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Thibaut d' Anthonay (Préfacier, etc.)
EAN : 9782710325291
236 pages
La Table ronde (13/11/2002)
4.18/5   17 notes
Résumé :

« L'histoire commence comme un conte de fées et finit comme un chapitre de Suétone avec, intercalées dans les marges, des annotations de Saint-Simon », annonce, en préambule, l'auteur du récit qui va suivre. Plus loin, commentant le rôle de l'intendant du prince Wladimir Noronsoff, héros du roman, le narrateur demande : « Vous voyez-vous chargé d'organiser une fête sous Néron ou de distraire... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voilà un traité d'esthétique du déchet dispendieux.
Belle Époque mais pas Années Folles, c'est un peu le pendant européen à Gatsby le magnifique de Francis Scott Fitzgerald (si, si, j'ose). Mais le glamour agaçant des Américains n'a pas droit de cité ici. Je m'en trouve très bien personnellement.

Les Noronsoff constituent un tourbillon narratif délicieusement fin-de-siècle, avec le cortège d'images foutraques et maladives qui vont avec, option luxe oriental grand teint, lubies d'aristocrates désoeuvrés, fin de race et mépris de classe; voire à l'occasion une touche de Fragonard pour le parfum d'alcôve et l'hommage nostalgique à la licence XVIIIème. Pour ce goût de moisi je suis bon public (j'ai raté hélas l'examen de gendre idéal). Pour faire bon poids, Lorrain ajoute le vocabulaire idoine tout aussi délicieusement suranné (oaristys ou oarystis, c'est une question orthographique qui agite les foules) et les références appuyées à Suétone, aux turpitudes de Néron, à l'extravagance d'Héliogabale, aux nymphes, à Adonis. Pour cet hommage érudit à l'Antiquité j'applaudis (j'ai réussi haut la main l'examen de cuistre).

Ceci dit, dans le genre (le mauvais genre) on peut tout de même trouver plus vénéneux. Cette lecture est fort plaisante, scandaleusement charmante, avec quelques rebondissements - le pus et la malédiction bohémienne sont servis à discrétion - mais je m'attendais à un feu d'artifice légèrement plus coloré après la grosse dose d'humour du début. Movere, docere, placere: je me suis demandé si c'est consciemment ou non que Lorrain aurait gardé sur ce Néron moderne (et sa mère dédoublée) un fond de point de vue moral de Suétone et de Racine . Mais rassurez-vous, l'auteur n'écrit pas pour l'édification des rosières. On reste là dans une joyeuse série B et un sympathique concerto de l'agonie.

Alors, on ne va pas bouder son plaisir. Vous reprendrez bien un peu de décadence ?
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Lorrain livre avec ces Noronsoff un festival fin-de-siècle. Derrière l'histoire haute en couleur des extravagances du prince russe Wladimir Noronsoff, établi dans un domaine quasi féerique de la Riviera de la fin du siècle, c'est le portrait de l'homme de tous les excès cher aux écrivains comme Lorrain qui se dessine. Truffé de parallèles avec les narrations antiques (Suétone notamment), brodant sur le canevas des légendes noires d'Héliogabale, Néron ou Caligula, puisant dans l'art autant que l'histoire et la littérature, ce roman nous régale par une atmosphère saturée (de maladie, de parfums, d'inventions étranges et de personnages archétypiques), et un vocabulaire sachant rester simple - on est loin des néologismes à tout va de certains écrivains décadents.
A lire donc si vous désirez goûter l'esprit fin-de-siècle et prendre un grand bol d'air vicié !
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Ouvrage décadent assez classique, que je rapprocherais volontiers d'un Vice Suprême de Joséphin Péladan, du Crépuscule des dieux d'Elémir Bourges ou de A Rebours de Huysmans, il n'en reste pas moins "abominable et délicieux", comme l'a dit l'un des critiques de l'époque. Il explore le destin malheureux du dernier rejeton d'une race maudite, le prince Wladmir Noronsoff, surnommé par sa mère "Sacha". le roman est intéressant non seulement dans sa description de ce "jeune vieillard" qui s'ennuie et a comme unique passe-temps la corruption de ses moeurs, mais aussi dans l'érudition de son auteur, qui nous gratifie de nombreuses références littéraires ou picturales : les chansons de Bilitis, qui sont "pastichées", Gabriel Dante Rossetti pour la peinture, ou encore, cet Algernoon Filde qui fait penser à un certain Oscar... On constate aussi des références à l'Antiquité, dans le bal masqué, mais aussi une référence en sous-texte à la Rome décadente des IVème et Vème siècles et à l'Empire Byzantin. Des moments sont très drôles, d'autres assez poétiques, par exemple le "pastiche" du poème de Verlaine sur le Chevalier Malheur rend très bien. Belle plongée dans un auteur à scandales tombé dans un oubli relatif, la vengeance de femme qui ponctue l'ouvrage est suffisamment cruelle pour punir le vice du Noronsoff.

