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Plébiscité par la presse, les blogueurs et les lecteurs de plateformes littéraires, « Blancs autour » est une BD ayant énormément fait parler d'elle ! C'est pourquoi, j'en ai rapidement fait l'acquisition pour ma médiathèque. Petit privilège de bibliothécaire : je l'ai lue avant de la mettre en rayon… Or, si je salue la qualité graphique et les messages dénoncés, je dois reconnaître avoir été assez déçue par ce récit. C'est triste, mais je pense que j'en oublierai vite son contenu… Est-ce parce que j'ai déjà lu des oeuvres sur ce thème ? Est-ce parce que j'ai l'impression que ce bel album n'innove pas vraiment ? Est-ce parce que j'avais énormément d'attentes grâce aux nombreux avis ? C'est bien probable, notamment à cause du dernier point. Suite à toutes ces chroniques dithyrambiques disant que cette oeuvre était incontournable, j'avais mis la barre très haute…

Cela dit, l'ouvrage a de belles qualités ! Pour commencer, j'ai tout simplement été charmée par le coup de crayon et pas les ambiances proposées au fil des pages. C'est beau, coloré et très agréable à lire. Quelques planches sont à couper le souffle ! Il y a également la thématique forte, vibrante, sensible et révoltante. L'histoire se base sur des faits réels, ce qui la rend d'autant plus puissante. En outre, lorsqu'on regarde les récents événements, on ne peut que serrer les dents et se dire que certaines mentalités n'ont, hélas, pas évolué… Prudence Crandall a réellement existé : institutrice, elle sera l'une des premières à ouvrir une école destinée aux Afro-américaines. Comme le personnage de cette BD, elle devra faire face aux propos virulents, aux menaces et à la haine des autres habitants. Une Femme courageuse, admirable, droite, volontaire, engagée et pleine de belles valeurs.

Le dénouement pessimiste me rappelle d'autres titres signés Lupano, notamment le terrible « le singe de Hartlepool ». On est exactement sur le même type de dénouement : il laisse au lecteur un sentiment amer d'injustice, de révolte et de colère. Malgré le fait que je m'attendais à « plus », je recommande cette lecture. Certes, j'aurais espéré m'attacher davantage aux personnages, ressentir plus d'émotions (seuls deux moments m'ont touchée), approfondir certaines choses et lire davantage de pages… mais cette BD reste intéressante !
Lien : https://lespagesquitournent...
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Celui-là me faisait de l'oeil depuis sa sortie. Grâce à une amie, je viens de le dévorer et j'ai déjà envie de le relire, de l'offrir aussi et de le faire lire et découvrir à mon tour.

"Blanc autour" est un magnifique roman graphique inspiré d'une histoire vraie, ce qui le rend d'autant plus précieux et passionnant.
Mademoiselle Crandall est une jeune institutrice qui tient une école pour filles dans une petite bourgade non loin de Boston. En 1832, une école pour filles, c'est déjà révolutionnaire. Pour beaucoup, c'est surtout ridicule: à quoi bon enseigner la philosophie et la physique à ces créatures-là? Elles n'en auront pas tellement besoin pour tenir leur ménage... La communauté, condescendante, laisse pourtant faire et rit sous cape. Jusqu'au jour où mademoiselle Crandall va plus loin et décide de n'ouvrir son école qu'à des jeunes filles noires.
En 1832, l'esclavage n'était pas encore aboli sauf dans quelques états du nord du pays, dont le Connecticut. Hélas, ce n'est pas parce qu'un état se révèle progressiste que ses habitants le sont aussi et la plupart des blancs de Canterbury ne valent pas mieux que les pires planteurs de Géorgie ou d'Alabama: les écolières et leur institutrice vont devoir faire face à une terrifiante vague de haine... Ils ne reculeront devant rien les blancs d'autour.

J'ai été happée, retournée, très émue aussi, par cette lecture forte, engagée, révoltante... mais pleine d'espoir aussi. Un espoir douloureux mais un espoir quand même.
Bien sûr, une telle histoire pourrait se suffire à elle-même mais il y a la manière dont Wilfrid Lupano (que je ne connaissais que pour ses inénarrables "Vieux Fourneaux") la raconte, dont il façonne chaque personnage et mène l'intrigue. Il y a aussi les très belles planches de Stéphane Fert (que je ne connaissais pas, mais je m'en vais très bientôt combler cette terrible lacune!) dont l'onirisme certain ne masque pourtant pas la cruauté de l'histoire. Au contraire, il la dévoile avec des teintes délicates, froides, avec une pudeur qui en trahit toute la violence. Quant aux personnages, ils sont croqués avec beaucoup de vivacité, ce qui les rend étrangement réalistes. Réels même. C'est un travail magnifique pour un ouvrage tout aussi et ô combien nécessaire. A lire et à mettre entre toutes les mains.


