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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quelle claque ce bel abîme ! de claques il en est question, des manques d'amour aussi, qui détruisent, dévalorisent, empêchent l'enfant de croître et d'avoir confiance. Et puis un jour une petite boule de poil, pleine de vie et d'affection, renverse tout et ouvre une fenêtre sur le possible, donne confiance en soi. Bella et ses yeux plein d'amour qui font exister. ”L'amour je ne l'ai vu que dans ses yeux et cela m'a transformé. Croyez-moi, un enfant trouve dans un chien ce qu'il ne trouve pas en mille hommes”. Jusqu'au jour où tout bascule à nouveau.
Oui une claque ce petit livre, par l'histoire évidemment, par la manière de la raconter, par la vision sans concession de la société tunisienne, par la rage qui vient saisir le lecteur. le tout servi par un style et une écriture rares, qui ne manqueront pas de provoquer un véritable choc jusqu'à faire perler quelques larmes chez les lecteurs, même les plus endurcis.
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Bel Abîme de Yamen Manaï a reçu le Prix Micheline en 2021. C'est un livre d'une grande puissance évocatrice, un texte d'une révolte inouïe.

Une histoire infiniment touchante. le cri long, terrible d'un adolescent tunisien.

Si le texte est court, il n'en demeure pas moins d'une redoutable efficacité.
De quoi être émue aux larmes.
L'innocence de l'enfance bafouée, mise en danger, qui ne rencontre que la haine des autres, jusqu'à la haine de soi à l'adolescence qui conduit à l'impardonnable, au déchaînement de la violence.

On le devine bien sûr de suite, l'issue est tragique.
La révolte n'est pas seulement dans les mots, elle est aussi dans les actes forts de cette histoire.
La résilience qui semblait promise par l'intermédiaire de Bella, une folie, un mensonge, volée par les adultes, volée par une société incapable de se reconstruire, de donner d'autres possibilités, des lendemains.

Que reste-t-il quand on n'a plus rien ni personne sur qui compter ? Comment peut-on grandir, s'épanouir dans un milieu qui ne t'en donnera pas l'espoir ?
J'ai partagé la révolte de cet adolescent qui n'attend plus rien de la vie. L'espoir n'existe plus. La haine seule reste.

D'autres pépites sont à découvrir aux Éditions Elyzad, je vous conseille d'y jeter plus qu'un oeil !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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J'ai le grand plaisir de commencer l'année en vous parlant d'un auteur que j'apprécie particulièrement. Son livre "La sérénade d'Ibrahim Santos" est un petit trésor cher à mon coeur ! Je viens cependant de de finir son dernier livre "Bel abîme", et c'est de celui-ci dont il sera question aujourd'hui, car je ressens l'urgence de partager avant tout autre, ce roman percutant !

Quel choc littéraire !

Je me retrouve abasourdie, légèrement sonnée mais profondément touchée par ce récit coup de poing ! Une vengeance passionnée d'un jeune homme tunisien, meurtri et trahi par les siens.Tristesse, horreur ou rancoeur : ce court roman nous fait vivre une palette d'émotions fortes, et nous embarque pendant quelques heures pour un moment de lecture intense qu'on peine à interrompre !

Par l'intermédiaire de son personnage, Yamen Manaï donne la parole à la jeunesse tunisienne, et livre une diatribe révoltée, accusatrice et amère sur les plus démunis de Tunisie. Dans ce court roman, on pleure sur un peuple abandonné à lui-même, sur les illusions éventrées, on pleure sur la solitude et les rêves avortés. Ne subsiste qu'un infime espoir, celui qui aide à tenir chaque jour et à se lever chaque matin, et celui qui donne la fièvre de s'en sortir.

Bel abîme est un cri déchirant du coeur, un cri puissant, un cri de rage et d'amour perdu. Enfant malmené chez lui comme par la vie, à l'instar de beaucoup d'autres dans son quartier, il grandit à la dure sans recevoir de réelle affection. Alors qu'il pensait avoir gagné le droit à un peu de bonheur, la vie lui prouve le contraire. le choc en est d'autant plus rude et douloureux.

Alors, le souffle coupé, la gorge nouée, on accompagne ce cri, on se laisse emporter par cette histoire pétrie de violence mêlée à celle d'un amour inconditionnel. On s'oublie le temps d'une lecture pour devenir ce jeune homme blessé, comme amputé.

Yamen Manai signe ici un texte incisif. Laissez-vous vous aussi emporter par cette vague déferlante, et abandonnez-vous à cette écriture puissante qui nous heurte et nous interpelle.


