Cernunnos, dieu Cerf des Gaulois

Une lecture intéressante, mais tout de suite une précision : ce qui est trompeur dans cet ouvrage, c'est tout simplement le titre. Ce qui peut occasionner certaines déconvenues.

D'un livre d'histoire des symboles, il s'agit. Symbole du cerf païen, oui, bien sûr, explication sur la guérison royale des écrouelles, fil continu du ou des symboles (des cornes à la fleur de lys en passant par la lance ou la crista) depuis leurs origines celtes jusqu'au détail du processus de leur récupération par le pouvoir chrétien et royal...
Tout cela est fort instructif, puisant à des sources antiques ou médiévales pointues (et l'on sait qu'elles peuvent être ardues à trouver, surtout pour la culture druidique axée sur la transmission orale), et nous fait traverser peu ou prou un millénaire d'histoire de Gaule et de France, d'invasion romaine, de marketing psychologique avant l'heure, de constitution de l'idée de nation ou de transmission divine du pouvoir.

On retient notamment un gros développement sur le site du Lendit, probable lieu de rassemblement des Carnutes, devenu ensuite le fameux Saint-Denis. La situation politique et religieuse est abordée et permet de lire les symboles sous un jour nouveau.

Reste que, pour ce qui est du Dieu Cornu, le sujet ne couvre que le début du livre et on reste vite sur sa faim. Les éléments fondamentaux sont présents, mais principalement sous un angle historique ou archéologique. Il faudra chercher ailleurs des textes plus axés sur la spiritualité ou même le devenir, trop vite esquissé ici, de cette figure majeure du panthéon occidental dans ses avatars ultérieurs, dans les branches ésotériques par exemple. Et d'une utilité modérée, je regrette de le dire, pour une étude approfondie des racines celtes du ou des traditions païennes.
Reste aussi qu'il m'a manqué une chose toute bête, le sourçage dans le texte des informations et des citations, pas de notes de bas de page, juste une bibliographie en fin d'ouvrage, cela m'a quand même gênée.

En tout cas, la position très critique face au travail de propagande de l'abbaye de Saint-Denis, entre autres, et au vaste processus de christianisation des archétypes, lieux, principes structurels païens, est plaisante et rafraîchissante, on ne peut pas dire qu'il y aie eu d'auto-censure de ce côté-là.

Un livre qui est en définitive un travail d'historien, et que je considère plus comme une annexe, utile mais pas source principale, dans l'étude de l'histoire des symboles, à mettre par exemple aux côtés des gros morceaux érudits à la Michel Pastoureau...