AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Princesses d'ivoire et d'ivresse (6)

Il n’est pas au monde émotion un peu délicate qui ne repose sur l’amour du merveilleux : l’âme d’un paysage est tout entière dans la mémoire, plus ou moins peuplée de souvenirs, du voyageur qui le traverse, et il n’y a ni montagnes, ni forêts, ni levers d’aube sur les glaciers, ni crépuscules sur les étangs pour qui ne désire et ne redoute à la fois voir surgir Orianne à la lisière du bois, Thiphaine au milieu des genêts et Mélusine à la fontaine. (…)
Il faut donc aimer les contes et d’où qu’ils viennent, de Grèce ou de Norvège, de Souabe ou d’Espagne, de Bretagne ou d’Orient. Ce sont les amandiers en fleur des jeunes imaginations ; le vent emporte les pétales, dissémine le rêve, mais quelque chose est resté qui, malgré tout, portera fruit et ce fruit-là parfumera tout l’automne. Qui n’a pas cru enfant ne rêvera pas jeune homme ; il faut songer, au seuil même de la vie, à ourdir de belles tapisseries de songe pour orner notre gîte aux approches de l’hiver ; et les beaux rêves même fanés font les somptueuses tapisseries de décembre.
Il faut donc aimer les contes, il faut s’en nourrir et s’en griser comme d’un vin peu dangereux et léger, mais dont la saveur âpre sous un faux goût de sucre insiste et persiste, et c’est cette saveur là qui, le repas fini, enchante le palais et permet au convive écoeuré de la table parfois d’y demeurer.
Pour moi, je l’avoue, je les ai adorés et d’une adoration presque sauvage, les contes aujourd’hui proscrits et dédaignés ; et c’étaient des contes brumeux, trempés de lune et de pluie, semés de flocons de neige, des contes du Nord, car je n’ai connu, moi, que très tard dans la vie l’enchantement ensoleillé du Midi.

["Les Contes", préface]
Commenter  J’apprécie          110
Le lendemain, aux premiers rais de l'aube, les prêtres d'Osiris trouvèrent le petit Pharaon mort, enlisé dans la boue, au milieu des cadavres et de l'immense pourriture amoncelée là depuis des siècles. Debout dans la vase, Narkiss avait été asphyxié par les exhalaisons putrides du marécage mais, enfoncé jusqu'au cou dans le cloaque, il dominait de la tête les floraisons sinistres écloses autour de lui en forme de couronne; et, telle une fleur charmante, son visage exsangue et fardé, sa face adolescente au front diadémé d'émaux et de turquoises se dressait droite hors de la boue et sur ce front mort des papillons de nuit s'étaient posés, les ailes étendues, et dormaient.
Commenter  J’apprécie          81
Et très perplexe, elle allait prendre au fond d'une armoire une tête desséchée de pendu, qu'elle consultait dans les grandes occasions, et, l'ayant posée sur un grand livre ouvert au milieu d'un pupitre, elle allumait trois cierges de cire verte et s'abîmait dans des pensées sinistres. ("La princesse Neigefleur")
Commenter  J’apprécie          42
Une poétique de la putrescence et de la charogne s'installe [dans les contes de Lorrain], instaurant une forme encore plus subtile de cruauté qui se plaît à décrire les ravages de la mutilation ou de la décrépitude sur la beauté des corps. (Extrait de la préface de Jean de Palacio.)
Commenter  J’apprécie          30
Cependant il devenait de plus en plus faible, et il comprit qu’il ne tarderait pas à mourir s’il ne prenait point quelque nourriture. Il avoua à l’une des fées l’état où il se trouvait, osa même lui demander à quelle heure on souperait. “Eh ! quand il vous plaira !” dit-elle. Elle donna un ordre, et voici qu’un page, qui était un gnome, apporta au prince, pour potage, une goutte de rosée sur une feuille d’acacia. Ah ! l’excellent potage ! Le convié des fées déclara qu’on ne saurait rien imaginer de meilleur. On lui offrit ensuite pour rôti une aile de papillon dorée à un rayon de soleil, – une épine d’aubépine aurait servi de broche, – et il la mangea d’une seule bouchée, avec délice. Mais ce qui le charma surtout, ce fut le dessert, la trace d’un baiser d’abeille sur un pétale de rose. “Eh bien, dit la fée, avez-vous bien soupé, mon enfant ?” Il fit signe que oui, extasié, mais, en même temps, il pencha la tête et mourut d’inanition.

In « Le mauvais convive »
Commenter  J’apprécie          30
Et le moine ensevelisseur reconnut le bohémien, le bohémien Amour qui chante dans les bois pour les déshérités et les gueux, se tait dans les palais, se mire dans la Mort et n'aime que lui-même, l'Amour libre et sauvage comme la solitude. ("Conte du bohémien")
Commenter  J’apprécie          10




    Lecteurs (146) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

    Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

    Honoré de Balzac
    Stendhal
    Gustave Flaubert
    Guy de Maupassant

    8 questions
    11132 lecteurs ont répondu
    Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

    {* *}