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Christine Le Boeuf (Traducteur)
EAN : 9782742761654
244 pages
Actes Sud (28/04/2006)
3.83/5   90 notes
Résumé :
Parce que la lecture est peut-être avant tout une "conversation", tout lecteur éprouve le besoin de "répondre" aux textes qui l'interpellent et confèrent à sa propre vie un surcroît d'existence.
Ayant décidé de relire, une année durant, ses livres de prédilection tels qu'ils lui semblaient susceptibles de refléter le chaos contemporain ou d'enrichir et d'éclairer son rapport personnel au monde, Alberto Manguel offre ici, entre carnet intime et recueil de cita... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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"Dans une certaine mesure, cela est vrai de tout livre que nous aimons. Nous pensons l'approcher de loin, voir s'ouvrir sa couverture protectrice et observer, bien installés à notre place dans l'auditoire, le déploiement de sa narration, et nous oublions à quel point la survie des personnages, la vie même du récit dépendent de notre présence en tant que lecteurs, de notre curiosité, de notre désir de nous rappeler un détail ou de nous étonner d'une absence, comme si notre capacité d'aimer avait créé à partir d'un fouillis de mots la personne qui est l'objet de l'amour.
Je ne sais pas encore vers quel livre les mots de Machado vont m'entraîner. "(p. 245)

Ces notes d'un lecteur et pas n'importe lequel... se savourent avec délectation. Alberto Manguel nous parle de ses grandes admirations littéraires pour Cervantès, Chateaubriand, Adolfo Bioy Casares, Machado de Assis, Dickens, etc.
Il nous livre ses rapports intimes avec sa bibliothèque, ses lectures, ses relectures, ses propres livres, sa répugnance pour les emprunts d'ouvrages... qui lui laissent comme un goût d'inachevé... des digressions sur le monde, l'actualité... mais le retour se fait toujours très promptement vers nos compagnons , les Livres...et leurs créateurs !!


Une vraie jubilation que cette lecture ... pourtant faite à plusieurs reprises; cette fois, cette relecture m'a donné une très forte impatience à lire très attentivement Machado de Assis.

"Pour Machado de Assis (de même que pour Diderot et Borges), la page de titre d'un livre devrait comporter les deux noms de l'auteur et du lecteur, puisque tous deux en partagent la paternité. " (p. 230)

"Le plus grand défaut de ce livre c'est toi, lecteur", déclare Machado de Assis sur un ton accusateur, arrivé à la moitié
des -Mémoires posthumes de Braz Cubas- (que je suis en train de lire une fois de plus)."Tu es pressé de vieillir et le
livre progresse avec lenteur; tu aimes les récits directs et animés, les styles aisés et réguliers, et ce livre ainsi que
mon style sont pareils aux ivrognes, ils virent à droite et à gauche, ils avancent et s'arrêtent, se plaignent, crient, rient aux éclats, menacent le ciel, glissent et tombent..;" (p. 230)
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Que ce soit dans "l'allégresse", avec "révérence" ou en émettant des réflexions en parallèle avec son quotidien, l'actualité et ses souvenirs, Alberto Manguel (écrivain,éditeur,traducteur dont Une histoire de la lecture a reçu le prix Médicis essai 1998 et Dans la forêt du miroir le prix France Culture 2001), "lecteur éclectique" a choisi et (re)lu 12 livres de sa bibliothèque (un par mois sur une année) qui l'ont marqué pour composer au jour le jour Journal d'un lecteur.
Alors que ce voyageur impénitent parcourt le monde pour son travail, les auteurs de nationalités différentes nous ouvrent (des livres dans un livre) les portes de leurs univers (policier,fantastique,historique,itinérant,idéaliste,schizophrène,intemporel,politique,nostalgique...) mêlant fiction et réalité.
Chaque lecteur y trouve son compte car les livres de Casares à Grahame, en passant par Atwood ou Buzatti, "prennent vie". Pourquoi lit-on? Comment? Pourquoi un livre nous touche-t-il?Qu'y projette-t-on? Qui est-on?
Emaillé de nombreuses citations et références littéraires, Journal d'un lecteur nous "fait la conversation".
Ce petit bijou particulièrement bien écrit par un érudit qui donne de lui sans se prendre la tête, permet de s'ouvrir à d'autres réflexions, de trouver sa propre identité.
Mon anecdote préférée, celle qui m'a le plus touchée: l'histoire d'un homme qui,alors que le chaos règne autour de lui, que les sirènes hurlent et les deux tours s'effondrent, coincé dans une librairie de Manhattan, continue de feuilleter les livres qu'il était en train de choisir. Egoïsme, sang-froid, acceptation de la fatalité?
La lecture serait-elle une bulle de protection? Permettrait-elle une traversée du temps?
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L'oeuvre d'Alberto Manguel gravite autour du monde des livres. Avant le "Journal d'un lecteur" j'avais lu "Une histoire de la lecture" et "La Bibliothèque la nuit", deux essais ou l'auteur nous invite à un voyage au coeur des bibliothèques et au plaisir de la lecture. J'ai retrouvé dans l'un d'eux un article découpé dans le nouvel observateur de décembre 2006, Alberto Manguel concluait l'entretien en ces termes :