Bonne et heureuse année 2022 à tous !!
Lien : https://auxpetitespepites.bl..
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Dans Bel Abîme Yamen Manai tend un miroir à la société tunisienne contemporaine à travers le monologue d'un de ses enfants de 15 ans. Reflété dans l'oeil vert prairie d'un de ses autres parias, un chien beige et blanc, le narrateur laisse exploser sa rage dans 110 pages virtuoses. le récit du jeune homme incarcéré et sommé d'expliquer comment en être arrivé là, un là que je vous laisse découvrir, est une fable politique à hauteur des yeux de l'adolescence dans la veine de Boulgakov. D'une lucidité mordante et d'une drôlerie magistrale porté par « ce rire qui est en fait une autre façon de pleurer » sur l'état du monde.
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Maître Bakouche ? Vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner, comme l'on fait tous les autres, mais je ne vous appellerai pas maître. Vous pouvez vous brosser, je ne le dirai pas, je ne suis pas votre chien. Monsieur, c'est tout ce que je vous dois, et encore, c'est parce que je e vous connais pas. Peut-être en vous connaissant mieux, je finirai par vous appeler l'enculé. »

Un premier paragraphe qui montre la colère de cet adolescent emprisonné pour des faits de violence. A cet âge, on est dans l'absolu, on ne transige pas. Yamen Manai ne lui a pas donné de nom, il représente la jeunesse perdue de la Tunisie. Je vais l'appeler « IL »

Pour son procès, IL doit rencontrer, outre son avocat, un psychiatre. Il s'ensuit des dialogues en direct, sans filtre pour les réparties de IL.

IL vit entouré de violence. La violence paternelle aussi bien physique que mentale. le père, professeur, se la joue avec sa belle voiture, ses costumes et laisse sa famille au seul soin de la paie misérable de la mère, rabaisse tout le monde. Il est Lui, le superbe, les autres, sa famille, sont de la morve. Violence des autres enfants, IL aime lire, travaille bien à l'école, la violence de la vie tunisienne où les jeunes préfèrent partir, risquer de mourir en mer, plutôt que de rester dans un pays sans avenir pour eux.

Une vie triste, violente, seul l'amour de sa mère lui permet de tout supporter… Jusqu'au jour où il trouve une petite chienne qu'il va ramener chez lui, la cacher dans sa chambre. Bella, il l'appelle Bella. Entre eux deux, c'est l'amour franc, sincère sans contrepartie.

Tout va basculer lorsque sa chienne est abattue, je ne vous en dis pas plus que diantre, conservons un peu de mauvaise surprise.

Et oui, en Tunisie, il y a une campagne pour l'abattage des chiens errants, déjà considérés impurs dans le Coran, ils sont suspectés de tous les maux. « Pour que la rage ne se propage pas dans le peuple » oui, mais quelle rage ?

La sienne de rage s'étale, grandie à l'aune de l'amour qu'il porte à Bella et…. C'est pour cela qu'il se retrouve en prison.

Tout dans ce livre peut avoir plusieurs lectures. L'amour pur et sincère de l'animal, la rage, pas celle des chiens, mais des jeunes qui, même surdiplômés ne trouvent pas de travail et préfèrent risquer leurs vies en traversant la méditerranée. La rage se sent dans l'écriture de ce livre, il y a beaucoup d'impatience et Yamen Manai que j'ai eu le plaisir de rencontrer nous a dit qu'il avait écrit le livre en huit jours et qu'il l'habitait jour et nuit.

Un coup de coeur pour ce roman dérangeant, où la violence et la tendresse sont mêlées, écrit la rage au coeur. J'ai goûté l'oxymore du titre

Déjà lu et coup de coeur pour L'amas ardent


Lien : https://zazymut.over-blog.co..
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.Je ferme le livre à l'instant et j'ai envie de pleurer...
Bouleversant de lire toutes les souffrances accumulées, par ce garçon dès son plus jeune A la fois par la société qui ne respecte rien , même pas une propreté de base en ville par exemple et surtout la cruauté de son propre père , cruauté dont sa mère ne le protège pas .
Un seul amour partagé, sa chienne Bella .
Toute cette souffrance accumulée jaillira 2hors de lui violemment....
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Un roman qui s'ouvre sur un narrateur énervé, furieux, en rage contre la société dans laquelle il vit et contre son interlocuteur, Maître Bakouche, un avocat commis d'office.
Dès les premières lignes transparait la violence, tant à travers le style oralisé de l'auteur, mais aussi par les événements décrits, les coups des policiers, les jeunes noyés en cherchant à immigrer, les moqueries entre collégiens ou encore la violence religieuse des islamistes.
Grâce à ce monologue, l'auteur dépeint la société tunisienne, ce "bel abîme" un si beau pays, une révolution prometteuse, mais qui n'offre au final que peu d'espoir aux jeunes confrontés à l'injustice, la corruption et à un avenir bouché, même pour les diplômés.
Et puis arrive Bella, et enfin le narrateur a une raison d'être fier, de lever la tête, de s'exprimer.
C'est un véritable coup de coeur (une seconde fois pour cet auteur, après L'amas ardent) pour ce roman, percutant et émouvant, qui aborde beaucoup de thèmes poignants en peu de pages. Un condensé d'émotions qui ne vous laissera pas indifférent.e.
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Coup de coeur pour ce roman court et incisif. le monologue d'un jeune tunisien de 15 ans qui livre son histoire à son avocat commis d'office et au médecin psychiatre.
Un cri de révolte d'un adolescent qui hurle sa colère sans détour ni fioritures, c'est cru et brutal à l'image de la société tunisienne post révolution arabe.
Au fil des pages il nous livre son histoire et son amour pour Bella, la seule qui lui offre de l'amour et de la lumière dans cet abime sans fond où se mêlent des violences familiales et celles liées à l'absence de perspective et de considération qu'offre le pays à sa jeunesse.
C'est cet amour inconditionnel qui le conduira à sa perte, un acte de rage et de désespoir que l'on découvre à la fin de ce récit qui prend aux tripes.
Une vraie belle découverte !
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Poignant.

