Magasin général, Tome 4 : Confessions

Je ne ferai pas une critique par tome de Magasin Général tout simplement parce que j'ai enchaîné avec ferveur les 9 tomes de cette magnifique série, comme un roman.

Je suis tombée sous le charme dès les premières pages, grâce à un graphisme où l'émotion des personnages est finement perceptible. Je suis tombée sous le charme grâce aussi à la retranscription des accents et du vocabulaire québécois qui plongent instantanément le lecteur dans un autre monde.
Et que dire des personnages. Ils sont tous plus attachants les uns que les autres. Même ceux qui sont plus du côté des méchants parviennent à nous émouvoir. Car en 9 tomes, chaque cercle de personnages évolue, rendant l'ensemble profond, travaillé, crédible. Chacun avance et opère des changements profonds permettant une meilleure harmonie intérieure et avec les gens de la communauté.

C'est l'histoire de l'émancipation des femmes, du droit au bonheur, de la quête de soi, de ses besoins, de ses aspirations. C'est une histoire de solidarité, de préjugés, d'amour, d'amitié aussi.

J'ai adoré suivre les aventures personnelles et collectives de ces personnages hauts en couleur, au grand coeur.
Les 9 tomes se passent sur deux ans, à un tournant de la vie du village. Je serais bien restée avec eux pour suivre le cours de la vie de cette collectivité.

À lire une fois dans sa vie !

Il fallait bien, pour moi, que le soufflé retombe un peu un jour ou l'autre. J'ai éprouvé moins d'emballement à la lecture de ce tome 4. Pourtant, je reste admiratif du travail fourni, tant en scénario qu'en dessin.

A Notre-Dame-des-Lacs, on jase. Marie et Serge devraient "régulariser" leur union. Peu d'habitants ont compris la vraie nature des sentiments de Serge. Noël, à l'écart du village, occupé à construire son bateau, lui, il s'en est rendu compte et il s'en fout. Cela doit être le seul. Marie est veuve, appétissante. Serge est beau gars, libre. Ils vivent ensemble. C'est donc clair, comme deux et deux font quatre. Mais c'est impossible, même pour du faux, Serge ne s'y résoudra pas.

Le tome est brillant. Marie est émouvante. Serge est humain. La rumeur est envahissante. le curé est... curé. Noël est impayable. le tome répond à des éléments des tomes précédents. Et il jette des ponts vers le tome suivant via la confession de Marie sur Serge, qui met le curé dans l'embarras et provoque une belle orgie d'eau-de-vie de prune (rappelant la poire des Tontons Flingueurs) entre le curé, Serge et Noël... qui vont se défouler en clouant à tour de bras sur le bateau. Puis ce mensonge cocasse sur les séquelles de la Grande Guerre sur les génitoires de Serge (les "gosses" en québecois).

Je me demande encore ce qui m'a manqué dans ce tome. J'ai sans doute lu trop vite ce tome qui s'insère parfaitement dans la série. Ou j'ai été moins sensible à la lenteur et au non-événement qui constituent les traits majeurs de ce tome. Il faut aussi avouer que beaucoup de planches sont muettes, facilitant la lecture et la vitesse. Alors que tout est dans les regards, les expressions, les détails d'arrère-plan...

Après un tome 3 que j'avais trouvé un peu léger, j'ai beaucoup aimé ce tome 4 (et le 5 aussi).
Le patelin québecois isolé, perdu dans la forêt, n'a rien perdu de son charme - ni le langage de son éclat.
Mais les rumeurs et racontars qui vont naître face à la cohabitation de Marie, qui tient le Magasin général, avec son locataire Serge, cuisinier du restaurant, nous en disent beaucoup sur l'ambiance des années 20 dans un petit village.
Difficile d'être une femme seule. Difficile d'être indépendante. Difficile d'échapper au poids de la religion - même si le curé semble ici bienveillant.
Difficile, surtout lorsque les sentiments s'en mêlent…
Un tome 4 plus fouillé donc, qui nous en dit davantage sur la psychologie des personnages.
Challenge Bande dessinée 2023
LC thématique juin 2023 : "L'auteur est un homme"

Après avoir suivi Marie, puis Serge, puis les Hommes, je voudrais vous parler cette fois du curé de la Paroisse de Notre-Dame-des-Lacs.
Son rôle dans le village est très important, car il est sollicité au moindre problème, surtout par les bigotes, d'ailleurs, qui ne supportent pas que Serge habite chez Marie sans qu'ils soient mariés. Il essaye de résoudre les dissensions à sa manière, qui est une manière douce.
Ce quatrième tome me donne fort envie de lire la suite. Les dessins à quatre mains sont magnifiques.
Je tiens aussi à vous signaler que le chat et le chien ont trouvé un nouveau compagnon : un canard tout jaune.
A tantôt, comme disent les Québéquois, et les Belges aussi, d'ailleurs, car je vais vite, vite, vite chercher la suite.

