Dans la lignée du tome précédent, ce neuvième tome poursuit la descente aux enfers de cette famille qui est lentement prise au piège dans la spirale de l'endettement, avec un fils accro aux machines à sous et une mère qui spécule sur les marchés boursiers.
On retrouve ici un Yoïshi, mis à la porte du domicile familial et tentant de survivre au jour le jour à l'aide de petits boulots d'intérim. Complètement fauché, il erre dans les bas-fonds de Tokyo, permettant ainsi à l'auteur d'ouvrir une à une les portes de la misère humaine. A travers les destinées toutes plus tragiques les unes que les autres de ces laissés-pour-compte de l'économie de marché,
Shôhei Manabe dresse le portrait d'une société de consommation à la dérive. Gangréné par une dépendance cruelle de l'argent et se fondant sur la réussite sociale et le respect de la hiérarchie, le monde dépeint par l'auteur est sombre, très sombre. Là où règnent les yakusas et où l'argent fait défaut, le soleil ne brille que très rarement. le ton est résolument noir, l'ambiance glauque et les scènes souvent dérangeantes. Malgré l'aspect fictionnel du récit, le surendettement est malheureusement un sujet d'actualité et le réalisme effrayant des horreurs d'écrites par
Shôhei Manabe met inévitablement le lecteur mal à l'aise.
Malgré un Ushijima qui n'apparaît qu'en fin de tome et des usuriers qui demeurent dans l'ombre de cette descente aux enfers, ce tome est donc assez intéressant, surtout au niveau du développement psychologique d'un Yoïshi qui, aux portes de l'Enfer, finit par entrevoir le chemin que sa vie doit emprunter afin de retrouver un quotidien plus humain.
Si la majorité du tome se concentre sur le dépouillement méticuleux de cette nouvelle victime de l'économie nippone, la note positive en fin d'album est pour le moins surprenant pour cette série qui broie du noir depuis le début.