Dans les branches

C'est par erreur que j'ai emprunté ce livre à la bibliothèque municipale de ma commune. Dans les branches est un roman d'Emmanuelle Maisonneuve. Je dois l'avouer humblement, j'ai été attiré tout d'abord par la page de garde et la quatrième de couverture. Il faut dire que le dessin y figurant est un enchantement invitant au voyage. Puis, me rendant compte quelques jours plus tard qu'il s'agissait d'un livre pour ado, sottement je m'apprêtais à le rendre, presque content de venir soulager la pile brinquebalante des livres non encore lus sur ma table de chevet, lorsque, je ne sais pas pourquoi, je me suis dit : tiens, tout compte fait, si je le lisais. Et me voilà pris, emporté dans l'histoire d'un adolescent, le genre d'ado qu'on critique si aisément du bout de notre lorgnette, nous les-adultes-si-pleins-de-certitudes... Mo – il faut dire Mo et non Morgan, il ne supporte pas qu'on l'appelle Morgan – donc Mo est ce qu'on appelle un geek, un geek solitaire, pléonasme me direz-vous... Tous ses temps libres se passent devant l'écran de son ordinateur, durant des heures et des heures, à tel point que la vie, la vraie vie lui échappe. Il n'en n'a que faire. Mo est mal dans sa peau, mal dans le monde qui l'entoure. Son univers à lui c'est celui de Hagaard le zombie, personnage qu'il incarne dans un jeu de rôle vidéo, Endof World.
Mo vit chez sa mère, M'man. Régulièrement son oncle, l'oncle Gé, vient lui rendre visite, ils sont très proches l'un de l'autre. Le père n'est plus là. M'man traverse très souvent des longues phases de déprime et souffre d'un mal de dos récurrent, conséquence d'un accident de voiture. Elle a vécu avec un certain Allan il y a quelques années, puis elle l'a quitté. Cependant au début du roman, au grand désespoir de Mo, M'aman renoue avec Allan le faux père, homme qu'il juge détestable.
Lorsque Mo se retrouve, avec d'autres jeunes de sa classe, confronté à une course d'orientation en pleine forêt du Massif Central, vous imaginez à quel point l'exercice est tout d'abord une souffrance pour celui-ci. Dans cette course d'orientation, à la suite d'un mot de travers prononcé par une élève à l'encontre de l'adolescent, celui-ci s'enfuit et inévitablement il finit par se perdre quand, tout d'un coup, son destin va totalement basculer par une rencontre inouïe... Il vient d'apercevoir quelque chose dans les arbres, quelque chose d'effrayant, un troll forcément et Hagaard le zombie, enfin je veux dire Mo, s'y connaît… donc il prend ses jambes à son coup. À bout de souffle, il frappe à la porte d'une ferme à flanc de montagne…
Sans vous dévoiler la suite ainsi que le dénouement qui est merveilleux, je vais quand même vous en dire un peu plus... Et tel un Petit Poucet espiègle, je vais vous égrener sur le chemin de la forêt quelques indices qui vont titiller votre curiosité...
Écartez les branches et suivez-moi... Le roman démarre par ce très beau poème de Paul Éluard, Liberté. « Sur les ailes des oiseaux j'écris ton nom, liberté... ». Ce vers reviendra par moment comme un leitmotiv. On comprendra pourquoi à la fin du roman. Bien sûr, Mo est mordu de vidéo, addict des jeux de rôle, empâté devant son ordinateur à force de rester assis, c'est le genre de gamin qui nous agace, sauf lorsqu'il s'agit de nos propres enfants ! Bon, enfin pas toujours... Et pourtant, cet enfant, cet ado, va se révéler comme un magnifique personnage peint dans sa candeur, sa révolte, son désir de transgression... et sa métamorphose aussi... C'est un conte de fée forcément, qui tutoie la forêt et tout ce qu'elle a de magique. le fantastique est à fleur de peau. le réel aussi. Plus que jamais. Nous avons tous franchi un jour ou l'autre un hall de gendarmerie, vu ces affiches d'enfants disparus, ces regards tendres qui nous ont pincé le coeur.
Au début, le roman ressemble à une partie de cache-cache. La forêt est conçue pour cela. La fugue, la fuite, puis la traque aussi...
Au fil du rasoir, nous oscillons entre réel et fantastique. Se fondre dans la forêt, devenir invisible, se camoufler, l'enfant qui se transforme en bloc de rocher pour devenir invisible, se fondre dans le paysage, s'évader...
