Jeremiah, tome 3 : Les héritiers sauvages

Une machination machiavélique pour asservir une population apeurée et désemparée tel est le thème de ce tome 3.

Hermann critique un capitalisme sauvage qui rend ce tome toujours (hélas) d'actualité.

Les dessins s'affirment, sont de plus en plus précis et les couleurs de Frémond toujours magnifique.

Un tome trois remarquable en tous points.

Errant sur les routes avec son pote Kurdy, Jeremiah cherche un petit boulot. Pas évident dans ce monde désolé. Mais ils finissent par atterrir dans un bled où une entreprise agricole propose du travail. Mais Kurdy et Jeremiah vont se retrouver au milieu d'un conflit opposant la Bancroft Farming Company aux paysans spoliés.

Encore une fois, Hermann s'empare d'un thème classique du western et propose un traitement très réussi respectueux du genre et de ses codes tout en apportant une touche personnelle. le mélange western / post-apo est ici plus marqué, notamment à travers le décor et des images visuellement très fortes. Avec cette histoire au point de départ très classique, Hermann fait preuve de subtilité et de finesse, évitant tout manichéisme et offrant un dénouement d'un grand pessimisme mais aussi d'une grande justesse.

"Les héritiers sauvages", tome 3 du cycle "Jérémiah" initié par Hermann en 1979, sort deux ans plus tard en librairie après "La nuit des rapaces" et "Du sable plein les dents".

Nos deux héros récurrents, Jéremiah et Kurdy, sont, comme d'ordinaire d'épisode en épisode, en approche d'un contexte nouveau qui fait de chaque tome un presque one-shot. A mon souvenir de ce qu'il reste de la série (je peux me tromper) les épisodes resteront interchangeables, pourront être lus dans n'importe quel ordre.

Le background paysager reste inchangé. Les décors de western s'imposent une nouvelle fois. Après le désert aride et en surchauffe du second épisode viennent, sans qu'elles soient nommées, les Grandes Plaines du Midwest sur l'horizon desquelles, au crépuscule, se couche, de soir en soir, un énorme soleil de sang.

"Ici on embauche" clame un panneau à l'entrée d'une grande entreprise agricole, une étape sur la route, un petit peu d'argent à gratter, juste pour aller plus loin, au rendez-vous d'une autre histoire à nous conter, celle de l'épisode à venir.

Nous avons de nouveau rendez-vous avec une Terre post-apocalyptique soft (on a déjà oublié l'origine du conflit) où les ingrédients d'un Ouest du temps de sa Conquête voisinent avec des éléments contemporains: ici un haut building vitré, là un dragster customisé façon Hells Angels, là-bas ce qu'il reste d'un parking automobile aérien (sa spirale d'accès bétonnée sera le lieu de l'épilogue)... etc.

Le scénario reprend un schéma classique du western hollywoodien des années 60's, tous les codes qui vont avec suivront, celui du grand propriétaire terrien cherchant à faire main basse sur des terres voisines. Une famille terrorise les fermiers alentour tout en se détruisant elle-même au rythme de ses dissensions internes. Tous les ingrédients sont présents: le patriarche en chaise roulante qu'on ne sait plus s'il est mort ou vivant, l'intendant aux ambitions acérées quitte à la trahison, le fils un rien fêlé aux moeurs dissolues ...!

Jeremiah et Kurdy, en héros de circonstance, se jettent en travers du jeu dominant, prennent fait et cause pour le dominé ... Tout irait bien dans le meilleur des mondes si l'ultime vignette, en pirouette définitive, n'offrait pas une vision assez pessimiste de la situation laissée derrière eux.

Le dessin s'est embelli, les à peu près d'antan tendent peu à peu à s'effacer, la série prend son rythme de croisière même si "Les héritiers sauvages" n'est pas le meilleur épisode de la série. Il se laisse néanmoins lire dans l'attente du suivant.
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De temps en temps, relire un Jérémiah...j'aime bien.
L'histoire de ce tome est un classique que l'on a déjà vu dans des genres divers, notamment dans le western. Une lutte fratricide avec des révoltés et des dominants...rien de bien original mais dans le contexte post-apocalyptique de Jérémiah, la dynamique prend parfaitement son essor, entre armes à feu, haches, chevaux et motos.
Kurdy est un peu en retrait dans cette histoire (j'ai toujours eu un faible pour Kurdy) et Jérémiah est celui qui, pour une fois, fonce sans trop réfléchir aux conséquences.
Un tome bien agréable à relire qui me donne bien envie de continuer de redécouvrir la suite.

Ce tome 3 des aventures de Jeremiah et de Kurdy Malloy utilise un ressort assez fréquent dans le genre, et que Hermann réutilisera par la suite pour Jeremiah. le duo arrive dans un coin où un clan terrorise tout le monde alentour, et c'est peu dire que Jeremiah et Kurdy mettent les pieds dans le plat. D'ailleurs, plus ils se sentent peu bienvenus et plus ils s'incrustent.

Variations sur un même thème, ici, c'est Jeremiah qui insiste, fonce bille en tête, mais avec plus de jugeote et de vaillance que dans le tome 1, alors que Kurdy veut partir... Il est question de succession et d'asservissement, de jeunesse désoeuvrée qui s'exerce sur les travailleurs, d'héritage et les trahisons s'enchaînent. Quelques scènes choc aussi... on balade un cadavre momifié de loin, afin de persuader les travailleurs (dont on oublie le nom et que l'on n'appelle plus que par des numéros) que le patron vit toujours...

Si on peut se réjouir pour le fait que l'on s'éloigne un peu des rouages "western" qui constituaient l'armature des deux premiers tomes, on peut aussi considérer que le scénario n'est pas des plus originaux. Force est toutefois de constater que le trait d'Hermann est sûr, maîtrisé et crée des effets incroyables. Il y a une osmose entre le scénario et le dessin. Et cela crée une densité, une cohérence dans le récit.