AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4.2/5   10 notes
Résumé :
La Mélie avait dans sa démarche un bercement de chaloupe, & tout son corps rythmait l'allure mouvante d'un fauve. D'un fauve elle avait aussi le profil brusque & court, la nuque violente &, dans l'avancée hardie des maxillaires, le coup de gueule à la fois menaçant & sensuel. Le vert translucide des prunelles, la dorure ardente & solide des cheveux, l'éclat des petites dents courtes, la férocité de la mâchoire, le front fuyant, tout était d'une panthère.
Que lire après La Maison PhilibertVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Toutes les jeunes filles doutent de leur foy. ».
Cette contrepèterie d'Estienne Tabourot (1547-1590) m'a rappelé que j'avais une critique à faire sur le roman de Jean Lorrain : La maison Philibert.
Pour éclairer cette phrase il faut expliquer que dans cette maison "spéciale", un bordel, les pensionnaires cherchent parfois des attentions plus féminines.
Jean Lorrain prend l'habit du journaliste (ce qu'il fut réellement) qui, ici reçoit les confidences d'un patron de maison close, là va assister à des festivités où le "Grand Monde" côtoie les mauvais garçons et les filles du ruisseau, sans jamais quitter ce milieu interlope de la nuit. C'est ainsi que le récit se dévoile au lecteur qui devient l'oreille indiscrète lors de toutes ces rencontres. C'est l'occasion pour Jean Lorrain de dérouler un fil narratif adroitement construit. On sent l'auteur maître de son sujet, ayant accumulé une belle documentation sur le sujet durant ses virées nocturnes sa vie durant. S'il connait Gomorrhe, Sodome n'a plus de secret pour lui non plus.
Le sujet des maisons closes a séduit de nombreux écrivains à cette époque. Mais de la Maison Tellier de Guy de Maupassant jusqu'aux romans de Francis Carco c'est toujours d'une façon folklorique, avec une ambiance bon enfant, qu'est dépeint ce milieu alors qu'il me paraît que ces femmes avaient surtout une vie détestable pour ne pas dire sordide.
Il en va de même de ce livre de Jean Lorrain paru au début de l'autre siècle.
Pour faire court je dirai que c'est Clochemerle chez les filles.
Ces réserves faites, c'est un livre d'une lecture facile, le récit est d'une fluidité remarquable, qui transporte le lecteur dans une époque pleine d'espoir et d'insouciance alors que la Première Guerre mondiale n'allait pas tarder à faire son entrée dans l'histoire.
Quatre étoiles à coup sûr.
Commenter  J’apprécie          170
Dans La Maison Philibert, l'évocation de la vie d'une maison close sert de prétexte à Jean Lorrain pour dépeindre le monde marginal des cabaretiers, des mauvais garçons, des souteneurs et des prostituées, avec la gaieté et l'acuité d'un observateur bienveillant, qui se plaît à parler la même langue que ses personnages.
Lien : http://livresetmanuscrits.e-..
Commenter  J’apprécie          90

