On est en Mai 1968, Jean-Jean vit à Paris avec son frère, sa soeur et son étrange mère. Les enfants la vouvoient, l'appelle “La Mère”, elle a une jambe de bois, fume comme un pompier et ne jure que par le général
De Gaulle, qu'elle adule. Les évènements du mois de mai s'enveniment dans la capitale, elle décide de quitter Paris pour se réfugier dans leur maison de campagne.
Les traits des personnages sont saillants, il ont le visage allongé et une tignasse impressionnante. les coups de crayons sont fins et discrets, la gamme de couleurs est en aplats dans les tons pastels et chauds, les paysages sont délicats, tout parait un monde de silence que seul les crises de colère de la mère semble capable de briser.
C'est une famille où l'on ne se parle pas, où les secrets restent enfouis pour tout calfeutrer, pour protéger mais c'est le contraire qui se passe. Cette mère ne semble plus capable de donner de l'amour à ses enfants. Évidemment, Jean-Jean, “
ce garçon” va apporter une perturbation dans l'univers familial, et peut-être bien aider à ce que les membres de cette famille se découvrent enfin réellement. C'est une belle histoire, riche en émotions, bien rythmée, bien ficelée, avec des personnages qui se dévoilent au fil du récit, bien mise en valeur par son traitement graphique original et harmonieux, mais assez convenue, on sent le formatage bien appliqué, l'émotion calibrée.
Le plaisir de lecture est bien là, servi par le graphisme, l'évolution et la sensibilité des personnages, mais un peu atténué par le développement stéréotypé de l'intrigue.