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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ma Jian fait partie de la diaspora des écrivains chinois. Ses romans n'ont aucun relai dans son pays natal.
Lors des deux premières pages de China Dream , Ma Jian nous expose la situation actuelle de son pays et le rôle qu'y tient Xi Jing Ping, président nommé à vie et développant dans des proportions inquiétantes son culte de la personnalité. China Dream , le rêve chinois est une réalité . Celle de devenir la première puissance économique mondiale à l'horizon 2049, pour fêter le centenaire de l'arrivée au pouvoir des communistes. c'est avec cet arrière plan que Ma Jian a construit un roman intéressant mais décousu.

Ma Daode est un haut dirigeant et tente de développer une puce neuronale qui effacerait le passé de chaque individu , laissant place à l'implantation du rêve chinois de Xi dans chaque cerveau. Cependant, son passé l'obsède et le ramène à la révolution culturelle (1966) et la mort de ses parents.

Beaucoup de bonnes idées dans ce roman , des passages très réussis comme celui de la résistance du village ...mais aussi trop de mélange entre fiction , réalité, vivants, morts qui donnent une sentiment de confusion.
Dommage car l'idée initiale , du lavage de cerveau (expression née en Chine) est intéressante.
Il n'empêche que l'on retrouve quelques caractéristiques des romans chinois : Cruauté, la révolution culturelle est bien décrite notamment dans les clivages humains qu'elle a pu engendrer, amour débridé, situation cocasse, nom de personnage exotique, insultes, lutte des classes...
Il manque juste le ciment, le fil conducteur qui eut pu rendre l'ensemble plus fluide.
Cela reste cependant une lecture rapide et agréable.

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La réputation de Ma Jian n'est plus à faire : peintre, journaliste, écrivain, cet auteur chinois éclectique a derrière lui de nombreuses années passées à lutter contre la dictature communiste. Dans son livre « China dream », il dépeint une forme de schizophrénie métaphorique qui imprègne la société chinoise.
Ma Daode, le personnage principal, est un fonctionnaire directeur du nouveau « Bureau du rêve chinois ».
Cet homme replet aux multiples maîtresses, qui se prélasse dans son duplex avec sa femme, a grandi pendant la Révolution culturelle.
Il veut créer un implant du rêve chinois qui remplacerait la mémoire et les rêves de la population par les projets et ambitions du parti.
En parallèle, il est assailli par les souvenirs de son enfance et son adolescence, des traumatismes resurgissent, au fur et à mesure des pages.
J'ai trouvé ce roman très poétique. L'auteur fait preuve d'humour et même de tendresse pour ses personnages, la dérision et le grotesque parsèment ses lignes.
Une manière douce et presque délicate de lutter contre la dictature et l'oubli des grands drames qui ont jalonné l'histoire de la Chine.
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L'auteur, Ma Jian, est un dissident chinois, dont les livres sont interdits dans son pays. Exilé à Londres, il recourt à un mélange de farce cynique et d'informations quasi journalistiques sur son pays afin de dénoncer la situation politique établie par le président Xi Jinping et ses partisans.

Le personnage central est Ma Daode, directeur municipal de la ville de Ziyang. Sa tâche actuelle ? Participer au Rêve chinois en détruisant la pensée ancienne, les rêves anciens, pour laisser le champ libre à la nouvelle idéologie. En fait, permettre à la Chine, lors du centenaire de la république (2049, donc) de réaliser l' « unité mondiale » souhaitée par Gengis Khan !

Vaste programme ! les Chinois devraient se voir implanter une puce de l'oubli, celle du Rêve chinois. Fini, les souvenirs de la Révolution culturelle, les millions de morts, les intellectuels envoyés aux champs se faire rééduquer par les paysans. Finies aussi les luttes entre factions de Gardes rouges, plus violentes et plus ambitieuses les unes que les autres. Finies aussi les petites faiblesses des chefs, corruptions en tous genres et profits illégaux.