Tout commence par un baptême, joyeux au soleil. Mais les on-dit se propagent et une femme qui vit avec un homme doit se marier. Ce quatrième tome nous fait vivre cette situation inconfortable, Marie est tiraillée... Et puis elle choisit "la confession".

Ma petite récompense de la semaine : lire un tome de la série "magasin général". Cette semaine c'est le numéro 4 "confessions".
Cette confession va complètement chambouler le curé qui va en parler à quelques-uns de ses proches et ensemble, trouver une solution pour que ce qu'ils considèrent tous comme un problème devienne acceptable aux yeux des habitants de ce village. C'est également l'occasion de boire quelques "ptites prunes" ...
et voilà, ils ont trouvé La solution. Cela fait évidemment sourire. Et puis on se sent tellement bien dans cette contrée québécoise ! Toujours au Top et un émerveillement pour les yeux!

Quatrième immersion à Notre-Dame-des-Lacs.
Peut-être la plus intime.

Serge et Marie, comme une évidence.
Une flagrance entachée par un lourd secret que nos deux tourtereaux vivent on ne peut plus mal.
Ajoutez-y les commérages inhérents à un petit village forestier sur la relation troublante qu'entretiennent ces deux-là, l'ambiance n'est pas vraiment à la fête.
Les musclés peuvent remiser leur hit interplanétaire.
On est pas prêt de guincher à Notre-Dame-des-Lacs.

C'est tendre, pétri d'émotions.
C'est un quotidien des plus banal magnifié par un graphisme exceptionnel et un sens du verbe charmant, tout en retenue.

Cette série représente désormais un must-have.
Si à 50 ans on a pas lu un seul tome, c'est qu'on a raté sa vie.

Retour au village de Notre Dame des Lacs et à ses habitants pétris d'humanité. La vie continue à s'écouler au rythme des saisons, des naissance set des décès. Pendant ce temps, Serge et Marie ne concrétisent pas, même si la jeune femme tente des approches, mais l'on sait pourquoi.
Marie révèle même au curé le secret de Serge en confession. Ce dernier aura d'ailleurs besoin d'un petit tour de vélo et de planter des clous pour encaisser le choc. Il s'acoquine même avec deux infirmes autour d'une verre de prune pour trouver une excuse à Serge (la scène du verre de prune : excellente...) . Les tensions entre Serge et Marie augmentent mais Serge est devenu indispensable à la communauté, d'autant qu'il adopte Gaëtan.
Comme le dit un des personnages : c'est en devenant borgne qu'on lit mieux le coeur des hommes (enfin il le dit avec ses mots). Moi je pense qu'au minimum les 2 auteurs sont complètements borgnes, voire aveugles à ce compte là... Excellente série pleine de tendresse et d'humanité.

J'ai beaucoup aimé le quatrième tome de Magasin Général.
Les brouilles du précédent tome sont désormais oubliées et Serge est tellement bien accepté par les villageois qu'ils n'attendent que de le voir épouser Marie, ce qui est impossible, même si elle n'attend que cela, car Serge préfère les hommes, ce qui doit rester secret dans ce village reculé du Québec du début du 20ème siècle où la différence n'est pas forcément bien vue...
C'est un volume riche en émotions : le bonheur d'être réunis pour un baptême, l'angoisse de voir un secret dévoiler, l'amertume que laisse un amour non partagé, la complicité autour d'une bouteille partagée avec amis, la tristesse lorsque la mort frappe, la confusion après un faux-pas... Et toujours la légèreté et l'humour que les auteurs saupoudrent sur tout le récit.
J'ai aussi apprécié la façon dont les auteurs prennent le temps d'installer leur histoire, de faire sentir le temps qui passe avec des planches "muettes" où les personnages vaquent à leurs occupations quotidiennes par exemple. Cela ralentit peut-être un peu le rythme, mais cela me plaît beaucoup d'avoir cette occasion de me laisser absorber par le récit.
J'ai donc passé un excellent moment avec ces Confessions qui se terminent sur un rebondissement qui me laisse impatiente de découvrir ce qui arrivera dans le cinquième tome...

Les confessions ou révélations de ce quatrième tome sur les uns ou les autres semblent toutes personnelles, pourtant elles auront des conséquences insoupçonnées sur le village tout entier, que nous découvrirons avec plaisir dans les derniers albums.

Encore une fois on est bluffé par l'habileté et l'élégance du tandem Loisel-Tripp, qui parviennent souvent à nous en dire plus dans les pages sans texte que dans celles qui en contiennent. Magique.