Ce roman nous parle de liberté, celle du poème d'Éluard, des papillons attirés par la lumière et qui finissent par se brûler les ailes...
Les personnages sont attachants. Nous rencontrons ainsi Gaby, le grand type, qui a racheté une vieille ferme à flanc de coteau après le décès du Vieux Louis. Il veut créer une fromagerie. Jusqu'à sa mort, le Vieux Louis avait noté plein de détails du quotidien sur ses carnets, jusqu'à sa mort, narrant cette rencontre insolite... Les gendarmes, même les gendarmes, qui sont par nature si ballots... pardon je m'égare... Donc, le colonel de gendarmerie qui est chargé de l'enquête exprime une grande empathie à l'égard de Mo, voudrait l'aider, voudrait que Mo à son tour coopère. Et Mo, tiraillé, déchiré, ne sait pas ce qu'il faut faire : coopérer au risque de trahir ou bien continuer de transgresser au risque de... ? Mais chut... Les pages de cette histoire se déroulent avec une odeur de noisettes sauvages et d'humus pleins les doigts. Nos chaussures sont couvertes de glaise, tandis que nos yeux se perdent dans les étoiles.
La forêt est merveilleuse : la grotte aux mille micas palmés, la cascade souterraine, le lac en rond, se nourrir d'airelles et de feuilles de sauge... Les forêts protègent les enfants blessés, construisent des grottes pour les abriter. Ici comme des jeux de miroirs, le décor peut parfois changer, déplacer les arbres et les chemins comme par magie lorsque vient le danger, du moins c'est l'impression que cela donne.
Parfois, des hommes en quad traversent stupidement la forêt en effrayant les geais, sans rien voir, sans rien soupçonner de ce jeu de miroirs. Ce passage du roman est particulièrement savoureux.
C'est aussi le roman de l'apprentissage. Il y a des gestes magnifiques qui disent comment apprendre à survivre, vivre au jour le jour. Mais l'apprentissage est aussi dans les regards, les non-dits... C'est un roman qui dit la confiance, la peur de la trahison, qui dit l'apprivoisement. « Chaque jour tu pourras t'asseoir un peu plus près... » nous disait le renard dans l'histoire du Petit Prince. Mo chaque jour s'assoit un peu plus près, au risque de brûler ses ailes à son tour.
Et puis les rêves s'écroulent. Forcément un jour il faut bien redescendre des arbres... Car les hommes « mangent la forêt, mange la montagne ». Cela s'appelle des tirs de mine dans une carrière.
C'est donc aussi le roman de la désillusion. Mo quitte un monde virtuel, celui des jeux vidéo, et paradoxalement c'est un autre monde au bord du fantastique, qui va lui faire prendre conscience de la vacuité du monde des adultes. C'est un regard lucide et cruel sur notre société, où tout est expliqué. « Vous les adultes, vous savez toujours ce qui est bon pour nous ! ». L'auteure n'invente rien dans ce conflit des générations, dans ce regard décalé, dans l'adolescence incomprise. Tout a été dit au cours de milliers de romans. Ici le sujet est simplement effleuré pour raconter une histoire qui sort de l'ordinaire, mais qui tutoie le fait divers au bord de l'imaginaire. L'auteure jette un sort au réel, à nos vies normales, et cela prend... Mais au fond, c'est quoi au juste une vie normale... ? Jusqu'où peut-on demeurer libre ? Jusqu'à quelle limite pouvons-nous permettre le consentement à l'autre qui enfreint non pas la loi mais simplement le cadre posé justement par cette vie normale.
C'est un roman qui nous happe par son rythme, son suspense, il touche, il nous émeut. C'est une ode à la nature. C'est une histoire qui pose des choix. C'est un roman d'apprentissage. Il ne donne pas de leçons. C'est une belle histoire pour les adolescents, et peut-être par erreur ou par vagabondage, il peut tomber aussi entre les mains de leurs parents. De cette rencontre merveilleuse et improbable nous pouvons en tirer une autre satisfaction : savoir que ce récit peut apporter aux jeunes lecteurs une joie pure et jubilatoire. Et les aider à écarter les ramures pour cheminer vers de nouvelles lectures...