Oui mais. Finis aussi les joies tendres de la jeunesse, les douceurs de la vie au foyer, les amis étudiants, la famille, les rires d'autrefois. Finis aussi les deuils, les chagrins d'avoir mis au tombeau ses parents dans un cercueil en carton, faute de moyens dignes d'eux. Fini aussi le souvenir de ses parents, droitiers, comme ils disent, humiliés publiquement, sa mère torturée par les Gardes rouges, et leur double suicide par pendaison, en cachette dans le grenier où on a relégué la famille. Oubliée aussi, la trahison de Ma Daode qui a proposé aux Gardes rouges de détruire leur maison. Et le voilà devenu un notable du Parti, mais à quel prix !

Le regard de Ma Jian est acéré, éminemment critique, partisan bien sûr. Pourtant, je retrouve sous sa plume ce que j'ai moi-même observé en Chine, et c'était bien avant Xi Jinping. Commissaires de quartier, chargées (c'étaient des femmes) de faire avorter celles qui prétendaient avoir plus d'un enfant, abandon des enfants nés hors la loi, impossibilité pour eux d'exister socialement : ni déclarés, ni scolarisés, ni soignés. Et ces étudiants de la Place Tian'anmem, brillants, auxquels il a été demandé de choisir entre droit à l'étude et internement. C'était en 1989. Mais la vie est-elle plus facile aujourd'hui en Chine pour ceux qui voudraient penser par eux-mêmes ? L'idée de l'auteur, celle du lavage de cerveau via un implant de puce, est peut-être farfelue et presque amusante. Jusqu'à quel point ?

Quant à cette volonté de s'imposer comme première puissance mondiale, on en a vu les effets sur les vieux quartiers de Pékin et de Shanghai, pour ne citer que ces deux villes : destructions des maisons anciennes, de quartiers entiers aux populations déplacées, pour construire immeubles de bureaux, parkings et zones industrielles à leur place. Nous ne reverrons à peu près rien des anciens hutong de Pékin, pas plus que le quartier des Légations, démolis pour faire place à des gratte-ciel.
Le progrès ? Je ne sais pas. En tous, cas, à quel prix... !

Ma Jian fait intervenir un « guérisseur qi gong », susceptible d'aider Ma Daode à faire le tri entre ses pensées anciennes à oublier (trop dangereuses) et celles qu'il veut garder. Moyennant finances, fortes finances. Là, je regrette de devoir dire à l'auteur : stop ! le qi gong ne permet rien d'aussi farfelu et, pratiqué par des gens de qualité, ne s'assortit pas de cette cupidité. Mais dans ce domaine, je ne suis pas impartiale, moi non plus !!

En conclusion, un livre à lire absolument, l'esprit critique ouvert et la volonté d'aller s'informer ailleurs également, pour ne pas tomber dans ce que reproche l'auteur à la Chine actuelle : la pensée monolithique.
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Farce cynique et déjantée, China Dream tombe à point nommé comme un pendant fictionnel teinté d'onirisme au passionnant essai "Dictature 2.0: quand la Chine surveille son peuple " qui dresse un portrait documenté et assez terrifiant de la Chine de Xi Jingping, nouveau grand timmonier résolument décidé à embarquer son peuple dans le rêve chinois qui renversera les valeurs occidentales.

