Après un premier tome qui suivait les victimes des usuriers et permettait ainsi d'ouvrir une à une les portes de la misère humaine et des bas-fonds de la société nippone, cela fait maintenant deux tomes que l'auteur se concentre sur les difficultés et les dangers du métier de prêteur-sur-gages.
Ce troisième album poursuit donc l'histoire du tome précédent, avec un Aizawa toujours aussi déterminé à braquer Ushijima et son agence. Alors que lors des deux tomes précédents, Ushijima voyait son équipe à chaque fois renforcée par un élément (Takeda dans le tome 1 et Masaru dans le tome 2), il voit ici son équipe solidement décimée à cause d'Aizawa et sa bande. Les braquages et les kidnappings donnent d'ailleurs un aspect plus polar à cette saga qui dépouille méticuleusement et inéluctablement ses victimes, allant jusqu'à leur ôter toute dignité. Mais, le fait de centrer le récit autour d'une bande de (très) jeunes voyous, permet également de pointer du doigt une jeunesse nipponne en manque de repères.
Le monde dépeint par
Shôhei Manabe est toujours aussi sombre, le ton toujours résolument noir, l'ambiance glauque et les scènes demeurent souvent dérangeantes. Si la violence physique et verbale est toujours présente lors du dénouement de cette histoire impliquant Aizawa et sa bande, la deuxième partie de ce tome va prendre une tournure plus psychologique et sentimentale. L'auteur va en effet nous inviter à suivre un jeune homme qui a du mal à assumer son attirance envers un autre homme, tout en mentionnant les difficultés que rencontrent les homosexuels au sein de cette société qui n'a pas encore adapté ses lois et principes aux couples de même sexe. Une histoire plus calme, dont le rapport avec le milieu des usuriers n'est pas encore très clair pour l'instant.