Qu'est-ce qui pouvait bien décoller le jeune Mo des jeux en ligne? Qu'est-ce qui l'a attiré dans la forêt pour qu'il y passe des journées entières?
C'est Ailes ou plutôt Angélique, une enfant sauvage.
Peut-on s'aimer quand on vit dans deux mondes opposés?
Un enfant sauvage peut-il s'intégrer dans la société?
Les réponses à ces questions sont dans ce roman captivant qui ne manque pas de soulever bien d'autres sujets encore.

Un livre vraiment surprenant. Une très bonne surprise.

Il a quand même fallu que je m'habitue à l'écriture de l'auteur. Cette narration à la première personne au phrasé très parlé, très simple, sans le "ne" de la négation. Ce qui donne le ton du livre, un ton intimiste.
Le gros plus de ce livre est qu'il prend une direction qu'on n'aurait pas du tout soupçonné. Une ode à la nature et à la liberté. Assez poétique.
Ca pourrait être ennuyant. Mais ça ne l'est pas du tout. On se demande toujours ce que l'auteur nous a prévu, où elle va nous emmener et quel va être le prochain retournement de situation. La fin est tout aussi surprenante. Mais aussi émouvante. Un choix judicieux qui nous éloigne de la fin facile.
Mo est un adolescent attachant, anti héros mais qui sait évoluer. Il est assez touchant. Les adultes sont un peu plus stéréotypés mais ils servent bien l'histoire. Je ne parlerais pas de ce qui se cache dans les branches...

La lecture se fait très facilement. Il est presque impossible de lâcher l'histoire avant d'avoir tout dévoré.

On se croit embarqué dans un roman ayant pour sujet l'addiction aux jeux vidéo et on se retrouve en pleine nature à guetter les traces d'une enfant sauvage : une surprise et une vraie découverte ! Il faut noter déjà la première de couverture très réussie qui donne envie d'entrer dans le livre et de découvrir ce qui se cache dans les branches. Pourtant, rien ne prédispose Morgan - Mo - à parcourir les sentiers montagneux, lui qui est accro à un jeu en réseau, qui passe énormément de temps devant son PC, et qui a littéralement trouvé refuge dans ce monde parallèle. Il est vrai que son quotidien est assez terne : une mère alitée après un accident qui se néglige et communique de moins en moins avec son fils, plus de repère paternel et une vie d'ado pesante. Avec quelques kilos de trop, Mo n'attire pas le regard des filles et comme il est estampillé geek, il n'a pour seul ami que Rémi qu'il retrouve sur son jeu. Mais une course d'orientation avec le collège va tout faire voler en éclat. En se perdant dans les bois, Mo à le sentiment d'avoir été suivi par une créature, un troll s'imagine-t-il...
Jusqu'à cette étape du récit, je me demandais encore si j'allais apprécier ce roman. Ce début ne m'enthousiasmait pas beaucoup avec cet ado adipeux et geek qui voit la réalité par le prisme des jeux vidéo, mais dès que tout bascule pour le héros, le lecteur perd pied lui aussi et il est happé par le récit qui devient haletant. La progressive découverte de la créature qui suit Mo est habilement amenée, comme lui, nous devenons plus observateur, nous nous transformons pour mieux lire la nature environnante et nous sommes fasciné. J'ai vraiment été bluffé par ce roman, le sujet est original et le récit est très bien mené. Les chapitres courts ne peuvent effrayer des petits lecteurs qui seront certainement captivés par la tension distillée tout au long du récit. On se demande souvent quelle direction va prendre l'histoire et la fin ne manque pas de surprise. Un excellent roman, très agréable à lire sans que ce soit une langue particulièrement remarquable mais rien ne vient contrarier le déroulement du récit.

Ou comment un jeune geek mordu de jeu vidéo et un peu empâté par des heures devant un ordinateur va se transformer en amoureux de la nature et aventurier-trappeur dans les forêts du centre de la France. On s'attache assez vite à ce garçon pas très bien dans sa peau ou dans sa vie : pas d'amis, une mère alitée constamment depuis l'accident de voiture qui lui a cassé le dos, un ex-beau-père détestable qui va en plus revenir dans leur famille… Grâce à cette rencontre terrifiante dans la forêt, Morgan, ou plutôt Mo, va pourtant connaître des changements importants. Il va d'abord rencontrer Gaby, un bonhomme qui a acheté une vieille ferme à l'écart de la ville, dans la forêt, qu'il compte retaper. Puis l'étrange bête – un troll ? – qui lui a fait peur lorsqu'il s'est perdu. Une créature qu'il va rencontrer à nouveau lorsque, après une sévère dispute avec son beau-père, il décide de se rendre chez Gaby. Car, cette nuit-là, Mo tombe dans un trou dans la forêt et se brise la jambe. Dans l'impossibilité de fuir, de bouger, Mo voit arriver la créature. Elle le charcute, le tire…elle va sans doute le tuer ! Pourtant, au bout de douze jours dans une grotte, un terrier, Mo est bien vivant, et même soigné. C'est alors qu'il se rend compte que ce qu'il pensait être un troll est en réalité…un enfant !

