AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,49

sur 116 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Contrairement à son frère d'une dizaine d'années son aîné, la narratrice n'a gardé aucun souvenir du Laos, qu'avec leurs parents ils ont fui lorsqu'elle était encore en bas âge, dans les années 1980. A désormais vingt-trois ans, elle est l'assistante d'un photographe à Paris, où elle mène une existence très libre et collectionne les aventures d'un soir. Son frère, lui, ne s'est jamais remis de son exil et sombre dans la déprime. Au décès de leur grand-mère restée au Laos, les deux jeunes gens et leur mère retournent pour quelques semaines dans leur pays d'origine.


Mise à part l'aïeule Wàipó dont l'ombre omniprésente cimente tout le récit, personne n'a de prénom dans cette histoire construite en ricochet entre le « je » de la narratrice, le « tu » du frère et le « il » du grand-père, comme si, pour ces trois là, départis de leur identité par l'exil et la séparation, un seul repère pouvait subsister : le souvenir aimant de celle qui fut le pilier de la famille.


Le leitmotiv du texte est le déracinement et la perte d'identité des exilés. Tandis que ses parents vivent retranchés dans une bulle protectrice reproduisant en France leur cadre laotien, pendant que son frère refuse obstinément sa vie de transplanté qui ne remplacera jamais celle qu'on lui a volé, la narratrice constate que sa double appartenance ne fait que la rendre étrangère partout. Les premiers s'isolent dans le contrôle obsessionnel d'un quotidien rigide et replié sur lui-même, le second cherche l'oubli dans une dérive dépressive ouverte à toutes les addictions, la dernière s'enivre d'une liberté sexuelle qui serait restée inconcevable au Laos, trouvant refuge dans le seul territoire qui lui appartienne en propre : son corps.


Parfois dérangeant par sa sensualité crue, d'une lecture fluide et agréable, ce roman du déracinement et de la quête d'identité impressionne par la profondeur des souffrances évoquées et par l'intelligence de l'écriture. L'on ne peut qu'être touché par ce texte, dont on imagine aisément quelques possibles proximités avec le parcours personnel de l'auteur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          731
Elle, la narratrice, a 23 ans, est d'origine vietnamienne et vit à Paris, assistante d'un photographe. Très libre, elle vit en suivant son instinct, ses pulsions, ses désirs, en même temps que les hommes dans la rue.
Elle s'adresse à "toi", son frère dix ans plus âgé, qu'elle voudrait tirer de sa déprime, un mal-être qui ne l'a jamais vraiment quitté depuis qu'avec leurs parents ils ont fui le Laos, 20 ans plus tôt.
Elle ne se souvient pas de son pays natal, "toi" ne s'en souvient que trop bien et n'a jamais réussi (voulu?) s'adapter à la France, terre étrangère où il n'arrive pas à être lui-même.
Elle parle aussi d'eux, leurs parents, pas davantage intégrés, recroquevillés sur leurs traditions et leurs habitudes rigides, repliés dans une zone de confort forgée pour supporter l'exil et survivre dans ce pays d'accueil où ils ne resteront jamais que des étrangers.
Elle, fille de la deuxième génération, est vue en France comme une étrangère, quoi qu'elle fasse, rien à faire, sa peau la trahit. Elle l'est au Laos également, où elle retourne avec sa mère et son frère pour les funérailles de sa grand-mère. Là-bas non plus on ne lui donne pas sa place, avec sa dégaine de touriste, la langue qu'elle ne maîtrise pas, le modèle traditionnel de la jeune fille attendant sagement un mari, qu'elle refuse (le mari et le modèle).
En manque de racines, en panne d'identité, les retrouvailles avec son grand-père vont lui apprendre à s'ancrer, littéralement à être bien dans sa peau : "le seul endroit sur terre dont je peux revendiquer l'appartenance est le périmètre de ma peau. C'est là le seul, le vrai lieu qui est le mien".