La promotion du rêve chinois, c'est précisément le boulot de Ma Daode, fonctionnaire corrompu jusqu'à l'os, finançant ses multiples maîtresses à l'aide des pots de vin reçus, et qui rêve de la mise au point d'un implant contrôlant pensées et souvenirs de chaque citoyen.
À défaut de puce implantée, c'est la réminiscence de son passé que Ma va devoir s'affronter à l'occasion de son intervention officielle sur un site qui va être détruit (à l'image des milliers de villages rasés depuis trente ans pour construire la Chine nouvelle ), ce site étant le village dans lequel il commit les pires exactions pendant la révolution culturelle quelques cinquante ans auparavant. Dès lors, Ma est envahi de souvenirs qui perturbent sa personnalité et sa carrière, et qu'il doit à tout prix faire disparaître.
Roman militant d'un dissident particulièrement original et talentueux, China Dream peut surprendre avec sa tonalité tragico-burlesque très décalée mais vaut vraiment le détour pour sa mise en perspective d'une société chinoise moins en phase qu'il n'y paraît avec les rêves de grandeur d'un Parti toujours aussi omnipotent et plus que jamais décidé à contrôler les esprits.
Sans jeu de mot déplacé, on rit beaucoup à cette lecture mais on rit jaune, tant le propos est glaçant.
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Je remercie Babelio et les éditions Flammarion pour m'avoir permis de lire et apprécier ce livre dont l'auteur Ma Jian m'était totalement inconnu.
J'ai attendu quelques jours pour avoir un peu de recul sur ce livre avant d'en délivrer une critique.
L'avant propos est un vrai coup de poing qui vous plonge dans la réalité chinoise actuelle avec tout le cynisme de ses acteurs principaux.
L'écrivain Ma Jian, interdit de publication en Chine, et exilé à Londres nous invite dans un voyage littéraire entre la situation actuelle et l'époque de la révolution culturelle de Mao. Ces deux époques se superposent constamment dans ce qui les unit: la violence, l'endoctrinement, la peur, la détresse, la corruption, tous ses points communs qui s'entremêlent au cours du roman.
Ma Daode, directeur du Bureau du Rêve Chinois, a une mission importante: le rêve chinois de renouveau national doit pénétrer le cerveau de tous les résidents de la ville de Ziyang. Il souhaite ainsi développer une puce neuronale pour éliminer tous les souvenirs du passé.
Mais voilà que son passé malgré lui refait surface d'une façon inattendue, qui peu à peu le possède, le domine et on découvre son passé qui se relie à des faits très cruels qui se déroulaient sous Mao: délation de sa propre famille, les tueries entre les divers groupes des Garde Rouges. Ses souvenirs se manifestent et la moindre transgression est punie, et notre protagoniste de part sa position sociale qui lui permet d'avoir maîtresses et dessous de table, se retrouve peu à peu seul et rejeté.

Une fable sans fioritures qui nous dévoile comment le pouvoir actuel répond à cette phrase bien simple qui recueille une vison de l'avenir assez effroyable: " à George Orwell, qui avait tout prédit"

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Grâce à Ma Daode, haut fonctionnaire, la Chine va avancer à grand pas, vers ce Rêve Chinois voulu par le Président Xi Jing Ping... président nommé à vie.
Xi Jing Ping l'a chargé de développer une puce neuronale, "l'Implant du Rêve Chinois" qui sera greffée dans les cerveaux. Ainsi tous les "souvenirs qui ne cessent de refaire surface sans prévenir seront directement envoyés au Ministère de la Supervision".
Tout ça bien sûr pour servir les ambitions et le culte démesuré de la personnalité de Xi Jing Ping.
Un rêve qui n'est qu'un "mensonge de plus concocté par l'État pour effacer les souvenirs douloureux des cerveaux de ses citoyens et les remplacer par des pensées joyeuses. Des décennies d'endoctrinement, de propagande, de violence et de tromperie ont rendu le peuple si apathique et confus qu'il ne sait plus différencier les faits de la fiction." nous précise Ma Jian
Beau projet devant être mis en oeuvre par un dirigeant qui aimerait bien que son propre passé personnel ne remonte pas trop à la surface... Garde Rouge, il a dénoncé sa famille qui se suicida..
Mais ce passé remonte à la surface...
Un passé que la Chine mégalo comme son Président cherche également à refouler..Les cimetières des personnes exécutées pendant la Révolution Culturelle sont recouverts pas des dalles de béton sur lesquels se regroupent, sur ordre, les familles à l'écoute des discours mobilisateurs du Président
Fiction et vérité historique, présent et passé se mêlent, rendant confus parfois le discours de Ma Jian.
La critique du régime actuel est partout présente, mégalomanie du Président Xi Jing qui ambitionne de devenir Maître du monde, et dépasser les Etat-Unis, passé peu reluisant de certains dirigeants représentés par Ma Daode qui mène une vie de débauche avec 12 maîtresses auxquelles il envoie des textos pendant les réunions du Parti....Sans oublier la réplique du train bordel dans lequel se détendait Mao.
On frise parfois le délire, mais un Rève Chinois bien préoccupant, pour lequel Ma Jian nous alerte
Dystopie et Histoire se mêlent pour dénoncer la politique chinoise actuelle et ses dangers, ses doubles (ou plus) discours.
C'est bien le rôle d'un dissident. Ma Jian vit en exil
Autre dissident, Ai Weiwei qui a peint cette "forêt d'arbres morts monumentale" qui se trouvait à l'entrée de son exposition à la Royal Academy de Londres. Ma Jian précise : "Dans ces branches brisées, je vois la violence de l'autocratie, les fragments de l'être et le désir de liberté de l'âme humaine."
En exergue du livre est mentionné "À Georges Orwell, qui avait tout prédit".
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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"China dream", Ma Jian, 2019, Flammarion

