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EAN : 9782344050484
120 pages
Glénat (24/11/2021)
4.29/5   24 notes
Résumé :
« Aucun artiste n'aura à ce point tutoyé les abîmes. » Milo Manara

Automne 1592. Michelangelo da Caravaggio dit « Le Caravage » débarque à Rome, toiles et pinceaux sous le bras. Il puise son inspiration dans l’âme de la cité éternelle, entre grandeur et décadence, et auprès des personnages hauts en couleur qu’il y rencontre. Rapidement admiré pour son talent, il sera toutefois souvent critiqué pour ses partis pris artistiques, notamment sur ses sujets... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
4 étoiles car mes 5 étoiles sont pour l'édition en Noir et Blanc,

Nous sommes à la fin de l'été 1592, Michelangelo Merisi da Caravaggio dit le Caravage arrive à Rome. Jeune il n'a que 19 ans et déjà très fougueux, pour ne pas dire belliqueux, mais il a déjà un sens profond de la justice. 
Le soir, il sauve un vieil homme agressé par des mercenaires à la solde d'un jeune bourgeois, lui-même agent de la famille Farnèse, Ranuccio Tomassoni. 
C'est son premier ennemi et ce ne sera pas le seul.
Car il ne l'a sait pas encore mais sa vie sera faite de "mauvaises" rencontres qui lui voudront autant de fuites. 
Mais cet épisode sera aussi l'occasion d'une rencontre salvatrice Mais il s'est aussi fait un allié, qui lui présente des amis architectes et peintres. 
Ceux sont eux qui vont le rebaptiser du nom de sa ville d'origine, Caravaggio. 
Les rencontres vont s'enchaîner Antiveduto Grammatica, peintre baroque qui le présentera à Giuseppe Cesari dit le Cavalier d'Arpin, peintre du pape Clément VIII. 
Pendant des jours, le Caravage va peindre des fleurs et des fruits sur les toiles du Cavalier d'Arpin, tout en "apprenant" Rome. 
On l'a découvert au début de l'ouvrage généreux et doté d'un sens aigu de justice sociale, il se liera d'amitié avec des prostituées, ce qui lui vaudra des ennuis avec un certain Ranuccio Tomassoni, qui en est le souteneur… Entre eux, c'est désormais la guerre...
Michelangelo va bientôt rentrer au service d'un mécène, le cardinal del Monte, grâce à son tableau "La Diseuse de bonne aventure", mécène qui deviendra "mentor" 

Ayant vaincu Ranuccio Tomassoni en duel, le Caravage doit quitter Rome. 
On le retrouve par une nuit d'été de 1606, mourant dans un camp de saltimbanques installé près de Rome, qu'il a dû fuir . 
Lanzi, qu'il avait lui-même sauvé d'un agression, leur demande de le soigner et de le cacher.
L'une des femmes, cette "voyante", qui lui avait prédit un grand destin, le reconnaît. 
Pour le soigner, elle envoie la belle Ipazia aller chercher de la poudre d'argent. Ipazia revient accompagnée de la comtesse Colonna, sa "protectrice" . 
Qui une nouvelle fois va lui venir en aide, lui apportant le nécessaire pour donner libre cours à son art,elle demande à se faire livrer les toiles dans son palais de Naples, prochaine destination du Maître. 
Quelques jours plus tard, Michelangelo se lance dans la peinture de la Cène à Emmaüs, .

Avant le départ pour Naples, les hommes de la garde papale font irruption dans le camp et commencent à tout fouiller. Alors que le Caravage est près d'être découvert, la belle Ipazia fait une diversion qui ne laisse pas insensible les gardes. 
Et c'est enfin le départ en pleine nuit vers la capitale de la Campanie, qu ne sera qu'un étape de plus dans un périple loin d'être terminé …

Manara disait lui-même au sujet du Maître du clair-obscur :
"Tout d'abord la vie du Caravage, aventureuse, picaresque, se prête beaucoup à une histoire en bande dessinée. Son caractère impétueux, rebelle qui l'a souvent conduit à la prison ; son aversion à l'autorité, au pouvoir en général ; le fait qu'il ait été beaucoup censuré aussi : un de ses chefs-d'oeuvre ayant même été condamné au bûcher ; son audace éhontée et transgressive dans la représentation de certains nus ; le fait qu'il soit constamment du côté du peuple, des humbles, des scélérats, des spadassins, même s'il était courtisé par les plus éminents cardinaux… Tous ces éléments font de lui un personnage véritablement passionnant et romanesque. En outre, il y a l'oeuvre gigantesque de l'artiste, son énorme influence sur l'histoire de la peinture, son incroyable modernité, quasi cinématographique. Les gestes des ses personnages sont puissants, vrais, réalistes, sans les exagérations artificielles qui caractérisent la majeure partie de la peinture baroque. Après lui, la peinture a changé ! Et puis il y a la beauté de ses femmes : je pense surtout à celles dont on ne voit pas directement le visage, mais dont on devine toute la beauté et la féminité."

