Des amis imaginaires

Deux sociologues s'intègrent dans une secte d'illuminés croyant aux esprits venus d'un monde extra-terrestre, afin de les étudier de l'intérieur dans le cadre de leur étude. Ils se prennent au jeu, deviennent victimes de leur propre univers scientifique.

Troisième roman de 1967 d'Alison Lurie après les très corrects et amusants "Les amours d'Emily Turner" et "La ville de nulle part".

Grosse déception. "Tout ça pour ça", telle est mon impression après la lecture d'une histoire dont on ne sort pas plus éclairé au début qu'à la fin. Des illuminés restent des illuminés. Si l'on s'intéresse aux sectes et à leur mode de fonctionnement autant lire un véritable essai sur le sujet.

Dans les deux premiers romans on s'attachait à des personnages qui avait une épaisseur psychologique, une histoire, on s'identifiait à eux, on évoluait avec eux. Ici, rien. Les membres de la secte sont plaqués, on ne connaît rien sur eux et rien n'évolue à part la petite vie de communauté à l'intérieur de ce microcosme. Bien sûr il y a des événements, des personnages qui ont de l'influence, qui sont en désaccord, mais on tourne en rond. Tout est froid, rationnel, simpliste, voire grotesque. Verena la jeune gourou dont tombe plus ou moins amoureux le narrateur, le plus jeune des deux sociologues, aurait pu être intéressante, mais elle s'est effacée au fil du roman. Enfin, l'humour, présent dans les deux premiers romans, est absent ici, sauf dans une scène cocasse où Venera (Lucide ? Naïve ? Illuminée ? Manipulatrice ?), tenant le narrateur énamouré dans ses bras, appelle l'Amour Cosmique et manque de le faire totalement succomber à ses charmes.

Alison Lurie démontre ses qualités d'écrivain, le roman est bien construit, l'intrigue est à peu près cohérente, mais c'est quand même bien tiré par les cheveux et assez vain au final.