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4,03

sur 433 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Une révolution invisible et formidable est en train de s'accomplir dans les fibres intimes de notre société ».
Je viens de découvrir ce « classique de la révolte », présenté comme « la première dystopie de l'histoire de la littérature » publiée au début du siècle dernier, en 1908 ; une date qui a son importance au vu de la pertinence du scénario d'évolution du monde, imaginé par l'auteur, Jack London, dans un futur proche.
Un scénario découvert et apprécié par Troski lui-même, comme le montre sa lettre adressée à la fille de l'auteur une trentaine d'années après, ajoutée au livre : « Jack London a su traduire en vrai créateur l'impulsion donnée par la première révolution russe, il a su aussi repenser dans son entier le destin de la société capitaliste à la lumière de cette révolution… »
Dans le roman, le décor se met en place, à partir de la prise de pouvoir d'une poignée de grands industriels sur tous les segments du marché peu de temps avant sa propre naissance.
Un capitalisme autoritaire qui prend le pouvoir, après une rébellion fictive, fédérant les forces socialistes et qui va imposer une dictature, préfigurant les régimes fascistes des années 30, visant à empêcher toute prise de pouvoir de la classe ouvrière, en manipulant la presse, en mettant sous pression la justice, et en armant des milices.
Tous les éléments pour une vulgarisation efficace de la théorie marxiste dans le scénario concret du livre sont là.
Le personnage central, Ernest, le leader charismatique de la classe ouvrière, et redoutable dialecticien, incarne les convictions politiques de l'auteur. le roman est écrit par une narratrice, fille d'un célèbre universitaire, qui finira par partager les théories du héros, deviendra sa femme, et deviendra elle-même une femme d'action, une véritable résistante
J'ai vraiment apprécié ce livre avec son décryptage des mécanismes politiques et historiques qui mène à l'affrontement. Et admiré le montage avec ce scénario riche en prémonitions de l'auteur : avènement de la Première Guerre Mondiale, les massacres de masse et l'émergence d'un système capitaliste mondial, autoritaire.
A l'Ouest, décidément, rien de nouveau….
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 Après la lecture de quelques ouvrages de Jack London (1876-1916), j'ai décidé d'acquérir la série presque complète (18 sur 20) d'une collection de ses oeuvres parues chez Edito-service en 1975. Cet ensemble est présenté dans une reliure sans luxe ostentatoire mais solide et d'un format très maniable. La typographie et la mise en pages sont agréables et chaque ouvrage comporte plusieurs illustrations en noir et blanc ainsi qu'une préface de Francis Lacassin. La reliure est un fort cartonnage recouvert d'un papier imitant l'aspect du cuir, les plats sont ornés de dorures aux motifs courbes entrelacés. Il se dégage des ouvrages une odeur addictive de vieux livres conservés dans un lieu leur ayant permis de préserver une certaine fraîcheur. J'espérais trouver pour cet auteur une édition des oeuvres complètes dans une reliure encore plus valorisante, mais hélas, elle n'existe pas en langue française (à part dans la collection Bouquin ou dans la Pléiade, mais avec une police de caractère trop petite pour mes yeux).

 London est avant tout un romancier qui aime défendre ses idées en racontant des histoires où l'émotion domine, c'est ce qu'il a parfaitement réussi avec "Le talon de fer", roman d'anticipation dans lequel il exprime ses opinions politiques socialistes.

 Aux États-Unis, en 2368 ap jc, après quatre siècles de domination d'un système oligarchique, est découvert un manuscrit qui décrit les origines d'une insurrection du prolétariat.

 Le peuple se révolte contre la ploutocratie "Le talon de fer", qui a organisé la société en trois classes : les oligarques qui détiennent le capital et les moyens de production, les travailleurs privilégiés, dont les conditions de vie sont maintenues à un niveau acceptable pour leur laisser espérer accéder un jour à la classe supérieure et enfin le sous-prolétariat, réduit à l'esclavage et exploité par tous.

