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Citations sur Nos cabanes (34)

La disparition progressive du chant des oiseaux est la mesure sonore de ce qui arrive à notre environnement tout entier : de ce qui nous arrive. C'est son poème criant, son élégie, le long lamento, troué de pépiements, de l'anthropocène.
Les oiseaux non-chantent notre monde abîmé. Leur extinction en effet bruisse, accuse, témoigne : elle chante le souvenir, le deuil ou l'imagination d'une terre bien traitée. Chants et non-chants, paysages de disparitions, gémissement muet des eaux... Il y a en fait beaucoup à entendre. Ce n'est pas seulement que les choses du monde se soient tues, qu'elles se taisent et fassent entendre qu'elles se taisent, c'est aussi qu'on n'écoute pas très bien.
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Peut-être "nous" est-il alors quelque chose comme le pluriel de "seul" : il ne se fait pas à partir de nos "je" affirmés ou vacillants, mais à partir de nos solitudes ; il les met en commun, c'est-à-dire qu'il les rassemble, les surmonte en les rassemblant, et à certains égards les maintient. Nous faisons et défaisons des collectifs avec ces solitudes et non pas malgré elles. Nous ne nouons rien d'autre, et c'est déjà tellement, que notre égal tremblement, nos égales potentialités.
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Gilles Clément nous a réappris ce que c'est que jardiner : c'est privilégier en tout le vivant, "faire" certes, mais faire moins (ou plutôt : faire le moins possible contre et le plus possible avec), diminuer les actions et pourtant accroître la connaissance, refaire connaissance (avec le sol, avec ses peuples), faire place à la vie qui s'invente partout, jusque dans les délaissés...
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Il ne s'agit pas de désirer peu, de se contenter de peu, mais au contraire d'imaginer davantage, de connaître davantage, de changer de registre d'abondances et d'élévations.
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Une noue est un fossé herbeux en pente douce, aménagé ou naturel (l’ancien bras mort d’une rivière par
exemple), qui recueille les eaux, permet d’en maîtriser le ruissellement ou l’évaporation, de reconstituer les
nappes souterraines et de ménager les terres. C’est un abri végétal qui limite la pollution, et s’est mis à protéger
des inondations les villages
Les noues


Les noues, les noës comme autant d’arches, arches d’eaux vives et de pratiques, où conserver non pas des choses
mais des forces, où faire monter des inquiétudes, des pensées, des combats.
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Nos cabanes en effet, c’est dans ces espaces ovidiens devenus lieux de lutte qu’il faut les élever, comme le poème s’élève, lui qui jamais ne s’étale ni ne viendra vous retomber sur les pieds. Au cœur d’espaces et d’attachements défendus dans l’exacte mesure où ils sont écoutés. Il faut récrire à même les landes abîmées, les glaciers saccagés, au milieu des oiseaux morts mais aussi des techniques de tous ordres, des imaginations et des projets, le grand poème d’Ovide. Ovide à Sivens, dans les environs de Bure, dans les forêts subarctiques, dans le val de Suse, dans les jardins furtifs, Ovide sur toutes les places, vates chantant et nous chantant, nous, nos liens et nos cabanes.
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Suivre la piste des Noues donc, la ligne d’existence, d’espérance et de lutte qu’elles ouvrent. Suivre leur piste, c’est-à-dire en vérité les suivre dans leur idée, dans leur pensée. Pas exactement la pensée qu’elles ont, ni même la pensée qu’on a d’elles, mais la pensée qu’elles sont. Puisqu’il s’agit de savoir entendre une idée de vie dans toute forme de vie, de sentir quelle formule d’existence elle libère, quelle ligne de pratiques, d’expériences, elle avance. Et de laisser rêver cette ligne. Laisser rêver les Noues, les laisser dire leur idée, leur idée de vie ; et les laisser dériver, s’élargir, se répandre (ce poète très attentif aux choses terrestres, fleuves, oiseaux et autres « signifiants dans la nature » qu’est Dominique Meens a eu un jour ce titre : La Noue dérivée).
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Une noue est un fossé herbeux en pente douce, aménagé ou naturel (l’ancien bras mort d’une rivière par exemple), qui recueille les eaux, permet d’en maîtriser le ruissellement ou l’évaporation, de reconstituer les nappes souterraines et de ménager les terres. C’est un abri végétal qui limite la pollution, et s’est mis à protéger des inondations les villages qui y sont continûment exposés depuis les campagnes de remembrement, c’est-à-dire d’industrialisation de l’agriculture et de dévastation écologique. Cette industrialisation qui me faisait croire, enfant, que nos paysages avaient toujours été aussi mornes, alignant les langues d’une terre pâle sous les terres et les bâches, par où ma famille de maraîchers se confisquait à elle-même la beauté du pays.
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Il y a toute une science des noues, même s’il n’y a pas de code cartographique pour les identifier ; une science qui se transporte aujourd’hui jusque dans les villes, en hydraulique alternative, pour qu’on puisse se passer des tuyaux et des canalisations enterrées (on fait, ou l’on voudrait bien faire, des noues au cœur des villes ; à Boston, par exemple, où des fossés plantés permettent désormais de stocker l’eau en plein quartier, et sur ces traits de verdure réapparaissent des insectes, des oiseaux…). Il y a toute une science des noues, comme il y avait jusqu’à peu des « gardiens de la Loire », sur les levées sableuses qui la bordent. Ils gardaient le fleuve en effet, le surveillaient, attentionnés et vigilants ; et ils se gardaient du fleuve, de cette Loire non pas exactement sauvage, elle qui fut au contraire le premier fleuve aménagé (le premier à susciter des pratiques, des techniques, des soins, un savoir-vivre avec l’eau), mais peu à peu réensauvagée.
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L’écologie aujourd’hui ne saurait être seulement une affaire d’accroissement des connaissances et des maîtrises, ni même de préservation ou de réparation. Il doit y entrer quelque chose d’une philia : une amitié pour la vie elle-même et pour la multitude de ses phrasés, un concernement, un souci, un attachement à l’existence d’autres formes de vie et un désir de s’y relier vraiment.
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