Ma Daode est directeur du "Bureau du rêve chinois", dont la mission est d'effacer de la mémoire collective tout souvenir sale, cruel, sanglant qui pèse sur l'histoire de la Chine: la grande famine, la décennie sanglante de la révolution culturelle, l'exploitation des travailleurs, les exactions, les emprisonnements, les expropriations…
L'objectif est d'aller vers l'avant, d'accomplir le rêve chinois du président Xi Jiping pour faire de la Chine, en 2049, au centenaire de la fondation de la République Populaire de Chine, le nouvel ordre mondial.

Ma Daode, personnage fictif, est chargé de contrôler et de mettre en oeuvre cette amnésie collective: il imagine la fabrication d'une puce électronique à implanter dans les cerveaux du peuple.
Mais le voilà contraint à l'urgence: ses propres souvenirs d'horreur et de carnage le submergent. Plus il échafaude son plan, plus le passé ressurgit; un passé où il a tué, vu tué, massacré, vu massacré, un passé où il est allé jusqu'à laisser massacrer ses propres parents, humiliés quotidiennement en place publique.
Dans un pays où aucune incartade n'est autorisée, Ma Daode peut-il encore espérer oeuvrer pour le nouvel ordre chinois sans être démasqué?

La construction de ce récit est particulière: les événements présents et passés s'alternent en permanence avec un simple changement de typographie. Pour autant, je n'ai jamais été perdue.
N'étant pas une fine connaisseuse de l'Histoire chinoise, l'avant-propos m'a bien aidé. Je suis d'ailleurs allée le relire à la fin.

J'ai savouré cette lecture: un récit subversif, drôle, sarcastique, monstrueux et bien écrit, qui en 200 pages en dit long sur la mainmise de la Chine sur le monde. Une bonne découverte!

Ma Jian est interdit de séjour en Chine, aucun de ses livres n'y sont publiés.