Quand un maître du 9ème art rencontre un génie du 3ème art on s'attend à une rencontre au sommet. 
Et c'est le cas : le dessin de Manara sied parfaitement à la peinture du Caravage, voire à sa vie tumultueuse. 
Rome est magnifique pour ne pas dire vivante sous les planches qui défilent à la vitesse de la vie du peintre, 
Les reproductions de toiles, celles d'Arpin comme celles de Caravage, sont prises sur le vif comme si nous étions dans l'atelier de l'artiste, 
Les femmes sont belles, mais comment pourrait-il en être autrement chez Manara
Mais ce sont aussi les hommes qui sont le plus souvent nus

Par la prouesse de ses dessins Manara arrive à retranscrire le caractère passionné, tourmenté et tumultueux de Caravage, 
Il y a beaucoup de mouvements, dans ses dessins. 
il réussit à donner de la vie à l'intrigue et de faire que cette biographie dessinée soit vivante en lui insufflant du romanesque et du caravagesque . 
Clair et obscur, comme dans l'oeuvre de Caravage, sont présents partout, au propre comme au figuré.  

L'objectif de Manara est atteint : on aime ce, son, Caravage. 

Il donne à la fin obscure de l'artiste un sorte de clarté, Caravage demandant que ses toiles reviennent pour la grâce dans son acception de charme, beauté, élégance , pour la grâce dans l'acception de pardon, d'amnistie ... 
Comme une prémonition sur la grâce papale qu'il ne connaîtra jamais... 
Ou est-ce le retour en grâce qu'il connaîtra au début du XXème siècle après une longue période d'oubli.. 
Ou tout simplement la grâce omniprésente dans ses toiles
Une clarté comme une renaissance .
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Quels dessins magnifiques, quel homme impétueux, quel peintre de génie et quel destin exceptionnel.
Une BD qui m'a poussée à me précipiter sur la biographie de Caravage.
Un récit qui raconte la vie, trop courte, de ce génie.
Des illustrations vivantes, lumineuses et un récit trépidant.
Une BD historique qui met en lumière la vie tumultueuse de cet artiste et qui génère une envie irrépressible d'aller admirer ses oeuvres.
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Manara adaptant la vie du Caravage, je ne pouvais pas passer à côté ! Quelle idée brillante, quelle fougue de la part d'un auteur accusant ses 78 ans cette année.

J'ai eu l'occasion de voir le Caravage passer dans mes cours d'histoire de l'art (bien trop vite, malheureusement) et j'ai surtout vu ses oeuvres dans certains musées. Il est vrai qu'un tableau du Caravage à quelque chose qui marque, ses poses, ses lumières qui attire l'oeil. Ce sont des peintures qu'il faut surtout voir en vrai, pour ressentir pleinement la vie qu'il y a insufflé.

Manara adapte donc la vie de ce peintre, mais je dirais qu'il tente aussi de faire par là une oeuvre qui le concerne pleinement. Les amateurs de fesses en trouveront bien une ou deux au détour d'une planche, mais les proportions de femmes dénudées sont diminuées par rapport au Manara classique. Et surtout, son personnage du Caravage est avant tout un artiste, pleinement tourné vers son art et uniquement concerné par lui. Batailleur, arrogant, fier, investi, le Caravage est dépeint comme l'artiste fiévreux, celui qui doit peindre et doit toucher du doigt une perfection. Les tableaux sont représentés tout au long de la BD, mais plusieurs clin d'oeil sont aussi dissimulés de ci, de là, donnant à la BD un intérêt certain si vous la relisez après avoir découvert d'autres artistes du Cinquecento italien ! Tout amateur d'art saura s'amuser à décortiquer les références, les citations explicites.

Mais cette BD n'est pas qu'une adaptation de la vie du Caravage, et au-delà de l'histoire j'y vois indéniablement un sous texte dans lequel Manara semble parler de lui-même. Les doubles sens abondent : la grâce vers laquelle le Caravage tend semble tout autant la grâce papale lui permettant de rejoindre Rome que la Grace divine, celle artistique, vers lequel il tend par ses oeuvres. Manara parle d'un artiste, présente son obsession pour l'art jusque dans les moindres recoins de sa vie (la scène où regardant une croupe de femme il ne s'intéresse qu'a la lumière par exemple). Sans faire de psychanalyse de comptoir, j'aurais presque l'impression que Manara nous dévoile une oeuvre plus personnelle, somme d'une vie de travail sur le dessin. Il rend hommage aux maitres italiens qui semblent l'avoir marqués, il se projette peut-être dans un artiste dévoué à son art jusqu'au bout et qui semble mélancolique lorsque l'oeuvre est fini, incapable de s'arrêter de peindre (comme il semble incapable d'arrêter la bande dessinée à près de 80 ans).

Je ne parle bien sur pas des dessins, magnifiques. Outre les références et les citations, Manara s'amuse à reconstruire minutieusement des ateliers d'artistes, des costumes d'époques, des lieux tels qu'on pourrait les imaginer à cette époque. C'est une plongée dans l'Italie de la Renaissance, une magnifique mise en image qui explique par le dessin la lumière qui marque tant le Caravage. Manara n'a plus vraiment besoin de faire ses preuves sur le plan pictural, et pourtant il prouve encore qu'il en a sous le capot. Remarquable !
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Je connaissais Manara avec, notamment "Le déclic" ou "Jour de colère" mais, là, il me surprend avec cette fresque qui résume la vie du Caravage, dans les sublimes décors de ces villes italiennes. Ça me donne envie de me plonger, plus en détail, dans les oeuvres de ce grand peintre.
Je vais ensuite lire sa vision graphique du Nom de la Rose, approuvée, paraît-il par Umberto Eco.
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Premier album de Manara que je lis, attirée par le sujet et les dessins. Je ne suis pas déçue car ces deux tomes regroupés forment une BD trépidante passionnante et très belle, facile d'accès sans être simpliste. On s'y retrouve dans l'histoire et les personnages. Par ailleurs historiquement et artistiquement c'est très instructif. Un vrai plaisir
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