 Le manuscrit découvert est rédigé par la femme du principal inspirateur de cette révolte socialiste, Ernest Everhard (personnification de Jack London dans le récit). L'ouvrage est commenté par un homme du 24e siècle qui apporte par de nombreuses notes de bas de page, des éléments complémentaires d'informations permettant de mieux comprendre la chronologie des faits et leur aboutissement.

 Qualifié par certains de première dystopie de l'histoire de la littérature, "le talon de fer" a été publié en 1908 au États-Unis. Jack London extrapole les conséquences des abus (l'hubris, dirait-on aujourd'hui) d'une classe dirigeante constituée de ploutocrates qui s'accaparent les richesses en exploitant la main-d'oeuvre ouvrière.

 Au travers de multiples événements tragiques ponctués de discussions éclairantes entre militants passionnés, Jack London nous montre vers quoi pourrait évoluer une société où règne l'injustice et la recherche du profit au détriment des plus faibles.

 Je connaissais les ouvrages qui ont fait le succès de London : "Croc-Blanc" et "L'appel de la forêt", mais j'ai découvert, avec "Le talon de fer" à quel point l'univers de cet auteur est vaste et passionnant. Son talent n'est pas limité aux thèmes de l'aventure et de la nature sauvage, son génie visionnaire n'a rien à envier à celui de George Orwell ou de H.G. Wells. Dans cet ouvrage, il pose des questions d'une parfaite actualité. Le héros, Ernest Everhard, s'exprime ainsi devant une assemblée composée des "plus forts esprits parmi les riches", représentant l'élite économique et politique du pays :

"Si le pouvoir de l'homme moderne est mille fois supérieur à celui de l'homme des cavernes, pourquoi donc y a-t-il actuellement (vers 1900) aux Etats-Unis quinze millions de gens qui ne sont pas nourris ni logés convenablement et trois millions d'enfants qui travaillent ? C'est une accusation sérieuse. La classe capitaliste s'est rendue coupable de mauvaise administration. En présence de ce fait, de ce double fait, que l'homme moderne vit plus misérablement que son ancêtre sauvage alors que son pouvoir producteur est mille fois plus grand, aucune autre conclusion n'est possible sinon que la classe capitaliste a mal gouverné, que vous êtes de mauvais administrateurs, de mauvais maîtres, et que votre mauvaise gestion est un crime imputable à votre égoïsme...Vous avez échoué dans votre gérance... Vous vous êtes montrés avides et aveugles...Vous avez eu, et vous avez encore aujourd'hui, l'audace de vous lever dans nos chambres législatives et de déclarer qu'il serait impossible de faire des bénéfices sans le travail des enfants...Vous voilà engraissés de puissance et de richesse, enivrés de succès..." (extrait des pages 101 et 102).

Certains pourraient trouver cette réthorique un peu datée, outrancière et relevant d'un marxisme caricatural, pour ma part je pense que ces propos sont tout à fait transposables dans notre époque.

On découvre dans ce récit l'espoir éperdu de Jack London de contribuer à la transformation politique, sociale et économique du monde.

Bibliographie :

"Le talon de fer", Jack London, Edito-Service (1975), Collection dirigée par Francis Lacassin, 415 pages.

À lire également dans cette collection un ouvrage qui exprime aussi ses idées politiques : "Le peuple de l'abîme". Il s'agit d'un véritable travail de journaliste ou London nous décrit la difficile condition ouvrière de l'Angleterre au XIXème siècle.

Pour mieux connaître Jack London je recommande aussi de lire son autobiographie romancée "Martin Eden".
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Jack London impressionne encore un fois avec ce livre d'anticipation politique. Il nous décrit une révolution ratée à travers les yeux d'une de ses protagonistes. Cet échec aboutira sur un régime fasciste qui durera trois siècles avant finalement l'avènement d'un société socialiste. J'ai été particulièrement séduit par le ton de conviction de l'auteur. On a envie d'y croire avec lui !
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Le Talon de Fer  c'est d'abord l'exploitation qu'exercent les trusts et le grand capital (Oligarchie ou Ploutocratie) sur le prolétariat, mais pas seulement, également sur la bourgeoisie et les petites entreprises qui se font dévorer par les grandes. 