Avec son écriture poétique et sensuelle, parfois très crue, ses phrases courtes et hachées, "L'imprudence" parle d'identité, d'exil, de la façon dont on vit un déracinement selon les souvenirs que l'on a de son pays d'origine, de la façon dont les autres vous perçoivent, ici ou là-bas, de cet entre-deux souvent inconfortable entre ici et là-bas quand on ne s'identifie pas/plus à l'un ou à l'autre. Et quand bien même la narratrice se sent française et tourne le dos aux traditions familiales, elle se voit étrangère dans le regard des Français, et incomprise des siens. C'est là son "imprudence" : échapper aux normes, chercher qui elle est, la voie vers la liberté.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          644
D'abord, il y a la relation Frère Soeur, distendue par l'incompréhension de la cadette pour son aîné. Ils n'ont pas vécu la rupture avec le Laos au même moment de leur vie, de la même manière. Pour le frère à 11 ans, c'est un déchirement.

Pour la jeune femme, difficile de comprendre ce frère qui lui parle de racines, de son pays d'origine, de reniement.

L'auteure nous offre un voyage initiatique bouleversant. Alors que pour se sentir vivre elle a besoin de relations charnelles, son frère s'enferme dans les brumes de drogues qui ne le libèrent pas de sa dépression. La quête d'identité et de liberté est abordée sans tabous.

Le voyage pour Savannakhet va permettre à la jeune photographe de dessiner le contour d'une liberté nouvelle. Où qu'elle aille, elle sera libre, elle-même, plus besoin d'accrocher des racines à une terre.

Cette relation nouvelle avec son grand-père, sa compréhension de sa mère au Laos, a mis du sens dans sa quête incessante de se sentir vivante, vibrante.

Le sujet de la deuxième génération est traité avec délicatesse. Ces descendants contraints de s'implanter en regardant leurs parents exister dans de nouvelles normes, de nouvelles existences à construire, sont touchants.

Un roman court et percutant qui trace son sillon dans la mémoire et ne laisse pas indifférent.
Commenter  J’apprécie          260
Une écriture toute en finesse qui nous emmène en France et au Laos. Deux pays que partage une femme, son frère et sa mère. Des ressentis sur l'enfance, le pays d'accueil et le rapport à la famille bien différents selon l'âge où l'on a fuit son pays. Un personnage sensible et attachant qui assume l'odeur des garçons affamés, titre d'un de ses romans graphiques où le personnage principal était aussi photographe.
Commenter  J’apprécie          220
C'est une jeune femme française, arrivée à l'âge de un an avec sa mère, son père et son frère d'origine Vietnamienne, qui s'étaient exilés au Laos. Elle n'avait que un an à son arrivée à Paris, de toute évidence, elle est parisienne. Seulement son frère lui avait déjà 11 ans à son arrivée et donc n'a pas le même vécu, les mêmes souvenirs, le même enracinement. Au moment où nous est racontée cette histoire, elle a 23 ans, elle est devenue photographe. Alors que son frère lui vit un véritable mal-être, elle est une grande jouisseuse.

Et puis un jour, un appel téléphonique du Laos annonce à la famille le décès de la grand mère ce qui implique le retour de la mère, du frère et d'elle même sur cette terre qui l'a vu naître mais dont elle refuse toute appartenance.

Sa vie rythmée de jouissances, va tout à coup être à l'arrêt. Lors de son séjour aux pays d'adoption de ses parents, elle va créer un joli lien avec son grand-père, elle le découvre, l'écoute quand ce dernier lui confie quelques évènements de sa vie, de sa vie amoureuse d'ailleurs qui fait un écho à la sienne tout simplement.

La construction du roman est originale, il est écrit à la première personne et aussi à la seconde lorsqu'elle s'adresse à son frère dans sa tête bien souvent.

Lui tiraillé par ses deux cultures, elle, femme qui se dit libre ont bien du mal à se comprendre, à communiquer. Mais est-elle d'ailleurs si libre qu'elle le pense ? Chacun d'eux est sous l'emprise d'addiction, quand on est à ce point dépendant pouvons nous prétendre à être libre ?

Pour moi c'est un roman sur la quête d'identité, certes, mais sans vraiment être abouti à mon sens. J'aurai bien aimé entendre davantage la voix du frère par exemple..