Traduit de l'anglais par Laurent Barucq

Lien : https://carpentersracontent...
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Ma Jian est un intellectuel chinois, vivant en exil à Londres, qui nous a déjà donné plusieurs livres sur la face obscure de la Chine contemporaine sous la dictature de Xi Jinpin. Un dirigeant, faut-il le rappeler, qui s'est fait élire récemment Président à vie. Avec China Dream (Flammarion, 2018), l'auteur nous entraîne sous forme de roman dans l'univers de la corruption qui gangrène l'administration à tous les niveaux. Il met en scène Ma Daode, 62 ans, ancien Garde Rouge et aujourd'hui fonctionnaire dépravé dans une ville provinciale, Ziyang. Il est de surcroît l'un des dirigeants du « Bureau du Rêve Chinois », chargé de nettoyer de la mémoire de la population les souvenirs atroces de la Révolutions Culturelle et de les remplacer la vision glorieuse de la Grande Chine Maître du Monde de Xi Jinpin. Et cela n'est pas de la fiction . Là où l'auteur en rajoute un peu, afin de donner plus de corps au délire ambiant, c'est quand il nous explique que Ma Daode travaille sur un implant qui serait greffé sur les glorieux travailleurs pour faciliter le phénomène de l'oubli. Une mise au point délicate qui n'est pas exclusive de l'utilisation d'un bon vieux remède de sorcier, la Soupe du Rêve Chinois. Car il est urgent d'oublier. La vie du fonctionnaire est polluée par la remontée à la surface de souvenirs atroces, et notamment alors qu'il était Garde Rouge. Il a en effet dénoncé ses parents comme « droitiers », ce qui les a conduits au suicide.
Car Ma Daode aurait tout pour être heureux : une collection impressionnante de maîtresses, des enveloppes de « pots de vin » bien garnies, des primes de fonction qui lui permettent de mener grande vie et de bénéficier des petits plus réservés aux cadres supérieurs du parti. Tel ces lupanars de luxes où on peut s'envoyer en l'air avec de charmantes créatures déguisées en Gardes Rouges tout en écoutant des champs révolutionnaires et en dégustant les meilleurs crus de vins français.
Un récit poignant qui a le parfum de l'authenticité.
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Parce qu'il n'y a pas que Houellebecq dans la vie (littéraire) pour révéler toutes les bassesses et les compromissions dont les hommes sont capables, Flammarion publie également en cette rentrée le nouveau roman d'un dissident chinois exilé en Grande-Bretagne...

Ma Daode est un haut fonctionnaire, un statut qu'il doit à la dévotion qu'il voua autrefois à Mao et à la combativité sans faille dont il fit preuve au sein des Gardes Rouges. Aujourd'hui, il dirige le Bureau du Rêve Chinois, ayant ainsi la lourde responsabilité de mettre en oeuvre le programme défini par le président Xi Jinping.

Mais les temps ont changé. Il n'est plus question de grand rêve communiste égalitaire, mais d'une Chine ayant pour objectif de devenir la première puissance économique mondiale. Plus question de Révolution culturelle ni de Grand bond en avant. Les millions de morts que provoquèrent l'une et l'autre, les humiliations et les infamies sont passés par les oubliettes de l'Histoire.
Alors, lorsque Ma Daode commence à faire des rêves obsédants le replongeant dans sa jeunesse, lorsqu'il voit resurgir sa petite amie de l'époque, morte lors d'affrontements entre factions rivales des Gardes Rouges, lorsqu'au cours de discours publics il se met à faire malgré lui des allusions à la politique de Mao, il doit trouver au plus vite la formule qui lui permettra de réinitialiser sa mémoire, sous peine d'être destitué... Il doit impérativement faire table rase du passé pour mieux se projeter dans le nouveau Rêve Chinois et continuer ainsi à jouir des nombreux avantages, passe-droits et pots-de-vin que sa position lui assure. Mais comment oublier qu'on a donné la mort, qu'on a humilié et qu'on a renié jusqu'à ses propres parents, conduisant ceux-ci au suicide ?

Mêlant les souvenirs du héros à sa situation actuelle et en instillant une dose de surnaturel dans une réalité parfaitement triviale, Ma Jian brosse le portrait d'une Chine poussée à l'amnésie par l'Etat qui entend ainsi imposer sa nouvelle politique. Mais aujourd'hui comme hier, la corruption et la volonté de contrôler les esprits demeurent. Et si Mao et son époque ne servent plus que de décor à une farce grotesque - donnant lieu à l'une des scènes les plus drôles et les plus subversives du roman -, le peuple chinois continue de subir une tyrannie dont l'écrivain est la première victime. Interdit de séjour dans son pays où ses livres sont interdits, il continue pourtant inlassablement d'écrire pour «sonder les ténèbres» et dénoncer «les fausses utopies qui asservissent et infantilisent la Chine depuis 1949». Avec conviction et talent, ajouterais-je.


Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Satire et farce pour dénoncer les sphères du pouvoir dans la Chine d'aujourd'hui. Déroutant.
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