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"Blanc autour" est une bande dessinée à lire pour réfléchir et exercer son libre arbitre. Elle s'inspire d'une histoire vraie. Celle de Prudence Crandall. Une jeune institutrice qui a ouvert en 1832 la première école destinée aux jeunes femmes de couleur, dans une Amérique raciste. Comment d'un projet innovant nait une révolte villageoise ? Quelle est l'essence de la rébellion ? Les questions affluent et laissent également la part belle à la réflexion. D'un point de vue graphique, la palette de couleurs est vive et originale entre ombre et clarté. Il parle du combat pour l'éducation et la liberté des femmes de couleur : deux préoccupations et sujets qui ont également fortement colorés les dossiers d'actualité.
#netgalleyfrance #blancautour
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Une lecture nécessaire et édifiante qui force le respect à la découverte de femmes telles que Prudence Crandall et de ses courageuses élèves.

Dans ce roman graphique, on nous dépeint le choix d'une femme : celui d'enseigner dans les années 1830 aux Etats-Unis aux jeunes filles (déjà, ça ce n'est pas aisé!) noires. Cette décision qui "menace" l'ordre établi jusqu'ici n'est pas au goût des voisins. le combat de cette institutrice et de ses élèves, qui restent malgré les dangers et les actes ségrégationnistes des alentours, est retracé avec beaucoup d'émotions dans ses planches.

Si le trait de crayon me laisse un peu dubitative par moment, le choix des planches et leurs couleurs m'a en revanche complètement séduite.

Un ouvrage fort, à mettre entre toutes les mains!
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A Canterbury dans le Connecticut, l'école pour jeunes filles que dirige Miss Crandall a bonne réputation. Propre et bien tenue, on y enseigne l'écriture, l'arithmétique, la grammaire, l'histoire et la géographie ainsi que les sciences, les arts et même le français. Tout cela grâce aux généreux mécènes de la ville. 
Les jeunes filles ne manquent de rien et l'on dit partout le plus grand bien de cette institutrice dévouée.
Jusqu'au jour ou elle décide d'accueillir une nouvelle élève… noire.
Trente ans avant l'abolition de l'esclavage, dans cet état où les noirs sont déjà libres mais bien loin d'être égaux en droits, la volonté farouche de Miss Crandall à accueillir toutes les jeunes filles, sans distinction, passe très mal.
Et la population compte bien montrer son opposition, par tous les moyens…

Cette version romancée d'un fait historique plutôt méconnu m'a beaucoup plu, en premier lieu pour la qualité des illustrations de Stéphane Fert, dont l'univers très marqué, bien reconnaissable est assez immersif.
L'histoire quand à elle est tristement révélatrice d'une époque où l'éducation des filles passait pour une sorte d'occupation amusante avant le mariage, et seulement réservée aux demoiselles blanches et riches.
J'ai été interpellé par la violence des représailles à l'encontre d'une communauté noire encore considérée comme subalterne et méprisée, malgré l'abolition de l'esclavage dans cet état du nord. Ni citoyens américains, ni esclaves, leur statut est un entre-deux bancal, à la sécurité précaire.
Et dans le contexte de peur qui imprègne le pays suite à la révolte sanglante initiée par Nat Turner, les mentalités ne sont visiblement pas prêtes pour ce changement.
Un beau roman graphique, qui raconte surtout le courage et l'indépendance d'esprit d'une femme qui croyait au progrès par l'éducation des filles, de toutes les filles.
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1832 - Connecticut
Ouverture d'une école pour filles noires dans un contexte où les esprits sont encore marqués par la révolte sanglante d'esclaves menée un an plus tôt par la bande de Nat Turner.
L'abolition de l'esclavage dans cet état a eu lieu en 1784, mais de là à considérer qu'éduquer des femmes noires est une bonne chose, on imagine sans mal que ce n'est pas gagné.

