En lisant
45 tours de confinement, je me suis retrouvé dans la position du lecteur du Livre des Préfaces de
JL Borgès ou de celui de Sanglante Enfance de
Michele Mari. de l'écriture cash, tendance psychanalyse en liberté.
Un auteur omniscient vous raconte des histoires en utilisant des références souvent inconnues, y reliant des événements qu'il est censé avoir vécu tant ils semblent réels, des personnages étranges, empathiques et compassionnels qu'ils lui ont fait rencontrer, des lieux, des jeux (UNO), des boissons (Four roses et Berger Blanc), des musiques, des voitures (une Mitsubishi prune), qu'ils suggèrent.
Une vie autour de 46 45 tours.
« Et moi alors ? pendant que lui vivait ces aventures autant musicales que passionnantes, où étais-je ? »
La lumière est venue avec le 45 tours N° 3,
Robert Wyatt, «
At last I'm free », un titre dont je n'avais pas entendu parler ni jamais écouté. Mais le texte rappelle ce 1st of June 1974, (Driving me backwards de
Brian Eno) et l'accident malheureux du batteur lumineux de Soft Machine. LP Rock Bottom. Moon in June sur l'album Third des Soft.
Page 42, un projecteur au sodium illumine mes souvenirs avec « I helped Patrick Mac Gohan Escape » des Teenage Filmstars. 1966. Retour dans cet appartement du RDC de la Résidence Claire-Joie, rue
Hans Holbein à Bourges où, chaque dimanche en fin d'après-midi, nous regardions l'épisode de le prisonnier, sur la TV d'un ami dans le bruit des préparatifs de l'apéro du dimanche par ses parents, tendance Kir et cacahuètes. Il n'y avait qu'une seule chaîne à l'époque, et souvent une seule télé par famille…
Je passerai sur les Charlots , « Paulette, La reine des Paupiettes », page 54, si ce n'est pour rappeler que Luis Rego, le plus Français des Portugais de service, s'est magnifiquement illustré dans le rôle d'un concierge de même nationalité, Monsieur Da Silva (SIC), aux abdos si durs qu'ils lui permettent de se tenir à plat ventre sur des verres à vin de type INAO (sauf que le jour de l'AG de copropriété il a un coup de mou dans le bide et se retrouve aux urgences). le titre, Mille Millièmes de
Remi Waterhouse. Pendant ce temps, Rinaldi se compromettait dans Marc et Sophie que je regardais à l'époque avec ma fille...
Puis, vient le 45 Tours des Sparks, “This town ain't big enough for the both of us (And it ain't me who's gonna leave)”. Page 120.
1977, dans la bonne ville de Tours. Je suis le membre N° 262 du Fan Club officiel des Sparks. Je reçois 4 invitations pour la projection, du film « Rollercoaster » (Le toboggan de la mort en français). le groupe y joue « Big Boy » et « Fill'er up » de leur album « Big Beat ». Big Boy est joué pendant que le roadie de service recherche la bombe qui a été dissimulée dans le manège du parc Magic Mountain à Valencia, en Californie. On voit dans une scène du film, Ron Mael briser son tabouret au sol…
Avec R.E.M, page 158, « It's the end of the world and we know it » 1987, c'est pour moi aussi la fin d'une époque et l'entrée dans le monde des grands…
En nous présentant ses
45 tours de confinement,
Bertrand Loutte révèle la fonction de la musique dans notre vie. A partir de sa relation à la musique et à son époque, il nous donne des clefs pour reconstituer la nôtre, et fait ainsi oeuvre de passeur. Dans ces textes courts, jamais ennuyeux, le lecteur joue le rôle de l'émerveillé pour son plus grand bonheur. Bravo et Merci. La relève est assurée !
Le livre refermé, je me suis rué sur ma pile de 45 tours pour y retrouver:
Bob Dylan: Corrina Corrina/Mixed up Confusion
Roxy Music: Pyjamarama/Virginia Plain
Eddie and the Hot Rods: 96tears/Get out Denver
Barbara Streisand: Woman in love/Run Wild
Enrico Macias: Paris, tu m'as pris dans tes bras - Ma patrie - L'amour c'est pour rien - Ne doute plus de moi
Donovan: Celia of the seals/The Song Of The Wandering Aengus
John Lennon: Jealous guy/Going down on love
Yes: Love Will Find A Way / Owner Lonely Heart
Stranglers: Always the sun/Norman Normal
…Et bien d'autres encore.
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