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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comme pour la dentelle où les fuseaux s'entremêlent pour donner naissance à une pièce fine et délicate, le roman de Sara Lövestam exige un peu de temps de mise en place : exactement huit courts chapitres pour aligner les huit fuseaux essentiels au tissage de l'histoire.

Il faut donc accepter de prendre son temps, accepter de suivre patiemment quatre objets anciens, leur laisser le temps de se rejoindre et d'entrer en contact avec Hanna pour changer sa vie à jamais, lui donner envie de se redresser et de s'affirmer.

Hymne à la féminité, hommage à la mémoire des objets, à la transmission, En route vers toi est un livre délicat et poétique. L'auteure, sur fond de lutte pour le droit de vote des femmes en Suède au début du XXe siècle, nous livre une histoire tout en sensibilité et intelligence sur l'amour d'une femme pour une autre femme à une époque où c'était tout bonnement inconcevable.

De la fine dentelle suédoise. J'ai beaucoup aimé.
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Sara Lövestam a pris pour point de départ un fait de société notoire, le droit de vote octroyé aux femmes en Suède en 1921 (en France, nous devrons attendre 1944); y a adjoint le tabou absolu qui entoure l'homosexualité féminine au XIXe siècle; a dressé le portrait d'une femme du XXIe siècle tiraillée entre ce que la société attend d'elle et sa propre personnalité; et y a parsemé quelques miettes d'ésotérisme dans la capacité qu'a chacun de considérer les coïncidences qui apparaissent dans sa réalité, pour rédiger un roman passionnant.
En effet, il est difficile de lâcher ce récit de presque 600 pages tant l'intrigue captive. Celle-ci est scindée en deux univers. Tout d'abord celui de Signe, jeune institutrice du début du XIXe siècle, engagée dans la lutte pour l'obtention du droit de vote des femmes (et dans une moindre mesure, pour l'égalité des salaires entre les deux sexes) tout en rédigeant des poèmes d'une extrême sensibilité à l'intention de ses amours tenues secrètes. L'autre partie concerne Hanna, conseillère désabusée à l'Agence pour l'emploi, mal dans sa peau et en plein questionnement existentiel. Cette dernière va s'engager dans une quête qui se révèlera plus longue et plus formatrice que prévu, suite à l'apparition conjointe de quatre objets qui lui seront confiés en l'espace d'une seule journée et de manière incongrue: une paire de lunettes en métal, des bottines, une broche en argent et une règle de bois.
Autour d'elle vont se greffer des personnages parfois loufoques mais toujours attachants, désireux eux aussi remonter le fil du temps tout en regardant évoluer L Histoire depuis le fin fond de la campagne suédoises.
Les chapitres courts se terminent toujours sur une note de suspense, notamment parce que les rebondissements sont nombreux et imprévisibles!
Un véritable plaisir de lecture!
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Le combat pour le droit de vote des femmes en Suède est la toile de fond du roman En route vers toi. Nous y suivons deux héroïnes : Hanna, une jeune femme qui vit à notre époque, et Signe, une institutrice vivant en 1906. C'est par l'intermédiaire de quatre objets que nous faisons la connaissance de ces deux personnages : une broche, une paire de lunettes, une règle en bois et des bottines. Ces quatre objets ont appartenu à Signe, et bien des années plus tard, le hasard les réunit et les place entre les mains de Hanna.
De la lutte pour le droit de vote à l'affirmation de soi

Nous suivons Signe de 1906 à 1921. C'est sa rencontre avec Anna, une suffragette, qui la pousse à rejoindre les femmes qui luttent pour obtenir le droit de vote. Au cours de ces années, l'institutrice évolue et s'affirme. Elle apprend à défendre ses idées, ce qui ne plait pas aux habitants de Tierp, petit village éloigné de la modernité de Stockholm. Parce qu'elle est une femme, Signe a un salaire inférieur à celui des instituteurs. C'est d'abord pour arrêter cette injustice que Signe s'engage, avant de s'intéresser au droit de vote. Mais ses convictions dérangent. L'arrivée d'Anna, une jeune femme venant d'une famille aisée de Stockholm, chamboule la vie de Signe.

Avec Anna, Signe ne va pas seulement apprendre à argumenter et défendre ses idées, mais aussi à accepter son homosexualité. Paradoxalement, les habitants de Tierp ne semblent pas se douter de la relation que vivent les deux jeunes femmes. Étant institutrice, Signe ne peut pas se marier et continuer d'exercer son métier (car l'institutrice doit être entièrement dévouée à l'instruction des enfants). Alors la voir passer son temps avec une femme est préférable que de la voir fréquenter un homme.

