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Retour au front dans l'horreur de la guerre, au creux des tranchées.

Nous sommes en septembre 1917 et l'enquête du Lieutenant Vialatte (sur les meurtres de plusieurs femmes perpétrés en janvier 1915) stagne toujours. Pourtant, un fait nouveau survient et pousse Vialatte à reprendre son enquête à zéro, espérant cette fois parvenir à comprendre l'événement déclencheur qui explique « pourquoi » ces victimes ont été visées. La réponse à cette question devant ensuite le conduire au(x) meurtrier(s)…

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Il m'aura fallu quelques temps pour digérer la frustration générée par le dénouement du tome 3. En effet, Notre mère la guerre était initialement annoncé en triptyque. Je m'attendais donc à découvrir la résolution de l'enquête dans le tome précédent, un ouvrage qui avait balayé tout le scepticisme que j'avais jusque-là à l'égard de cette série.

Pourtant, il m'est difficile de parler de ce tome. J'ai depuis longtemps perdu l'habitude de présenter les séries de manière morcelée, préférant de loin rendre compte d'une vue d'ensemble. En revanche, s'il est bien une chose que permet le partage d'un ressenti par à-coups, c'est de mesurer le cheminement progressif du lecteur d'un tome à l'autre : appropriation des personnages et de l'ambiance, réactions suscitées par une orientation narrative. Cela permet aussi, longtemps après lecture, de comprendre comment le laps de temps qui sépare la parution entre deux tomes a été mis à profit pour prendre du recul, intégrer les éléments narratifs… voire donner du sens à l'ensemble ?

Car dans cette série, il est bien question de cela. Sans relire mes précédents articles, j'ai souvenir d'une accroche ténue avec le premier tome et de scepticisme après le second tome. Ce n'est que dans le troisième tome que l'histoire a – pour moi – pris du sens et que j'ai enfin accepté qu'un événement historique de cette ampleur serve de « décor » à une enquête policière fictive.

Je chasse rapidement les bémols rencontrés durant la lecture de Requiem : 1/ une difficulté ponctuelle à me situer dans le temps lors des passages oniriques qui sont mal délimités au niveau narratif (est-ce réel ? est-ce avant ou après la guerre ?). le traitement graphique nous met certes la puce à l'oreille mais l'effet déstabilise le lecteur au moins autant que le personnage qui fait ces rêves. 2/ Les quelques interventions de soldats allemands ne sont pas traduites. Certes, aucun des soldats français que nous côtoyions dans cette histoire ne semble maitriser l'allemand mais… quelques discrètes traductions auraient pu, me semble-t-il, profiter au lecteur sans que la tension palpable de ces scènes n'en soit altérée.

Ce dernier tome, intitulé Requiem, conforte pourtant mon ressenti du tome précédent. Est-ce parce que je maîtrise mieux la personnalité des protagonistes ? Est-ce parce que je parviens à les situer les uns par rapport aux autres malgré leur multitude ? Est-ce parce que je suis enfin parvenue à accepter que la guerre puisse aussi… me divertir ??? Il est vrai que je préfère généralement des auteurs comme Igort, Sacco, Squarzoni, Le Roy… qui transmettent une vision très réaliste des conflits. Sauf rares exceptions, les escapades qui tracent des destins fictifs sur trame de fond historique réel ont du mal à me convaincre voire m'agacent. Notre mère la guerre fait partie de ces « rares exceptions ».