Cette histoire est inspirée de faits réels.
Au premier abord, on pourrait penser que le sujet principal est le ségrégationnisme, or le combat féministe se mélange complètement au sujet. Si en plus d'être noire, tu étais une femme, c'était démarrer sur le dernier barreau de l'échelle de la respectabilité.

Question coup de crayon, j'ai été charmée par ces bulles en vue latérale dézoomée qui m'a fait penser à la vue 2D des vieux jeux d'arcade.

Je me suis intéressée à cette BD parce qu'on m'a dit que Stéphane Fert était Palois. Je ne sais si c'est vrai, mais je veux bien découvrir ce qu'il a créé d'autre.
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Jeune enfant, on m'avait expliqué à l'école que la guerre de Sécession avait eu lieu parce que les vilains du Sud étaient esclavagistes et que les gentils du Nord pas.

Qu'au Nord, les Noirs n'étaient pas traités en esclaves mais en Hommes libres…

Puis, un jour, en lisant l'album "Black Face" des "Tuniques Bleues", j'avais appris que si les Noirs n'étaient pas des esclaves dans le Nord, ils n'avaient pas de droits, zéro, nada, que dalle et étaient aussi mal considérés que dans le Sud (et sans doute dans nos pays aussi, ne nous faisons pas plus catho que le pape).

Les dessins sont spéciaux, mais ils ne m'ont pas dérangé une fois que je m'y suis habituée. J'ai aimé le style minimaliste de certaines cases, sans paroles, mais où les expressions affichées sur les visages des gens montraient bien tout le bien qu'ils pensaient qu'une jeune fille noire soit instruite et qu'ensuite, toute l'école pour jeunes filles Blanches devienne une école pour les jeunes filles Noires.

Nous sommes dans le Nord, l'esclavage est aboli, mais n'allez pas croire que les Blancs acceptent que les Noirs aient des droits, ni même le droit à l'instruction, car c'est dangereux d'être instruit, de savoir lire, écrire. le dernier Noir a qui on a appris à lire s'est révolté. Pour eux, pas question ! Déjà que l'on accepte que des jeunes filles blanches soient instruites… Manquerait plus que toutes les femmes le soient !

Les Noirs ont juste le droit d'être leurs bonnes à tout faire, leur homme à tout faire, bref, de bosser librement mais en se taisant, merci bien. Pourtant, si ces personnes qui poussent des hauts cris s'étaient intéressés à ces jeunes filles, ils auraient appris qu'elles venaient quasi toutes de familles afro-américaine appartenant à la middle-class.

Ce roman graphique, sans montrer trop d'horreurs, nous laisse quand même entrevoir entre les lignes, avec des images sans paroles, toute la violence contenue dans ces hordes de gens bien pensants qui estimaient que les jeunes filles Noires ne pouvaient pas être instruites.

Car ils se doutaient que cela ne s'arrêterait pas là, que ça impliquerait ensuite que leur monde allait changer et eux, comme des petits enfants, ne voulaient pas que leur monde change ! Normal, ils avaient le pouvoir… Il ne fallait pas compter non plus sur les femmes Blanches pour jouer la solidarité féminine puisque ces dames étaient des épouses soumises aux avis de leur mari.

Wilfried Lupano use toujours de finesse dans ses analyses de situation, sans manichéisme, ses portraits de personnages sont travaillés et l'auteur explore plusieurs pistes, plusieurs courant de pensées, nous remettant en mémoire que l'Enfer est pavé de bonnes intentions…

Avec peu de mots il arrive à regrouper tous les comportements aberrants, lâches, violents, disproportionnés, des gens quand ils ne sont pas d'accord avec quelque chose. Certains crient des choses sensées, véridiques, afin d'ouvrir les yeux des filles et le jeune Sauvage, petit garçon Noir libre d'aller où il voulait, sans jamais avoir été instruit, avait tout compris.

Les Blancs de cette Histoire sont instruits, la plupart (surtout les hommes), mais jamais ils n'useront du dialogue, ne s'exprimant que par la brutalité des gestes et des mots, comme s'ils étaient tous mal dégrossis. Et toujours à plusieurs parce que la lâcheté les empêcherait de le faire seul. Ensuite, comme toujours, les gens se donneront bonne conscience en disant qu'ils n'étaient pas d'accord avec cette folie furieuse.

