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Citations sur Ça & 25 centimes : Conversations d'Alberto Manguel ave.. (8)

Il y a, depuis la fin du XIXè, début du XXè siècle, des gardiens aux portes des musées, des galeries, qui déterminent ce qui est art ; qui ont pris le geste de Duchamp - qui était nécessaire - d'installer un urinoir dans un musée et de l'appeler fontaine pour qu'il devienne une oeuvre d'art, comme le geste artistique par excellence, comme si, en détournant cette idée de Duchamp, l'art n'était plus aujourd'hui que cela ! Et se suffisait à lui-même pourvu que les gardiens de musée en aient décidé ainsi !... L'essentiel dans le monde de l'art aujourd'hui est le discours théorique qui accompagne l'oeuvre ou - pire - qui la précède...

L'art aujourd'hui semble avoir été kidnappé par les banquiers et les publicitaires... On est en train de nous accuser d'être soit trop snobs soit trop stupides pour comprendre la valeur d'une oeuvre, telle que cette chambre vide où une lumière s'éteint et s'allume, qui a reçu le prix Turner en Angleterre. On n'a pas le droit de dire : " je refuse de me plier à vos instructions pour réfléchir sur cette chambre vide. Cette chambre vide n'a aucune valeur artistique. Et vous ne pouvez pas me convaincre, avec vos longs textes, de la valeur symbolique, philosophique, éthique, de ce que vous présentez. C'est une métaphore vide à laquelle vous avez cru au point de la concrétiser. Et ce geste est d'une arrogance telle qu'il m'effraie !
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Il y a un dicton canadien, pour parler de la reconnaissance littéraire, qui dit "ça et 25 centimes te paieront une tasse de café!"
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Un des grands mensonges qu'on nous raconte depuis toujours est l'idée que la littérature est un passe-temps, un luxe presque superflu. Or, la littérature est un lieu aussi concret que cette pièce et n'est pas un passe-temps mais est faite du temps lui-même. Elle habite, lorsqu'elle est vraie, le passé, le présent et le futur. (P192)
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J'en profite pour souligner que, pour moi, ce n'est pas un détail. Je ne critique pas le tutoiement courant d'aujourd'hui, mais il me semble indiquer moins un effort de familiarité, de mise en confiance, qu'un manque de respect. Il met la personne qu'on tutoie dans une position moins importante.
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La littérature qui compte est celle qui prolonge notre vie... (P193)
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- Tu emploies l’expression lire d’une façon métaphorique. Avant de lire des signes, des lettres, des mots, on lit le monde…
- Lire ne veut pas dire seulement lire un texte. « Métaphorique » implique l’idée que le vrai lire c’est lire le texte et que le geste que nous faisons en reconnaissant les parcelles de l’Univers pour lui donner un sens est seulement semblable au geste de lire un texte. En fait, je crois que ce n’est pas semblable mais que c’est le même geste !
Je veux étendre le sens du verbe lire à cette perception organisée de l’Univers qui veut que tout soit déchiffrable, même s’il n’y a pas des mots, des chiffres derrière ce que nous percevons. (p165)
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Pour moi ces découvertes de la réalité de l’art de la littérature – dire que le fait esthétique est l’imminence d’une révélation qui ne se fait pas, dire que d’un geste minime naît une nouvelle façon de faire la littérature, et dire que dans le temps réel nous devons faire des choix, il y a soit la droite soit la gauche, mais que dans la littérature les deux coexistent – sont d’une intelligence, d’une profondeur qui font que nous ne pouvons plus lire la littérature de la même façon après Borges. (p76)
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L'art aujourd'hui semble avoir été kidnappé par les banquiers et les publicitaires... On est en train de nous accuser d'être soit trop snobs soit trop stupides pour comprendre la valeur d'une oeuvre, telle que cette chambre vide où une lumière s'éteint et s'allume, qui a reçu le prix Turner en Angleterre. On n'a pas le droit de dire : " je refuse de me plier à vos instructions pour réfléchir sur cette chambre vide. Cette chambre vide n'a aucune valeur artistique. Et vous ne pouvez pas me convaincre, avec vos longs textes, de la valeur symbolique, philosophique, éthique, de ce que vous présentez. C'est une métaphore vide à laquelle vous avez cru au point de la concrétiser. Et ce geste est d'une arrogance telle qu'il m'effraie ! "

Nous avons laissé à ces gens là - galeristes, conservateurs, critiques d'art, collectionneurs et artistes à la mode - la liberté de prendre toute la place dans le domaine de la création artistique !... Si tu prends la parole , comme l'a fait par exemple Tom Stoppard, le grand dramaturge, pour s'exprimer sur la bêtise du prix Turner, tous ces critiques d'art officiels se tournent contre toi en disant : " C'est un populiste, c'est quelqu'un qui ne respecte pas la vraie création, l'art a toujours souffert de n'être pas reconnu immédiatement, etc..."

Je suis effaré de constater que quelqu'un comme Sophie Calle arrive à tromper le monde entier en réalisant des gamineries que l'on trouverait bêtes chez un enfant ! Elle est élue pour représenter la France à la Biennale de Venise ! Installer un téléphone public qui diffuse la voix de Sophie Calle. Ou bien solliciter des femmes célèbres pour répondre à une lettre de rupture. Tout cela me parait une escroquerie ! Bien sûr, il y a de grands artistes qui font des oeuvres valables dans ces nouveaux médias : Andy Goldsworthy ou Constanza Piaggio, pour ne citer que deux exemples. Mais pour la plupart, ce sont tout simplement des escroqueries contre lesquelles personne n'élève la voix ! Cela ne représente strictement rien, ce n'est même pas intéressant...
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