La Frohmühle, cette belle bâtisse toute en pierre de grès rose "assortie à la terre rouge du pays du nord des Vosges", disais-tu encore. C'est ici que tu as grandi. La joie et la mélancolie se télescopent. Je me sens comme une bougie en plein vent. Dès que je m'allume, je m'éteins.
Comme promis dans tes souvenirs, deux étages, un grenier sous le toit pointu en vieilles tuiles et tout autour, une forêt remplie de hérissons et de lucioles. En face, une côte terriblement pentue qui monte jusqu'à ce qu'on ne voit plus le ciel. Dire qu'à mon âge ou quand tu faisais ma taille, tu voyais exactement ce que je vois...Ces pierres, ces volets, et ce parfum de terre mouillée. D'un coup mon cour recommence son tambourinage. On dirait un voisin pas content qui tape à la porte des poumons.
Si les ours pouvaient rire, je crois que ça sonnerait comme le rire de l"Emile. Un rire extraordinaire. Contagieux. Alors j'ai ri aussi.
Il neige, le bruit des bombes s'emmitoufle dans du coton. La neige se fou un peu de la gueule de la guerre.
Il y a un passage secret dans ton cerveau qui mène directement à ton coeur. Pour l’emprunter, il va falloir muscler ton imagination.
Sylvia me donne des cours de deuil. Comme ça me fait de la peine de progresser, alors je progresse peu. Par contre, je tombe amoureux. Mais alors à m'en péter les chevilles dans l'escalier tellement ça tremble. C'est bombardement de cceur sur bombardement de coeur. Son rire, quand il finit par arriver, ça fait comme un court-circuit dans la guerre. Je me prends un tel taux de lumière dans le sang que je me sens luminescent. Je brille comme une étoile dans mon lit toute la nuit et je ne m'éteins qu'au petit matin.
Rien ne remplacera ta maman. Perdre sa maman, c'est se faire couper un bras.Ce bras ne repoussera pas. Mais tu trouveras la force de fabriquer une prothèse
Un alchimiste émotionnel, voilà ce que tu dois devenir. Tu n'as pas d'autre choix que d'apprendre à être heureux de nouveau.
page 180.
Elle ne se rend pas compte que l'amoureuse , je l'ai déjà .
Même si elle est un peu vieille pour moi . " Doux euphémisme " comme dirait l' Emile vu que Sylvia a le même âge que toi , maman . J'ai failli le lui dire . J'ai senti l'électricité des mots sur ma langue , ma salive avait un goût de pomme . Faut dire que je venais de manger une pomme . P. 134
Quand c'est tante Louise qui me fait l'école, j'ai la tête qui s'alourdit. Surtout qu'elle fourre du catéchisme même dans la géographie.
À chaque fois que j'allais chercher les œufs, je lui apportais un des livres que m'offrait Sylvia. Je le lisais juste avant et me réjouissais en imaginant ses yeux sur les pages, son cœur et son cerveau qui passeraient par le même chemin que moi.
Son père lui a expliqué qu'on est cousins éloignés. En quelques minutes, nous sommes copains rapprochés.