Michel Serres. Longue vie à son œuvre
« Dorénavant, ce n’est plus moi qui fais vivre mon œuvre, c’est mon œuvre qui me fait vivre. » C’est ainsi que Michel répondait quand on prenait de ses nouvelles ces dernières semaines. Il se savait condamné par le cancer qui rongeait ses poumons depuis plusieurs mois. Il avait renoncé à des traitements qui auraient pu être efficaces mais risquaient de le priver de ses forces vives, car il voulait avoir toute l’énergie nécessaire pour terminer son dernier chantier, ce testament philosophique consacré à une question qu’il n’avait jamais abordée de front, même s’il n’avait cessé de tourner autour : la religion, la croyance, l’espérance. Et, de fait, ce dernier opus l’aura fait vivre jusqu’au bout. Dans la soirée du jeudi 30 mai, il envoyait à son éditrice Sophie Bancquart le manuscrit sur lequel il travaillait depuis des mois. Le lendemain matin, ayant du mal à respirer, il partait pour l’hôpital. Et vingt-quatre heures plus tard, le samedi 1er juin, entouré de ses enfants et petits-enfants, il s’en allait. On aurait souhaité qu’il ait encore plusieurs livres en chantier, mais c’est ainsi, il pouvait partir, le corps avait tenu bon, l’œuvre était achevée.
Derrière ce génie de la Renaissance disparu il y a cinq cents ans, Patrick Boucheron voit l’enfant apeuré, fasciné et terrorisé par l’eau, élément récurrent dans son œuvre. Mais aussi l’homme vieillissant qui a décidé de ne plus rien faire, expression suprême de l’artiste absolu.
Platon (428 -348 av. J.-C.)
Le néoplatonisme est à la mode chez les élites princières. Des figures comme Pic de la Mirandole (1463-1494) et Marsile Ficin (1433-1499) réactivent le dualisme platonicien dans la séparation chrétienne de l’âme et du corps, mêlé à une dose d’occultisme. Mais Léonard de Vinci ne fait rien comme tout le monde. « L’âme désire résider avec le corps parce que sans les membres de ce corps, elle ne peut ni agir ni sentir », écrit-il dans ses Carnets.
Lucrèce (v. 98-55 av. J.-C.)
Comme le poète épicurien latin, Léonard de Vinci disserte des choses de la nature, animaux, corps humain et éléments, par notes et aphorismes parfois poétiques. S’il ne mentionne pas les atomes, il observe la vaste circulation de matière que génère le vivant : « Nous tirons notre vie de la mort d’autrui. Dans la matière inerte, une vie insensible existe qui, assimilée par l’estomac des vivants, reprend des sens et de l’intellect. »
La télépathie, un fantasme de science-fiction ? Non, une réalité si l’on en croit les dernières expériences sur la connexion cerveau-machine menées notamment par la société Neuralink d’Elon Musk. Mais au prix de dangereuses confusions et d’une menace sur l’intégrité de nos pensées, s’alarme dans cet essai inédit le philosophe slovène Slavoj Žižek. En contrepoint, le chercheur Andrea Stocco, spécialiste de codage neuronal, tempère ces craintes.
De Descartes et sa fameuse cire, aux théories des prédicats du linguiste Gottlob Frege en passant par l'Abécédaire de Deleuze, la bédéaste Catherine Meurisse ballade ses crayons en terres philosophiques.
Né d'une collaboration avec Philosophie Magazine depuis 2017, ce recueil de planches est publié sous le titre "Humaine trop humaine" (Dragaud 2022). Contes philosophiques, bien au-delà de l'illustration d'obscures concepts, Catherine Meurisse explore avec finesse et humour les grandeurs et petitesses du panthéon des philosophes.
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