J'ai toujours été fan de mangas sportifs sous toutes leurs formes. Enfant, j'étais scotchée devant Olive et Tom, L'école des champions, Les attaquantes, Jeu set et match, Touch, Cynthia ou le rythme de la vie et bien sûr Jeanne et Serge. Alors quel bonheur de retrouver cette série dans sa première version, la version manga avec les deux tomes de
Jun Makimura et
Shizuo Koizumi publiés simultanément par Black Box.
Si j'ai été ravie de retrouver Jeanne et Serge en manga, j'étais un peu plus soucieuse concernant l'édition après ma déconvenue avec Creamy que j'avais trouvé cher pour ce que c'était... Ici, pas de mauvaise surprise. Oui, l'édition est coûteuse mais c'est plus en accord avec contenu que pour Creamy car les volumes sont bien épais. le seul défaut, c'est que plusieurs pages manquent de netteté, mais je ne sais pas si c'est dû à l'éditeur ou au matériau d'origine, vu que le manga date quelque peu.
En effet, la série, publiée originellement en 3 tomes mais regroupée en 2 ici, est parue au Japon entre 1984 et 1985 (je n'étais même pas née !) dans le magazine shojo Nakayoshi qui appartient à l'éditeur Kodansha et qui a plutôt l'habitude de titres destinés à un tout jeune public féminin. On a pu y trouver Candy, Sakura, Chocola et Vanilla, Sailor Moon, Shugo Chara, les Tokyo Mew Mew et actuellement il publie #Cooking Karine.
Ce fut donc un vrai plaisir de retrouver un shojo vintage, old school mais surtout un shojo sportif. Dans le même genre, j'ai autrefois adoré découvrir la version papier de Cynthia ou le rythme de la vie : Hikari no Densetsu, qui fut un énorme coup de coeur aussi bien émotionnellement que sportivement et graphiquement. Dans une moindre mesure, c'est aussi ce que j'ai ressenti ici.
En lisant Attacker You!, j'ai pris plaisir à retrouver l'ambiance du dessin animé Jeanne et Serge. J'ai aimé redécouvrir Jeanne, c'est-à-dire Yû en vo. C'était vivifiant de la voir découvrir ce sport, se prendre de passion pour lui et faire ses premières armes. On la voit entrer au collège, entrer dans le club, se faire des amies et des rivales, côtoyer des coachs fantastiques et épanouissants. Très vite le volley prend une place importante dans sa vie, avec ses entraînements et ses matchs. Mon seul regret est que ceux-ci sont montrés assez brièvement, en quelques cases, et pas du tout au long cours comme dans le dessin animé ou plus récemment dans le manga Haikyu qui traite aussi de ce sport.
En revanche, je me suis sentie obligée de comparer avec l'animé et je n'ai pas compris le focus que les français ont fait dans cette histoire sur la relation Jeanne/Serge, car franchement, dans le manga, ce n'est pas du tout le coeur de l'histoire. Cela passe même totalement en arrière-plan, Serge étant juste l'élément déclencheur, mais pas forcément romantique, de la passion de l'héroïne pour ce sport. Ce n'est d'ailleurs pas la seule différence entre l'animé et le manga. La figure du coach est très différente, ce n'est pas le tyran de l'animé, c'est même plutôt une figure positive. Je ne me rappelais pas non plus que Jeanne était particulièrement grande dans l'animé alors qu'ici c'est un élément clé. Voilà pour les points saillants, pour le reste c'est assez fidèle avec mes souvenirs dans son déroulé.
Ici, on parle donc de passion, de volley, d'amitié, de dépassement de soi, comme dans les shonen sportifs finalement. Mais vieux titre et surtout faible tomaison oblige, la narration est un peu précipitée, un peu rapide. Tout s'enchaîne vite, trop vite. Yu progresse rapidement, les matchs et événements s'enchaînent sans nous laisser trop le temps de voir ou de souffler. J'aurais aimé voir plus de séquences de jeux, car quand c'est le cas, c'est très sympa. On a même quelques explications techniques assez savoureuses en off sur les différents rôles et postures des joueurs au fil des chapitres. Mais l'ensemble manque un peu de liant. le seul fil rouge qui apparait, c'est de dépasser la fameuse Eri (Mari Takigawa en vf) aux côtés de Nami (Peggy Hayase). D'ailleurs, on est presque dans une ambiance à la Très cher frère (avec relations lesbiennes plus ou moins assumées) par moment ^^
Les dessins, eux, sont superbes : avec des cases bien remplies, un trait dans la veine de Lady Oscar, un beau dynamisme dans les cases et une héroïne qui claque quand elle joue, l'autrice mettant bien en avant son charisme. Cependant la mise en page chargée pourra déplaire à certains, je le conçois, car il faut être habitué à cette narration qui virevolte en tout sens parfois. Personnellement, je trouve ça très vivifiant et plein de poésie, très riche et fluide. J'aime beaucoup.
Je remercie donc Black Box de nous avoir proposé un beau titre vintage de qualité ici, qui certes à ses défauts, notamment dus au format court, mais qu'une partie des fans de l'animé attendaient. J'espère que tout comme moi ils ont su apprécier !
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