M'étant arrêté devant un ravissant bourgeon entrouvert que je crûs être celui d'un frêne, j'ai aussitôt entrepris de le dessiner dans le fin détail et avec la plus grande minutie afin de ne rien perdre de tous les secrets qui m'étaient livrés à sa vue. Or, à l'intérieur de ce paysage, j'en découvris soudain un autre, puis un autre, puis un autre encore. C'était comme si, après avoir été saisi d'émotion en entrant dans une grotte ravissante, je décidais de l'explorer en prenant tout le temps qu'il fallait, des années si nécessaire, approfondissant le mystère de chaque salle et m'en laissant imprégner tant que le charme allait opérer. C'est ainsi qu'après deux heures occupées à dessiner mon bourgeon, j'étais, me semble-t-il, parvenu à entrer dans le rêve du bourgeon. J'avais entendu la musique qui émanait du rapport de ses formes, j'avais perçu les harmonies de ses textures, le sourire discret de son mouvement, la pureté de ses couleurs, la simplicité parfaite de son offrande, l'amour qu'il me tendait.
Si tu désires l'inpiration, fais en sorte d'être un canal pur, authentique et disponible, car l'inspiration se déverse là où elle peut.
L'artiste de lumière se sait habité par la lumière, une lumière éternelle. C'est dans la mesure où il s'abandonne à sa conduite et se laisse en quelque sorte peindre par elle qu'il prendra part véritablement à la fête de la création.
Tout est déjà là de toute éternité. C'est le chemin qui mène d'ici è là que je m'applique à découvrir.
Ce n'est pas mon tableau à moi que je désire peindre ; c'est celui que le Grand Artiste est en train d'esquisser au fond de mon atelier pour le bonheur de l'humanité.