Le  Talon de Fer c'est une dictature qu'ont qualifierait aujourd'hui de fasciste, avec milice, censure de la Presse et des intellectuels, corporatisme... mais qui est sortie de l'imagination de Jack London en 1908. Prémonitoire! 

Le Talon de Fer est une dystopie géniale, qui prédit aussi bien la guerre avec l'Allemagne (nuance Etats Unis/Allemagne), la Révolution et la Grêve Générale comme réponse au conflit armé, mais surtout l'avènement de la dictature des Grands Monopoles qui ont éliminé les petites entreprises, les Grands Travaux au bénéfice de vainqueurs, la résistance souterraine du monde ouvrier. 

Le Talon de Fer est aussi un ouvrage didactique où Ernest Everhard, leader socialiste porte la contradiction dans les réunions d'intellectuels californiens en faisant la démonstration de la Lutte des Classes. Brillante démonstration d'économie marxiste et explication lumineuse de la Plus-value dans le chapître intitulé Un Rêve mathématique


C'est aussi un roman original avec une foule de personnages vivants, attachants ou haïssables.

L'originalité vient aussi du fait que c'est un roman écrit au féminin : la narratrice Avis est la fille d'un célèbre universitaire de Berkeley qui reçoit à sa table le gratin des scientifiques,  des hommes d'église et des grands bourgeois. Esprit éclairé et ouvert, il a invité Ernest Everhard pour connaître l'opinion des socialistes. Avis se laisse entraîner dans l'enquête concernant le cas d'un ouvrier estropié par sa machine, réduit à la misère, ayant perdu son procès contre le patron quand il réclamait des indemnités. Elle découvre la réalité des théories d'Ernest, en tombe amoureuse et devient sa femme. Elle assumera le rôle subalterne de la "femme du leader" jusqu'à l'emprisonnement de son mari et deviendra une résistante à part entière. Amoureuse, certes, mais capable de décisions, femme d'action.  D'autres femmes seront des révolutionnaires aguerries.

Dans le Talon de Fer j'ai retrouvé Martin Eden, le personnage d'Ernest ressemble par de nombreux aspects à Martin, le prolétaire reçu à la table de grands bourgeois et qui s'éprend de la fille de la maison. Avis n'est pas Ruth : Ruth est prisonnière des préjugés conservateurs de son milieu bourgeois tandis qu'Avis et son père vont être convaincus par la force du raisonnement d'Ernest. Comme Martin, Ernest écrit, vit de sa plume en faisant des articles et des traductions....J'ai aussi retrouvé le Peuple de l'Abîme, expression qu'il emploie à plusieurs reprises dans le roman. 


Je ne sais où London va mener à ma prochaine lecture du Challenge initié par Claudialucia, mais je suis partante pour une nouvelle aventure.
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Jack London utilise ici la dystopie, procédé littéraire jouant sur la modification du déroulement d'événements historiques, pour frapper les esprits, livrer son analyse du système capitalisme et de ses conséquences à venir. (...)
Roman visionnaire qu'il faut lire sans plus attendre pour comprendre les jours sombres qui semblent approcher à grands pas.

Article complet en suivant le lien
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Le "Talon de fer" (1908) est un roman d'anticipation dans lequel Jack London raconte le soulèvement des masses ouvrières de Chicago ("le peuple de l'abîme") et sa répression sanglante par la police et des régiments de mercenaires au service de ce qu'il nomme "l'oligarchie".

Mort en 1916, London n'aura pas vécu assez longtemps pour suivre la Révolution d'octobre et la mise en place du pouvoir soviétique en URSS. Il nous laisse ce livre étrange, dans lequel il présente les théories économiques marxistes et décrit la mise en place d'un mouvement révolutionnaire clandestin, mené par des hommes et des femmes animés par une foi inébranlable dans la victoire finale du prolétariat, contraints de respecter une stricte discipline et d'exécuter sans hésiter les traîtres et les espions infiltrés dans leurs rangs.