Je ne vous en dis pas plus sur cette histoire captivante ! Vous aurez compris qu'elle tourne donc autour de ce mythe de l'enfant sauvage. Emmanuelle Maisonneuve ménage bien son suspense : on imagine un peu comme Mo que l'on va avoir affaire à du fantastique, avec cette créature scandinave du troll. Mais il n'en est rien, et c'est bien le mystère qui entoure cet enfant sauvage qui va être au coeur des recherches de Mo. Je me suis vraiment laissé emporter par le souffle de ce roman, même si j'ai parfois été gênée par le contraste entre la narration, très réussie, et les dialogues – ou les pensées de Mo – un peu trop familiers. L'évocation de la nature est une très belle part du roman, apportant moments de douceurs et de poésie, mais aussi toute la rudesse qui la caractérise et que l'on retrouve dans l'enfant sauvage. C'est donc l'histoire d'une relation improbable, de vies chamboulées et de beaucoup, beaucoup d'espoir. Une très belle découverte !
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Mo a 14 ans, des kilos en trop, peu d'amis et une addiction pour les jeux vidéos. Lors d'une course d'orientation avec le collège, il se perd en forêt et vit une mystérieuse aventure. Elle va totalement changer sa façon de voir les choses...
Je n'en dis pas plus, car ce magnifique roman d'apprentissage est riche en rebondissements, et je ne voudrais surtout rien spoiler. Il suffit de savoir que la vie n'est pas un long fleuve tranquille et que les surprises qu'elle nous réserve nous mettent face à des choix qui orienteront tout le cours de notre existence. Des personnages très attachants et à la psychologie finement développée, une intrigue pleine d'intérêt et de suspens, des chapitres courts qui nous poussent à tourner les pages encore et encore... une petite merveille à conseiller aux ados dès 13 ans. Un grand bravo, j'ai adoré!

Mais quelle belle découverte littéraire que ce roman Dans les branches !

Mo, adolescent solitaire et geek, se perd en forêt lors d'une course d'orientation avec son collège. Il fait une surprenante rencontre et se demande alors quelle est cette étrange créature qui l'a suivi.

Pensant à un gnome, troll ou autre créature magique, il délaisse peu à peu son ordinateur pour le plus grand plaisir de son beau-père avec lequel il entretient de mauvais rapports, pour se lancer dans une quête bien réelle. Il commence à se documenter sur ces êtres féeriques et pense avoir trouver la vérité. Mais une rencontre avec un paysan solitaire au grand coeur va lui permettre d'approfondir ses connaissances et découvrir que la maison dans laquelle le paysan habite garde aussi quelques secrets…Au fil de ses recherches, il s'ouvre à la nature, au monde réel et noue une relation de confiance avec cet agriculteur qui devient un père de substitution.

J'avoue avoir failli lâcher ce livre dès les premières pages, car très axées « monde des geeks » mais j'ai choisi de poursuivre. Et je ne le regrette pas, car quelle belle surprise que ce roman jeunesse. Suspens, mystère, amitié et belles émotions sont au programme de ce livre qui nous plonge en pleine nature…

Impossible d'en dire plus, car j'en dévoilerais trop !

Très bonne lecture mais j'ai eu un peu de mal avec la narration. Ecrit à la première personne, le récit est écrit comme parlerait un adolescent de 14 ans, ce qui donne des tournures de phrases particulières.
J'ai beaucoup aimé les thèmes abordés, la nature, l'homme et la liberté, et la façon dont ils ont ont été traités. On vit l'aventure avec Mo, on a peur, on est en colère, triste, heureux avec lui.

Je connaissais de nom Emmanuelle Maisonneuve pour sa trilogie Tom Patate qui m'a été maintes fois recommandée par mes jeunes lecteurs. Alliez cela à cette magnifique couverture aussi poétique qu'intrigante, et me voilà plongée dans les aventures de Mo.

A travers ses yeux, on découvre son quotidien d'adolescent lambda, sa passion pour le monde virtuel d'Endof World où il est un expert. On vit à la campagne dans une famille mono-parentale dont la mère est souffrante. Et puis LE choc, LA rencontre, celle qui vous change une vie, qui vous suit à travers tous vos gestes… Mo nous emporte avec lui à la recherche de cette jeune fille sauvage qui ne sait rien de notre monde. Ailes est un pur produit de la nature et compte bien le rester au-delà des conventions ordinaires. Les confrontations sont nombreuses entre les deux jeunes gens et donnent lieu à des situations presque extraordinaires.

L'écriture de Maisonneuve est ancrée dans le réel mais sait faire la part belle aux émotions et aux mystères. On est rapidement pris dans l'intrigue grâce à des personnages très attachants autant au premier plan qu'au secondaire. J'aurai eu des frissons jusqu'à la toute fin du roman, qui conclut une aventure humaine extraordinaire.

Presque un coup de coeur !
Lien : http://boumabib.fr/2016/11/2..

Magnifique livre qui vous tient jusqu'au bout de la nuit.....