Pour être sincère ce roman ne m'a pas transportée car il est trop empreint du déjà lu, des thèmes récurrents ainsi me lasse si j'ose dire. La drogue, le sexe, même si l'écriture peut être sensuelle et poétique, il n' y a rien de positif au final. Est-ce là reflet d'une société en mal d'identité et qui ne sait pas vivre et s'épanouir autrement que dans l'excès ?
Commenter  J’apprécie          222
Comment résister à ce regard, à cette belle jeune femme langoureusement allongée?....La jeune photographe a 23 ans, elle collectionne les aventures, ou plutôt les rencontres amoureuses...Elle aime les hommes, elle aime faire l'amour.
D'origine laotienne par sa mère, chinoise par son père, elle ne ne connait contrairement à son frère que la France, où elle arriva en 1975, bébé dans les bras de ses parents...Elle ne connaît de sa fuite et de son pays d'origine que ce que lui ont raconté ses parents ou son frère. Elle n'en a aucun souvenir.
Elle aime la vie. Lui, ce frère plus vieux de sept ans a quelques souvenirs de ce Laos et de la fuite de nuit vers ce Vietnam. Un frère totalement différent d'elle. Sans ambition et sans passion, il passe ses journées à attendre que le temps s'écoule ; il a récupéré la chambre familiale de sa soeur et n'a pour seul loisir ses shits ...Il avait pourtant toutes les opportunités pour vivre une autre vie, s'il s'en était donné la peine. Champion régional de tennis de table, il aurait pu accéder à des niveaux supérieurs.
Elle au contraire croque la vie à pleines dents. La vie occidentale, une vie bien éloignée de la rigueur familiale.
Trop française, pas assez vietnamienne, selon ses parents....seul son visage trahit ses origines.
Le décès de sa grand-mère, Wàipó restée au Vietnam lui donne l'occasion de rejoindre son pays d'origine, de connaître son grand-père et de vivre quelques jours en total dépaysement.
Les périodes se télescopent, sans dérouter le lecteur, qui effectue ces voyages dans le temps, à partir des propos entendus par la jeune femme, tenus par ses parents ou son frère, jusqu'à nos jours en passant par cette fuite de nuit et cette arrivée en France. Trois temps.
La rencontre avec son grand-père, la complicité de promenades sur le porte bagage du vieux vélo, lui permettra de découvrir ses racines, de mieux connaître, de la voix de cet homme, ses origines. de mieux se connaître et se comprendre. Là-bas, sa mère perdra son autorité, elle redeviendra la fille de son père et lui obéira.
Rencontre émouvante également avec une jeune femme vietnamienne de son âge. Deux vies différentes et pourtant complices
Roman sur les origines, l'intégration dans une culture différente, la mémoire, la filiation.
Un bon moment de lecture!
Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          150
Loo Hui Phang nous offre un premier roman à la langue magistrale et où tous nos sens se réveillent.

La narratrice nous narre l'histoire de sa famille qui a fuit le Laos, sa relation conflictuelle avec son frère, ses nombreux amants... À la mort de sa grand-mère maternelle, sa mère, son frère et elle retournent au Laos pour l'enterrer. Seul membre de leur famille restant dans la maison familiale, son grand-père. Ses retrouvailles seront l'occasion d'apprendre des secrets familiaux, d'en apprendre plus sur l'histoire qui unissait son grand-père et sa grand-mère et de tenter de renouer avec son frère.

L'auteure évoque tous les problèmes qu'ont certains enfants issus d'une double culture : la perte de la langue maternelle, la volonté de ne parler que dans sa langue maternelle, la difficulté de s'intégrer dans une autre société, la culpabilité d'être parti, le fait de paraître tel un étranger au moment de revenir au pays. L'auteure se sert de cette soeur et de ce frère pour exprimer tous les conflits intérieurs qui peuvent naître d'une double culture. La soeur a quitté le Laos à l'âge d'un an, elle parle un vietnamien bredouillant, a quitté sa famille une nuit, et ne se sent ni laotienne ni vietnamienne quand elle rentre au pays, et elle est perçue comme une étrangère par les locaux. Son frère quant à lui a quitté son pays à l'âge de douze ans, ne s'en est jamais remis, la culpabilité le rongeait de n'être auprès de ses proches. Il avait tout pour réussir mais a tout lâché du jour au lendemain, s'enfermant chez ses parents et menant une vie à base d'herbe et de jeux vidéos.