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
"Et avec ça, la clientèle qui chipote, grognasse et se fait de plus en plus regardante...des fournitures qui deviennent de jour en jour inférieures..., et la concurrence, et la plus déloyale, tolérée dans la rue.
Ainsi à Aubry-les-Epinettes il y a bien deux régiments, et, les jours de marché, toute la campagne qui rapplique ; et les cultivateurs, ça, c'est un rendement sûr ; mais il y a aussi les fabriques, deux tissages et un cardage de coton...et les ouvrières ! Ah ! monsieur Jacques, les ouvrières de fabrique ! Et la police ferme les yeux, elle ne dit rien, la police ; mais elle ne se gêne pas pour me dresser des contraventions.
A la moindre infraction, il faut voir si ça tombe ! Comme la grêle sur le blé d'avril ! Ces filles de fabrique, ça se donne pour vingt sous, quelque fois moins, au bord d'un champ, derrière une haie, où ça se trouve, tandis que chez moi c'est deux francs, pas moins, et, si l'on reste la nuit, la thune...
Mais il n'y a pas à dire, établissement régulier, ça n'a jamais l'excitant de l'aventure.
Commenter  J’apprécie          130
C'est en sortie qu'il faut connaître ces dames.
A la maison elles se ressemblent toutes ; il y a que la couleur des cheveux qui diffère ; c'est toutes les mêmes vaches en peignoir.
Mais, une fois dehors, ça fringue et ça se requinque, ça ne vit vraiment que les jours de ballade. C'est alors que vous les poissez sur le tas, rigolant comme matelots en bordée et satisfaisant, chacune, sa petite passion et son vice.
Il y a les marchandes d'ail qui vont rejoindre leurs gousses, ça se carre à Montmartre ; les sentimentales ont un petit homme et vont à la campagne filer le parfait amour ; il y a les chahuteuses que vous trouverez au bal des Vaches ou à Nogent, chez Convert ; les veuves, celles qui cherchent à se marier par besoin de tendresse ; la Groseille à maquereau, la mistonne à béguins. Celle-là sait où trouver les hommes, les gros et les beaux, et ce n'est pas loin d'ici ; mais il y a les jours. Il faut les savoir.
Commenter  J’apprécie          130
- Mais une qui ne m'a pas emballé, oh ! ça non ! c'est leur grande vedette, et ils en font pourtant un foin pour elle. Vous connaissez, vous, Mlle Yls ? Mais, c'est pas une femme, c'est une canne à pêche, ça n'a ni tétons, ni fesses.
En v'là une qui n'ferait pas un sou chez nous, et ça couche dans le lit des princes !
Ah ! on peut bien dire que les gens d'la haute ont l'estomac fatigué !
Y faut guère avoir d'appétit pour aimer une femme ainsi torchée, y a pas la place pour aimer ; mais si j'avais ça chez moi, j'la mettrais sur une étagère et encore j'aurais peur de l'épousseter.
Ah ! non, que je n'la gobe pas, vot' demoiselle Plumeau.
Commenter  J’apprécie          140
Mme Adèle était une brune quadragénaire à l'arrière train énorme, une engorgée et massive commère dont les yeux capotes et le profil absent nageaient dans la graisse.
Le rouge outrageant de ses joues n'en animait pas la pâleur. Ses sourcils peints, ses cheveux gras de pommade et les bajoues de sa face blafarde en faisaient un type accompli de matrone.
Ses bras trop courts émergeant en ailerons d'un peignoir de surah mauve, elle avait installé sa croulante personne parmi les coussins Liberty d'un divan et nous faisait maintenant les honneurs du boudoir.
Commenter  J’apprécie          160
Les deux autres beautés étaient quantité négligeable, Philibert me les présentait par acquit de conscience : Totote, une espèce de maritorne large de croupe et basse sur pattes. Sa face camuse de chien bouledogue devait mettre en joie les maçons. En jupon court et en camisole, Totote reprisait prosaïquement une paire de bas ; une chair grenue et picotée, comme celle des dindons, se découvrait dans l'entrebâillement de sa chemise ; Totote avait les mains rouges et les dents saines, une encolure de lessiveuse ; et ses cheveux bien lisses empestaient le jasmin. Eugénie ou la Limande était une pauvre fille à mine chafouine et au teint bis. Une robe montante en drap bleu marine et un petit col blanc en faisaient une espèce de sous-maîtresse ou d'institutrice.
Commenter  J’apprécie          70

autres livres classés : maison closeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (31) Voir plus



Quiz Voir plus

1 classique = 1 auteur (XIX° siècle)

La Chartreuse de Parme

Stendhal
Alfred de Vigny
Honoré de Balzac

21 questions
566 lecteurs ont répondu
Thèmes : classique , classique 19ème siècle , 19ème siècleCréer un quiz sur ce livre

{* *}