Un roman bolchevique, en quelque sorte, applaudi par Léon Trotski en personne, qui à la demande de la fille de l'auteur, rédigera une préface au Mexique, en 1937, peu de temps avant son assassinat.
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Encore une démonstration du maître, qui semble à l'aise dans tous les domaines qu'il juge pertinent de traiter. Un roman d'anticipation sur fond de trame amoureuse, ou l'inverse; à vous de juger! Manifeste "communiste" d'un homme qui sa vie durant fût déchiré entre ses convictions socialistes et sa conception idéal du surhomme. Un autre bijou de cet auteur qui fait glisser les mots, à tel point que livre semble se lire tout seul.
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Un nouvel ouvrage que j'ajoute à la liste des livres à lire de Jack London. Je lis ce livre peu de temps après "le Peuple d'en bas" ou "Le peuple de l'abîme" selon les éditions. Et c'est une suite logique. Une révolte socialiste menée par un homme extrêmement intelligent, doté d'un bon coeur ainsi que d'une carrure forte, on croirait presque un auto-portrait rêvé que London fait de lui-même. Il faut voir ce livre comme une histoire de révolution socialiste, mais aussi comme un roman d'amour entre un homme du peuple et une femme de la bourgeoisie qui prend peu à peu la vision de l'étendue du sang qu'elle a sur les mains par son inaction. Je recommande fortement.
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Dans une forme narrative originale nous suivons la lutte entre les forces du travail et du capital. l'écriture de London est limpide acérée, même dans les discussion sociologique ou économique que les personnages entretiennent. Les notes de bas de pages donnent à l'oeuvre une dimension quasi prophétique, qui peuvent prêter à sourire mais rendent le roman encore plus attachant et original. un grand roman qui mériterait d'être plus connu, ce sera maintenant plus facile avec cette nouvelle traduction de 2016
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« le Talon de fer » place virtuellement son lecteur plusieurs siècles dans le futur. Il est le témoin de la réussite d'une révolution prolétarienne qui a abouti à un monde plus juste. Et ce qu'il lit s'avère être le journal intime d'Avis Everhard, femme de la bourgeoisie du début du XXe siècle, convertie aux idées révolutionnaires et socialistes de son époux Ernest, lui-même issu du prolétariat. de leur amour, va naître un mouvement social qui prendra forme à travers les État-Unis. Mais ils devront faire face à l'oligarchie capitaliste qui usera de tous les moyens de répression en son pouvoir.

Parmi les nombreuses dystopies qui nourrissent l'inconscient collectif, il est dommage que « le Talon de fer » ne tienne pas une place de choix. Cela tient sûrement du fait que pour nous lecteurs du XXIe siècle, les événements fantasmés par l'auteur paraissent anachroniques. London meurt en 1916, avant la révolution bolchevique de 1917 et l'avènement de l'URSS. Autant dire qu'il n'a pas pu voir la mise en pratique des thèses marxistes et les dérives qu'elles ont engendrées. Si Jack London échoue dans ses prévisions, il réussit néanmoins à poser un diagnostic toujours valide. La critique de l'oligarchie capitaliste (ou ploutocratie) qu'il développe est d'une actualité saisissante. La manière dont les grands trusts et le système bancaire se défendent contre toute opposition face leur hégémonie. Cela passe aussi bien par le dénigrement, la préemption des biens (immobilier, compte bancaire), l'internement psychiatrique, les « briseurs de grève ». London va jusqu'à décrire ce qui s'apparente à des attentats « sous faux drapeau ». Cela suffirait pour que de nos jours l'écrivain se voit affubler de l'étiquette de « complotiste ».

C'est peut-être ce qui pose problème à Raymond Jean, dans sa préface du livre aux éditions Libretto. Il ne retient que l'histoire d'amour et occulte sciemment le reste. Bien que touchante, et probablement inspirée de l'amour que portait Jack London à sa femme Charmian (parfait exemple de femme émancipée), la romance du couple Everhard est loin d'être l'élément central de l'oeuvre.

À la fois daté dans ses prédictions et pertinent dans sa critique sociale, « le Talon de fer » n'en demeure pas moins un classique de la révolte que l'actualité et la configuration du monde rendent urgent de (re)lire.
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