Voici la plaidoirie que l'avocat
Richard Malka avait préparée pour le procès des attentats de janvier 2015 au cours desquels, entre autres, la rédaction du journal
Charlie Hebdo fut décimée.
Compte-tenu de différents éléments liés au Covid (reports d'audience, port du masque qui entrave celui qui s'exprime et l'empêche de saisir complètement les réactions sur les visages de ceux qui l'écoutent...),
Richard Malka a dû écourter ce qu'il avait prévu de dire.
Il a choisi de publier ici dans son intégralité le texte qu'il avait rédigé.
Cela fait longtemps que j'admire
Richard Malka.
L'homme de convictions, toujours souriant même lors des combats les plus acharnés, et chez qui on sent un véritable humanisme.
L'avocat qui n'hésite pas à défendre les cas difficiles et dangereux, comme Mila.
Vous savez, Mila, cette jeune fille qui ne peut plus vivre une vie normale, qui est sous protection et qui n'a pas de réel avenir. Mila condamnée à vivre recluse par une meute haineuse parce qu'elle aurait "blasphémé" !
Si beaucoup l'ont oubliée, moi non, et penser à elle me fait toujours aussi mal au ventre.
Mila qui pourrait être ma fille. Mila emmurée vivante par des "croyants" pour quelques propos grossiers, sans que ça n'ait l'air d'émouvoir grand monde. Je ne compte plus les "oui, mais..." que j'ai entendus autour de moi, y compris de gens proches, et j'enrage de voir que la France n'a pas été capable de faire bloc pour la défendre.
Pour rappeler que dans notre pays la critique des religions n'est pas illégale, fût-elle grossière.
Le titre de cet ouvrage interpelle et rappelle l'essentiel : on ne doit pas "emmerder" ses voisins, mais on peut "emmerder" leurs religions, leurs Dieux, leurs croyances. Que cela leur plaise, ou non. Et quiconque exerce ce droit n'a pas à être inquiété pour cela.
Merci à
Richard Malka de le rappeler si clairement dans ce texte dont la lecture fait à la fois un mal terrible et un bien fou.
Un mal terrible.
Par le sujet, évidemment. Je ne connaissais personnellement aucune des personnes décédées mais cela ne m'empêche pas, en tant qu'être humain, de me sentir touchée en plein coeur et de ressentir un profond désarroi doublé d'un vif sentiment d'horreur à l'idée que des individus aient pu avoir tant de haine en eux qu'ils ont été capables d'abattre froidement des gens qui leur étaient inconnus.
Un bien fou.
Par les prises de position de
Richard Malka. Quel courage et quelle lucidité ! Ainsi, il existe encore sur cette terre qui tourne de moins en moins rond des hommes capables d'analyser, d'argumenter et de rester droits dans leurs bottes, de dire encore et toujours la vérité quand tant d'autres n'osent plus ou à peine du bout des lèvres... quand ils ne hurlent pas avec la meute dans le sens du vent.
L'idée principale de la plaidoirie, à laquelle toute personne sensée ne peut qu'adhérer est celle que j'ai déjà évoquée et qui est résumée par le titre : si nous devons respecter les personnes, nul devoir de respect ne doit être imposé envers des idées, des religions ou des idéologies.
Nous avons le droit de les critiquer, de les moquer, de les caricaturer.
Ce droit est absolu et, en France, personne ne peut ni ne doit nous le contester. Faute de quoi, ce sont les fondements même de notre société qui seraient sapés.
La France est un pays laïc, un pays de liberté, et
Richard Malka fait partie de ceux qui sont prêts à se battre contre vents et marées pour qu'elle le reste.
Dans une partie intitulée "L'histoire des caricatures" l'avocat se fait historien et remonte le fil des événements qui ont conduit à l'hécatombe de
Charlie Hebdo.
Nous avons tous entendu parler de ces fameuses caricatures publiées dans un journal danois. Ce qui est moins connu est l'enchaînement des faits qui suivirent et que
Richard Malka détaille.
Il dénonce certains imams qui ont volontairement mis de l'huile sur le feu en adjoignant aux caricatures réellement publiées trois autres dessins très provocateurs et destinés à choquer particulièrement : "Cette escroquerie a été commise par des imams danois de la mouvance des Frères musulmans essentiellement, avec quelques salafistes."
Qui sème le vent récolte la tempête : les résultats ne se sont pas fait attendre, des populations entières se sont embrasées, et la volonté de punir ceux qui avaient osé faire ça s'est fortement exprimée.
Jusqu'au passage à l'acte.
Parce qu'en excitant volontairement les foules, on sait qu'inévitablement certaines personnes réagiront plus fortement et iront jusqu'au meurtre.
Là, on est loin, très loin, d'une religion de paix et d'amour ! On est en plein dans la haine la plus féroce et le désir fou de tuer.
"Escroquerie" :
Richard Malka ne mâche pas ses mots, et il a bien raison. de quel autre terme qualifier une falsification des faits commise dans le but d'exciter et d'amener à commettre des attentats ?
Surtout de la part de responsables religieux.
Et surtout quand on voit les résultats de cette escroquerie.
La plaidoirie est vraiment très complète et, par sa hauteur de vue, permet une réelle réflexion.
Dans une partie l'avocat nous raconte l'histoire du blasphème, dans une autre l'histoire de Charlie, ou celle des accusés.
Puis vient celle intitulée "Ceux qui ont soufflé sur les braises" et là, j'ai souvent eu envie de hurler.
Devant la lâcheté des propos rapportés, devant l'absence totale de scrupules de certains politiques qui par intérêt ou clientélisme les ont tenus. Tout donne envie de vomir tant c'est abject. Pour obtenir le "vote musulman", que de bassesses, que de compromissions ! Venant de tous horizons.
Lisez et vous découvrirez, mais attention : munissez-vous d'une bassine ou d'un de ces sacs que l'on trouve dans les avions.
Le droit d'emmerder Dieu est une lecture essentielle.
La plaidoirie est à l'image de celui qui l'a écrite : lucide, courageuse, cohérente, intelligente et déterminée.
Chapeau bas !
Le temps du combat est venu, la guerre idéologique nous a déjà été déclarée.
Foin de la politique de l'autruche : fermer les yeux, tergiverser (ou pire : nier), ne fera pas disparaître le danger, bien au contraire.
Une prise de conscience collective est indispensable, il en va de la survie de notre société. Il en va de notre survie.
" C'est aujourd'hui qu'il faut se battre, aujourd'hui que cela se joue."
Merci, Maître, de vous battre pour nous tous, et puisse votre livre déclencher une prise de conscience auprès de ceux qui n'ont pas encore suffisamment compris que nous devrions tous vous rejoindre dans ce combat vital.