Un cri. Une étreinte. Un amour bâti sur des immondices de violence. Une lueur de bonheur, éteinte par la noirceur humaine. Ce livre est tout cela.

C'est un bijou. Et pourtant il n'est que souffrance. Une souffrance qui, dès les premiers mots, s'impose comme le personnage principal, omniprésent, immortel.
Comment en sortir lorsqu'on n'a plus rien ni personne sur qui compter ? Comment supporter la haine, vivre avec les sévices ? Qui peut éviter cet abîme sépulcral creusé par la société du plus fort, l'habitude d'une tradition déshumanisée, la loi de la frustration et de la résignation ? Nul ne le peut. Pas même ce tunisien de 15 ans qui, pourtant, avait trouvé en Bella l'espoir, la douceur, la beauté d'être aimé et d'aimer en retour, inconditionnellement.

Yamen Manai raconte. Il est la voix de cet adolescent. Un adolescent dont la maturité et la lucidité, ironiques, bouleversantes, tentent de s'ériger contre la cruauté. Contre la laideur. En vain. Au fil du monologue, la tristesse nous déchire jusqu'à la douleur… sa douleur. Elle se fait nôtre, devient universelle. Nous recevons ses mots comme autant de coups, ses phrases comme autant de claques qui sèment les graines de la colère, de l'injustice qui gangrène sa vie d'enfant. Une vie sans innocence, endeuillée par l'agonie du bonheur et de l'espoir.

Quelle merveille, ce roman, et quelle désolation.

Jusqu'au titre, terrifiant oxymore, où résonne ce nom tant aimé dont l'écho se meurt dans l'abîme. Bella… Bella… Bell..a… Bel abîme.

J'ai refermé ce livre, tremblante.

Merci Monsieur Manai. Merci infiniment. Je vous ai découvert ici. Avec tendresse. Avec tristesse. Votre récit est un sanglot qui m'a étreinte à la gorge.

Il rejoint les quelques livres-totems qui ont pénétré ma vie de leur âme.
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« J'ai appelé d mon coeur mon pays et je vous ai plaints. Je lui racontais qu'on était maudits, qu'on était perdus. Je lui murmurais que l'un comme l'autre nous étions un bel abîme dans lesquels les rêves se sont échoués … »
Ce court roman est un long monologue. Celui d'un jeune tunisien de 15 ans mis en garde à vue pour avoir tiré intentionnellement sur plusieurs personnes. Il s'y adresse successivement à son avocat commis d'office et à un psychologue chargé de l'évaluer et qui, tous deux, cherchent à comprendre l'origine de ce déferlement de violence. Un long cri, cri de révolte et cri de rage qui longtemps résonnera en moi.
Ce livre est la parfaite illustration que la beauté d'un livre ne se mesure pas au nombre de ses pages. 110 pages , mais quelles pages ! D'une puissance incroyable ! J'y suis rentrée sans n'en rien savoir et j'ai pris une grande claque, tant ce livre est percutant, fort, révoltant.
Une histoire qui peut se lire telle quelle mais qui aussi un roman métaphorique qui dénonce la violence enkystée dans la société tunisienne contemporaine. L'état des lieux pessimiste d'un pays gangréné par des principes religieux absurdes, où règne l'hypocrisie et la misère, un pays où la jeunesse se voit dénier tout avenir et où le printemps arabe a oublié les plus pauvres. C'est dur, c'est brutal, c'est intransigeant et accablant mais dieu que ce texte est beau !
Plus qu'un coup de coeur, un coup de foudre ! un texte à faire lire au plus grand nombre et à mettre entre toutes les mains. La découverte d'un auteur et d'une maison d'édition à suivre.
« Mais tant qu'il y aura des souvenirs et tant qu'il y aura des livres je ferai mieux que survivre »
Juste sublime.
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