« Toutes les jeunes filles doutent de leur foy. ».
Cette contrepèterie d'Estienne Tabourot (1547-1590) m'a rappelé que j'avais une critique à faire sur le roman de
Jean Lorrain :
La maison Philibert.
Pour éclairer cette phrase il faut expliquer que dans cette maison "spéciale", un bordel, les pensionnaires cherchent parfois des attentions plus féminines.
Jean Lorrain prend l'habit du journaliste (ce qu'il fut réellement) qui, ici reçoit les confidences d'un patron de maison close, là va assister à des festivités où le "Grand Monde" côtoie les mauvais garçons et les filles du ruisseau, sans jamais quitter ce milieu interlope de la nuit. C'est ainsi que le récit se dévoile au lecteur qui devient l'oreille indiscrète lors de toutes ces rencontres. C'est l'occasion pour
Jean Lorrain de dérouler un fil narratif adroitement construit. On sent l'auteur maître de son sujet, ayant accumulé une belle documentation sur le sujet durant ses virées nocturnes sa vie durant. S'il connait Gomorrhe, Sodome n'a plus de secret pour lui non plus.
Le sujet des maisons closes a séduit de nombreux écrivains à cette époque. Mais de
la Maison Tellier de Guy de
Maupassant jusqu'aux romans de
Francis Carco c'est toujours d'une façon folklorique, avec une ambiance bon enfant, qu'est dépeint ce milieu alors qu'il me paraît que ces femmes avaient surtout
une vie détestable pour ne pas dire sordide.
Il en va de même de ce livre de
Jean Lorrain paru au début de l'autre siècle.
Pour faire court je dirai que c'est Clochemerle chez les filles.
Ces réserves faites, c'est un livre d'une lecture facile, le récit est d'une fluidité remarquable, qui transporte le lecteur dans une époque pleine d'espoir et d'insouciance alors que la Première Guerre mondiale n'allait pas tarder à faire son entrée dans l'histoire.
Quatre étoiles à coup sûr.