La narratrice est très touchante, on voit qu'elle aime sa famille, mais qu'elle ne peut s'empêcher de mettre une certaine distance avec eux. On lit ses doutes, ses tiraillements, son amour.

L'auteure utilise une langue très puissante, chargée de poésie et d'images. C'est une langue vive, incisive, qui se saisit d'un détail et le décortique jusqu'à l'os. Les mots vibrent et virvoltent. C'est beau. La narratrice interpelle souvent son frère en utilisant le "tu", nous plongeant au coeur de cette relation touchante. Le récit oscille entre imprudence et impudeur.

Un très beau roman où la langue est reine.
Lien : https://labullederealita.wor..
Commenter  J’apprécie          146
Une jeune femme en recherche d'elle-même, via les corps à corps, déchirée entre le désir furieux possible dans sa vie d'occidentale et les injonctions d'une famille vietnamienne du Laos figeant chacun : mère, père, et frère qui ne se remet pas de son départ forcé enfant pour aller vivre dans une France restée terre étrangère.
Je n'ai pas vraiment aimé la narratrice mais c'est un roman qui parle d'une chose peu dite et qui a mis des mots sur une sensation confuse que j'avais enfant en compagnie de copines de classe ayant ces origines : un quelque chose qui les faisait vivre comme à côté de nous... J'ai aimé cette porte entrouverte, imprudente, dans cette famille en souffrance, que nous livre l'autrice.
Commenter  J’apprécie          110
Dans L'Imprudence, l'autrice s'adresse à son frère. Tous les deux nés au Laos d'immigrés vietnamiens, ils sont partis avec leurs parents vivre en France très jeunes. La différence, c'est que son frère a passé ses 10 premières années au Laos, alors qu'elle-même a entièrement grandi en France, c'est une Occidentale.
Ainsi, l'héroïne a décidé très tôt de vivre sa vie loin des attentes familiales conservatrices, que ce soit au niveau professionnel ou sentimental.

Ils sont adultes lorsque leur grand-mère décède. L'occasion pour eux de revenir dans leur pays natal et de mesurer une fois de plus leurs différences culturelles : en ce qui la concerne, malgré son physique, il n'y a rien à faire, elle ne peut pas être prise pour une Vietnamienne, elle ne parle même pas la langue couramment. L'autrice voit son frère souffrir de cette culture perdue, de la déchirure de son enfance lorsqu'il a quitté son pays et le reste de sa famille.

Dans ce roman, l'autrice analyse tout cela : les racines, la culture, le poids des attentes familiales aussi. C'est un roman très court, qui ne m'a pas vraiment embarquée. C'était intéressant, mais l'autrice était peut-être un peu trop détachée de sa propre histoire pour que je sois touchée, même si j'ai eu l'impression de bien comprendre ce qu'elle vivait.
Commenter  J’apprécie          110
J'ai passé plutôt un bon moment avec ce contemporain. Il s'agit d'un premier roman très court qui fait moins de 150 pages.
L'autrice évoque plusieurs sujets comme le burnout, la perte d'un être cher et plus particulièrement tous les problèmes que rencontrent souvent les enfants issus de plusieurs cultures.
On peut citer par exemple, la perte de la langue maternelle ou à contrario la volonté des parents de ne parler à la maison que dans la langue d'origine, la difficulté de s'intégrer dans une société dont la culture prépondérante est différente de la nôtre, la culpabilité d'être parti, le fait de paraître tel un étranger au moment de revenir dans son pays natal…
C'est un roman transgénérationnel où l'autrice insiste bien sur le choc des cultures entre l'occident et l'Asie.
Pour un premier roman la plume est maitrisée et assez fluide même si elle est un peu abrupte par moment...

Lien : http://www.booksanddreams.co..
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (235) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1430 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}