Aux côtés de Signe, on suit les femmes qui luttent pour le droit de vote et on s'indigne face aux remarques sexistes auxquelles elles doivent faire face. le chemin est long et difficile et on ne peut que les admirer pour leur ténacité. Les personnages féminins décrits par l'auteur sont hauts en couleurs et très attachants.
Enquêter sur une autre pour retrouver confiance en soi

A notre époque, Hanna bénéficie des droits acquis grâce au combat des femmes. Mais elle ne s'en rend pas compte car, ayant toujours vécu avec ces droits, elle ne réalise pas qu'elle en bénéficie grâce à un long combat. Hanna travaille dans un centre de recherche d'emploi, ne s'y plaît pas, et surtout : elle ne se plait pas à elle-même. Elle ne se respecte pas, et donc ne s'oppose pas au fait que les autres ne la respectent pas non plus. Sa mère est détestable. Quant à Johan, le compagnon d'Hanna, il ne cesse de se moquer d'elle. Leur couple ne fonctionne plus : ils ne se parlent plus, ne se regardent plus.

Quand Hanna se retrouve, par hasard, en possession des objets ayant appartenu à Signe, elle s'y intéresse pour mieux oublier sa propre vie. Lorsqu'elle porte les lunettes de Signe, Hanna retrouve confiance en elle et s'affirme. Elle embarque dans ses recherches un commissaire-priseur en fin de carrière et tous deux parcourent le pays pour retracer le parcours de Signe. Leur enquête a fait ressurgir en moi des souvenirs liés au travail de recherche que j'ai fait pour mon mémoire. Je me suis retrouvée en Hanna en lisant ses questionnements, sa joie de trouver des indices, son émotion lorsqu'elle découvre des lettres de Signe…

Hanna est un personnage lui aussi très attachant et dans lequel les jeunes femmes pourront facilement voir leur reflet : elle manque cruellement de confiance en elle, se trouve trop ceci, trop cela, pas assez comme-ça… le roman montre que quelle que soit l'époque, début XXe siècle ou XXIe siècle en l'occurrence, les femmes souffrent du poids des attentes de la société.

En cherchant à en savoir plus sur Signe, Hanna fait parallèlement le chemin vers la confiance en soi. C'est aussi un combat qu'elle mène, qui n'a peut-être pas la même ampleur que la lutte pour l'obtention de droits, mais qui est tout de même difficile et qui demande de se battre à chaque instant.

Ce sont donc de beaux portraits de femmes que nous propose Sara Lövestam. On s'attache facilement à Signe et Hanna mais aussi aux personnages secondaires. J'ai aimé les suivre dans leurs cheminements et j'ai ressenti cette tristesse particulière qu'ont les lecteurs quand ils quittent les personnages et regrettent d'avoir lu leurs aventures trop vite et de voir arriver, déjà, le dernier mot.
Lien : https://vagueculturelle.word..
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Magnifique roman ! En route vers toi, c'est quinze ans de la vie de Signe, une institutrice suédoise du début du 20e siècle engagée pour l'égalité salariale puis pour le droit de vote des femmes. Ses combats vont lui permettre de vivre des passions amoureuses avec d'autres militantes. En parallèle, un siècle plus tard, Hannah, se retrouve, par hasard, le même jour, en possession de quatre objets ayant appartenu à Signe. Ces objets vont la conduire sur les traces de leur ancienne propriétaire tout en changeant sa vie, lui donnant plus d'assurance et lui permettant de s'interroger sur qui elle est vraiment tout au fond d'elle.
L'alternance de courts chapitres rend la lecture de ce très beau roman d'amour haletant. Sara Lövestam entretient parfaitement le désir d'aller plus loin dans l'histoire si bien qu'à la fin de chaque chapitre, on se dit : allez, encore un ! et ce jusqu'à des heures avancées de la nuit !
Bien que les constructions des deux romans soit très différentes, je n'ai pu m'empêcher de rapprocher cette histoire de Caresser le velours de Sarah Waters que j'avais tout autant adoré. Les émotions décrites par Sara Lövestam sont toujours justes et il est bien difficile de résister à l'empathie, de ne pas rentrer dans le roman. Et la dernière page achevée, on regrette de devoir quitter ces personnages qu'on a accompagnés, dont on a intégré le monde, dans lesquels on a mis un peu de nous pour les faire mieux vivre.
Je recommande sans aucune réserve ce livre fin, intelligent et émouvant. Ce que j'aime la littérature !
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La Suède coté maintenant et avant au début des automobiles. Double histoire menées comme un policier. Force et humour. du très bon.
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