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Critique de hervethro


Ce petit essai, une amie me l'avait offert il y a vingt ans. A l'époque, je commençais seulement à dévorer les pages imprimées et, à la vue d'une prose un peu rébarbative, je l'avais mis de côté. Pour plus tard.
De temps en temps, je l'ouvrais au hasard, piquait une ou deux phrases. Pas convaincu. Les années passaient. Je considérais le petit volume avec suspicion. Pas encore. Les mois sont devenus deux décennies.
Puis, je me suis lancé. Finalement, 300 pages ce n'est pas un calvaire.
Et c'est tout sauf un chemin de croix.
Car Alberto Manguel est un lecteur avant de porter le costume de l'écrivain. Comme tous les romanciers. Comme nous.
On sait lire avant de savoir écrire.
Et, tout au long de ces pages, il se pose toujours en tant que lecteur. Cela donne une impression de décalage, comme si c'était Monsieur tout-le-monde et non un érudit qui glosait sur la lecture.
Il existe des milliers d'histoires de la littérature, surement tout autant de manuels pour apprendre à écrire (comme si on pouvait en donner la recette), mais plus rarement on parle de la lecture et des lecteurs.
Si le livre a traversé les siècles, c'est bien qu'il comporte quelque chose de magique et cette magie, tout comme un prestidigitateur, a besoin d'un public pour exister.
L'écrivain n'est rien sans ses lecteurs. Sans son lecteur, car le fait de lire implique forcément une intimité qui isole cette relation tout en augmentant le rapport si particulier entre celui qui parle par ses mots et celui qui les interprète.
Cette Histoire de la Lecture se lit donc comme un roman. Elle est truffée d'anecdotes. On y apprend quantité de choses. Manguel est un féru d'histoire. Un passionné qui sait faire partager son amour des livres en présentant une kyrielle de lecteurs connus ou pas, tous passionnés eux-mêmes par les mots et la façon de les agencer.
Tout y passe ou presque. Depuis les balbutiements des scribes, à une époque où on lisait à haute voix. Lire en silence ne vint qu'après. Saint Augustin fut l'un des premiers à lire pour lui-même, renforçant ce lien si particulier entre un auteur et son lecteur.
Avant le 6ème siècle, la ponctuation n'existait pas. Les mots n'étaient pas séparés. Je vous laisse imaginer la difficulté d'avaler Platon ou Sénèque dans ces conditions. A cette lointaine époque, il était de tout façon mal vu de posséder des livres; un texte devait s'apprendre, pas se garder dans une bibliothèque.
Manguel évoque bien entendu les autodafés, la censure, les lieux de lecture, les lectures interdites ou orientées, les formes du livre, les balbutiements de l'apprentissage, les oracles et prédictions, les problèmes de traduction et, bien entendu la mémorisation des livres par cette anecdote d'un prisonnier des camps de la mort qui servait à ses compagnons de bibliothèque, réécrivant ainsi Fahrenheit 451.
On croise aussi quelques noms bien connu au fil des pages, entre autre Rilke et Borges. Evidemment, tel essai regorge de conseils de lecture sans vraiment le dire. de quoi remplir une partie de sa bibliothèque et surtout son esprit, car il ne sert à rien de collectionner les livres seuls, encore faut-il les apprivoiser, les ingurgiter, les laisser infuser dans sa mémoire.
Aller jusqu'à les apprendre par coeur ?
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