D'ailleurs, les vengeances de femmes devraient être considérées comme un style à part entière, j'ai le souvenir de plusieurs romans où le sujet est traité de façon intéressante : Colomba, de Mérimée, la Vengeance d'une femme de Barbey d'Aurevilly, les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, Madame Putiphar de Pétrus Borel ou encore Vipère au poing d'Hervé Bazin. Les Noronsoff ne dépareilleraient pas parmi ceux-là.
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lecture géniale, un festival orgasmique. A entrecouper de divers livres de Rachilde
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Des torches allumées éclairaient ça et là des figures tragiques, irradiant les ors d'un diadème, giflant de rouge la nudité d'un torse jailli d'un péplum ; une odeur de crasse et de sueur écœurait ; la chaleur était suffocante, aggravée de senteurs de résine et de tant de roses amoncelées dans tous les coins du parc. Lanières sanglantes mêlées aux chevelures, coulées de pourpre vive tombant des hauts feuillages, toute une orgie de roses, celle dénoncée la veille par Filsen, saignait, ruisselait, brillait, stagnait, tel un fleuve de vin dans les allées et sur les chairs moites.
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Cet instrument d'enfer envoûta la noble et chaste femme qu'était la comtesse. Le bohémien joua toute la nuit. Le lendemain, Héléna Strowenska s'éveillait avec une âme de criminelle et des sens de fille de joie. Le charme avait opéré. Le jour même, elle se donnait à trois de ses serviteurs ; le lendemain, comme une chienne en folie, elle descendait aux salles des gardes, au chenil, aux écuries, requérant d'amour les hommes d'armes effarés, les valets de meute et les palefreniers : la valetaille consternée n'osait se refuser aux caprices de la comtesse, et puis Héléna était belle... Une stupeur habitait la demeure à cause des représailles possibles du Noronsoff... Lui, toujours entre deux cruches d'hydromel et sûr de la vertu de sa femme était le seul à ne rien soupçonner, le dernier à ne rien voir. Le pope l'éclairait enfin, la comtesse Héléna poussait trop loin le scandale ; elle allait maintenant les chercher au village.
Soûle de fureur, cette brute de Wladimir faisait écraser la tête de l'ensorcelée entre deux pierres : personne ne soupçonnait encore que la comtesse fût victime d'un envoûtement.
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C'est invraisemblable, mais c'est comme je vous le dis. Nous eûmes ce lamentable spectacle du prince Noronsoff, de cette guenille et de cette loque, de cette tuberculose et de cette neurasthénie valsant, pâmé comme une petite fille, tour à tour aux bras de l'aventurier basque, tour à tour aux mains du Marseillais favori.
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Noronsoff, c'est l'Héliogabale qu'eût imaginé le spectre d'Artaud s'il avait eu dans la tête les cauchemars de Lorrain. (Introduction non signée de l'édition de 1979, parue aux éditions des autres, collection "Les Pâmés".)
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Elle avait de l'impertinence, de la hauteur et même de la rudesse, une espèce de grâce cravachante dont Wladimir eût fini par aimer la cuisson douloureuse.
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