La qualité du scénario et des dialogues de Kris ont eu raison de mes réticences, le travail graphique de Maël a fait le reste. Dans le tome 1, Maël avait développé une ambiance graphique assez terne pour décrire le quotidien de la guerre. Nous évoluions alors au milieu de gris, de marrons et de blanc face auxquels j'étais restée spectatrice. Peu à peu, cette ambiance a glissé vers quelque chose de plus chaud. La couleur terre est restée le fil conducteur des illustrations mais peu à peu, les bruns ternes se sont transformés en ocres, en rouille. A l'instar des quatre couvertures des tomes de la série, les ambiances graphiques intérieures se sont peu à peu détournées des gris et des bleus délavés pour devenir plus toniques. On finit cette épopée sur une note moins crue, moins factuelle dans sa description de la vie dans les tranchées. Ces couleurs chaudes donnent une autre dimension au récit.
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Janvier 1915. Des cadavres de femmes sont déposés sur la ligne de front. Sur chaque corps, l'assassin a laissé un mot d'adieu. Les crimes ont lieu dans un secteur où est cantonnée une brigade d'adolescents délinquants envoyés dans les tranchées contre une remise de peine. Ils ont entre 15 et 17 ans, l'administration a dû changer leurs dates de naissance pour qu'ils puissent s'engager. A leur tête, le caporal Gaston Peyrac. Ces gamins font office de coupables tout désignés lorsque le gendarme Roland Vialatte arrive sur place pour mener l'enquête. Vingt après, sur son lit de mort, il raconte…

A quoi bon faire une BD sur la première guerre mondiale après Tardi ? Une telle entreprise a un sens si l'on aborde la question avec un point de vue différent. Chez Tardi, les hommes sont des victimes, ils ont été forcés de partir au combat. Kris ne voit pas les choses de façon aussi réductrice. Il veut comprendre pourquoi beaucoup ont agi de leur plein gré, par patriotisme. Surtout, il cherche à savoir comment ces hommes venus d'horizons différents ont tenu des années dans les tranchées et ont pu s'étriper comme des chiens enragés avec des gars qui ne leur avaient rien fait. Son propos insiste également sur la solidarité qui leur a permis de supporter l'enfer, qui les a poussés à risquer leur peau pour des types qu'ils connaissaient à peine, à faire pour eux des choses qu'ils ne feraient pas pour leur propre famille.


Notre mère la guerre vous prend aux tripes. La crudité du conflit est montrée dans toute son horreur. Kris gratte jusqu'à l'os pour démontrer que chacun possède en temps de guerre un potentiel de cruauté et de destruction absolument sans limite. Une sorte d'inhumanité qui reste envers et contre tout le propre de l'homme… On pourra sans doute reprocher à cette série son coté trop bavard. Personnellement, je pense au contraire que cette abondance de mots donne à l'ensemble un aspect littéraire remarquable.

Niveau dessin, on est dans le haut de gamme. Maël parvient à dessiner l'indicible. Son trait puissant restitue la laideur et l'étrange beauté de la guerre. Il joue des cadrages plus ou moins serrés pour décrire la souffrance sans sombrer dans le romantisme ou le film d'horreur. Les planches, réalisées en couleurs directes, sont tout simplement magnifiques. Toutes sont traversées par différents tons de gris. Cette absence de luminosité renforce le coté crépusculaire de l'ensemble.

Point de salut, point d'espoir, point de lumière. Après trois complaintes, il est temps de conclure le récit par une dernière prière, un requiem pour le repos des âmes. Tout simplement sublime.