Lorsqu'on connait l'Histoire américaine et que l'on sait qu'à la rentrée des classes 1957, dans les universités, il fallût accompagner les quelques étudiant(e)s Noirs qui y firent leur entrée par des gars de la Easy Compagny, on se dit que le chemin va être encore long et laborieux avant que le regard des gens changent…

Et au vu de l'actualité, je me dis que le regard des gens n'a pas changé autant que ça, malheureusement.

Un magnifique album graphique qui met en scène une partie de l'Histoire dont nous n'avions pas connaissance et je me suis réjouie de l'apprendre parce que dans toute cette merde ségrégationniste, il y avait des gens biens et malgré tout, des lueurs d'espoir.

Non, la liberté n'est pas gratuite, faut aller la chercher, se battre pour l'avoir, pour la garder, mais qui dit liberté dit aussi responsabilités.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Blanc autour est basé sur une histoire vraie , nous sommes en 1832 dans une petite ville du Connecticut , Florence Crandall a crée sa propre école pour jeunes filles .
Quand elle accueille la première jeune fille noire c'est la révolution , l'incompréhension totale envers cette décision qui est trop d'avant garde pour son temps .
Les gens de l'époque sont marqué par un horrible fait divers , le massacre perpétré par Nat Turner , ancien esclave instruit qui a pris la tête d'une révolution qui fera de nombreux morts et qui marquera les esprits pour longtemps.
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Lupano, auteur des Vieux Fourneaux ou du Loup en Slip, s'attaque cette fois-ci à un récit réel sur le racisme. On connaît sa manière de ruer dans les brancards, de démonter les idées d'extrême droite de façon burlesque et avec dérision. Il évite de tomber dans un style journalistique, même si le récit est très documenté, Lupano fait du Lupano sur un sujet sérieux, et c'est tant mieux, parce quand il utilise son talent de dialoguiste, il est très bon. J'ai trouvé particulièrement juste la page sur les arguments des racistes, traité par petites phrases qui tombent dans le ridicule le plus total, et ces petites phrases, se sont celles qu'on entend encore régulièrement de nos jours, des arguments ineptes qui ont malheureusement encore cours en 2020. Les dialogues sont loin d'être aussi légers qu'ils ne paraissent, c'est pertinent et nous fait voir le sujet avec les subtilités des différents arguments. le personnage le plus intéressant est certainement ce petit garçon sauvage, sa présence amène le trouble dans notre vision du sujet et dans les esprits des différents camps.
Le graphisme est superbe, fait de surfaces de couleurs lourdes et intenses, de silhouettes, de grâce et d'élégance, et s'accorde au récit, à l'ambiance XIXe siècle.
Les auteurs nous offrent ici un récit édifiant, passionnant, un moment de l'histoire trop méconnu chez nous, et en évitant le ton journalistique, ce récit devient universel, sur la nature humaine, sur le caractère malheureusement immuable de la bêtise, et c'est traité avec un humour léger et subtil malgré la gravité des évènements, offrant une lecture plaisante et pas trop pesante… C'est la patte de Lupano, militant mais drôle, c'est ce que j'aime chez lui.
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Un scénario excellemment construit, qui dit et qui fait réfléchir ; des illustrations belles et poétiques, recréant le monde du début du 19ème. Mais malheureusement, ça n'est toujours pas "historique".
1834 : une petite fille intelligente et vive entre à l'école. Cet évènement va déclencher une crise sans précédent à Canterbury, paisible bourg du Connecticut : car la petite Sarah est noire. C'est cette histoire qui est racontée par ce splendide album.
1957 : neuf lycéens doivent faire leur rentrée sous la protection de la Garde nationale à Little Rock, dans l'Arkansas. Ils sont les premiers Noirs dans ce lycée. En lisant Blanc autour, j'ai eu sans cesse en tête l'image emblématique d'Elizabeth Eckford.
2013 : naissance du mouvement Black Lives Matter, en réaction contre les violences racistes dont sont victimes les personnes noires aux États-Unis.
Samedi dernier, un suprémaciste blanc de 18 ans a tué 10 personnes en leur tirant dessus dans un supermarché de Buffalo.
Cette chronologie est consternante, désespérante.
Ne vaincrons-nous jamais "la bête immonde" ?
Entre-temps, en 2009, Barack Obama est devenu le premier président afro-américain des États-Unis ; en 2021, Kamala Harris est la première femme, et la première Noire, à accéder à la vice-présidence.
Aujourd'hui des millions de petites Sarah peuvent aller à l'école.
Mais pas en sécurité, toujours pas.

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