, ce qui favorise le sentiment d'un écoulement du temps accéléré. Le temps est suspendu parce que, dans le temps détemporalisé, on ne peut identifier aucune évolution derrière les transformations, de telle sorte que la vie, en raison de l'absence de perspectives temporelles d'organisation, apparaît comme une dérive sans but à travers des situations changeantes et donc comme l'éternel retour du même."

pp.181-182
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Si ce rapport au temps peut paraître aussi anachroniquement folklorique, c'est en raison du rythme effréné de notre époque. Aujourd'hui, il est bien peu de situations où nos gestes s'inscrivent dans la perspective de plusieurs décennies. C'est même l'une des caractéristiques majeures de la modernité que le phénomène d'accélération du temps dans toutes ses dimensions : la technique, le changement social et le rythme de vie des individus.

p.180
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Les charpentiers allemands parlent de bombe à retardement : si le travail de charpente est bien fait, la bombe "n'explosera" que plusieurs décennies plus tard.
C'est une pratique récurrente qui se retrouve sur bien des chantiers, sous les formes les plus surprenantes. A la fin du XIXe siècles, le menuisier Joachim Martin posait du parquet dans le château de Picomtal, dans les Hautes-Alpes. Joachim connaissait bien son métier et soignait son travail. Ce n'est que cent vingt ans plus tard qu'il devint nécessaire de changer le parquet. Lorsqu'on arracha les anciennes lames, on découvrit sur leur dos un récit de près de quatre mille mots. Le menuisier avait raconté la vie de son village et dépeint les moeurs de certaines figures sociales. Pour son "ami lecteur" des générations futures, il commençait par ses mots : "Mon histoire est courte et sincère et france (sic), car nul que toi ne verra mon écriture."

pp. 178-179
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L'artisanat est l'inverse du travail aliéné. C'est un rapport libre et cultivé aux matériaux utilisés, par la mise en oeuvre de savoir-faire complexes et longs à acquérir. Cette appropriation des matériaux peut notamment s'exprimer par l'ajout d'un signe distinctif.

p.171
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C'est en partie cette diversité qui justifie l'itinérance des compagnons durant leur tour de France : découvrir d'autres savoirs et d'autres modes de transmission. [...] Les compagnons, seuls ou à plusieurs, voyageaient ainsi de ville en ville pour travailler et apprendre à travailler. En voyage, ils partageaient leurs vivres, ce qui leur a donné leur nom : com-pain, le pain commun. C'est l'ancêtre de notre actuel "copain".

p.142
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