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Cet ultime tome de « Notre mère la guerre » est consacré à la résolution de l'enquête sur le meurtre des femmes sur la ligne de front. Roland Vialatte et Max Janvier continue leur enquête qui les mène à s'intéresser de plus en plus au caporal Gaston Peyrac…
Une enquête plutôt intéressante pleine de rebondissements mais j'avouerai avoir perdu parfois le fil du récit. Les liens entre les personnages sont parfois troubles car ils sont tous un peu liés les uns aux autres mais le plus compliqué est de suivre l'affaire dans le temps. Il y a plusieurs sauts dans le temps, puis des retours et tout cela ne facilite pas le suivi du déroulé de l'enquête. D'autant plus lorsque le dessin participe à cette impression d'une histoire brouillonne.
La BD reste tout de même très réussie avec une description de la Grande Guerre très réaliste et très crue et une enquête très prenante.
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Lire cette bande dessinée, qui s'apparente plus à un roman graphique de très haute tenue, et se dire, à chaque page tournée, que nous avons tous, je dis bien tous, un aïeul qui a vécu ça, qui même y a pris part, sous un drapeau ou sous un autre... Qui est tombé peut-être, à cause de l'imbécillité intrinsèque des drapeaux. de tous les drapeaux!
Se dire aussi qu'il serait si simple d'y retourner, de rempiler, la haine et la bêtise sont des passions si faciles à éprouver.
L'enquête policière n'est pour moi que le prétexte à cette oeuvre magistrale. Ce qui y est donné à voir, à entendre, à respirer à pleins poumons : c'est le sang, le feu, l'acier, la boue, la pourriture, l'impuissance et la peur panique des hommes face à la Guerre.
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Le quatrième et dernier tome conclut l'enquête menée par Vialatte. Cette intrusion dans les tranchées, l'horreur de la guerre, le froid, la pluie et la mort est parfaitement rehaussée par les couleurs et les illustrations de Maël.
La vie des hommes qui bascule, la peur des officiers, le chagrin des femmes et des mères, tout le quotidien inhérent à cette guerre est parfaitement décrit.
Un récit magnifique sur un thème qui l'est moins, mais qui reste un épisode important de notre Histoire. Une histoire dans L Histoire donc, qui met en exergue une sorte de devoir de mémoire détourné dans cet album.
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Ce « Requiem », qui prolonge «La der des Ders» d'un tome supplémentaire, referme brillamment cette enquête policière qui permet de découvrir les méandres de la Première Guerre mondiale.

Alors que l'enquête semblait être sur une voie de garage avec l'extermination des principaux suspects par les Allemands et que le conflit touche tout doucement à sa fin, Kris et Maël invitent une dernière fois à suivre les pas du Lieutenant Vialatte. Alors que le mystère sur l'identité de l'auteur des cinq crimes odieux reste entier, Kris propose un ultime rebondissement à son histoire, permettant ainsi à Vialatte de clore son enquête. Si l'auteur livre toutes les réponses concernant l'identité du tueur et le pourquoi de ses agissements, le prix à payer s'avère néanmoins énorme.

Cette recherche de la vérité, qui n'était jusqu'à présent qu'un prétexte pour faire découvrir toute l'horreur de la guerre, permet une nouvelle réflexion sur l'utilité de cette guerre qui abandonne ses acteurs avec des blessures profondes et à la recherche d'une humanité qu'ils ont dû mettre à l'écart. Pour ces soldats rejetés par la population civile, qui ont perdus la plupart de leurs compagnons, qui reviennent du front physiquement et/ou psychologiquement mutilés et qui découvrent au passage l'infidélité de leurs femmes, les blessures de la guerre ne se refermeront jamais. Cette guerre n'a pas de gagnants, mais l'utilisation d'un héros narrateur, lettré et cultivé, aura cependant permis de coller les mots justes sur des événements qui ne le sont que rarement.

« Une histoire de guerre véridique n'est jamais morale. Elle n'est pas instructive, elle n'encourage pas la vertu, elle ne suggère pas de comportement humaniste idéal, elle n'empêche pas les hommes de continuer à faire ce que les hommes ont toujours fait. Si une histoire de guerre vous paraît morale, n'y croyez pas. Si, à la fin d'une histoire de guerre, vous vous sentez ragaillardi, ou si vous avez l'impression qu'une parcelle de rectitude a été sauvée d'un immense gaspillage, c'est que vous êtes la victime d'un très vieux et horrible mensonge. La rectitude n'existe pas. La vertu non plus. La première règle, me semble-t-il, est qu'on peut juger de la véracité d'une histoire de guerre d'après son degré d'allégeance absolue et inconditionnelle à l'obscénité et au mal. »

Les dessins de Maël combinent légèreté, sensibilité et élégance à une retranscription extrêmement réaliste de l'ambiance ravagée et froide de la guerre 14-18. Usant d'aquarelles en couleurs directes et jouant sur les nuances de quelques tons savamment choisis, l'artiste propose des planches de toute beauté qui dépeignent avec beaucoup de brio cette fresque violente.

Un « Requiem » qui confirme toute la qualité de cette saga dédiée à la Grande Guerre et en fait une référence en la matière.

Merci messieurs les auteurs !
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