«Les lecteurs, ont depuis toujours été traités de fous, de lâches, de misanthropes, de solitaires. Parce qu'on veut confondre l'espace intime créé par la lecture avec un éloignement. En fait, c'est le contraire. On rentre dans le monde en entrant dans un livre. Et on y rentre à plusieurs. On lit à deux, à quatre, à mille. L'amour d'un livre qui se propage, c'est vertigineux. »

Alberto Manguel c'est l'homme au 35 000 livres. Sa bibliothèque il l'a construite dès l'âge de 5 ans, malgré ses nombreux déménagements, il possède toujours précieusement sa première acquisition : "Les Contes" de Grimm.

 Il est né en 1948 en Argentine, mais il est citoyen du monde. Il a passé une partie de son enfance en Israël, puis il a résidé dans de très nombreux pays, le Canada, la France, les États-Unis. Il est journaliste, écrivain, traducteur, conférencier. Il a été, entre autres, directeur de la bibliothèque nationale d'Argentine et responsable de la collection "le Cabinet de lecture" chez Actes Sud. C'est un habitué de l'émission de François Busnel "La grande librairie" diffusée chaque semaine sur France 5. Son dernier passage date du 4 mars 2020 pour son livre "Monstres fabuleux".

 Ce "Journal d'un lecteur" est un moyen pour l'auteur de nous faire part de sa vision du monde à travers le filtre de quelques chefs-d'oeuvre qu'il a décidé de relire.

 Dès la première ligne, on est séduit par l'intelligence, la clarté des propos et leur pertinence. L'auteur balaye un grand nombre de sujets en rapport direct ou lointain avec ses lectures. Son texte est émaillé de commentaires sur l'actualité, de réflexions philosophiques, de citations ou de souvenirs d'enfance. Il parle de sa bibliothèque, des objets qui l'entoure, de ses rencontres. Il évoque ses voyages, ses tournées d'auteur, ses trouvailles au marché aux puces. Chacun de ses paragraphes suggère une foule d'idées et d'images qui nous éloigne quelques instants du texte pour y mieux revenir.

 Un livre fait d'anecdotes et de réflexions, de quoi contenter tous les lecteurs. Ce qu'il dit à propos des "Mémoires posthumes de Brás Cubas", peut s'appliquer à son "Journal d'un lecteur" :

«Un livre écrit avec indolence, avec l'indolence d'un homme que ne concerne plus la brièveté de ce siècle, une oeuvre nonchalamment philosophique...»

 Voici quelques passages que j'ai trouvés particulièrement savoureux, non pas spécialement par la profondeur de la réflexion sous-jacente, mais par leur concision et leur authenticité. Ils donnent le ton de cet ouvrage à la fois divertissant, instructif et stimulant pour l'esprit.

«L'idée majeure dans Don Quichotte, c'est la lutte entre un idéal et la réalité.»

«La chatte feint d'être surprise par sa queue, l'observe un moment et puis bondit pour l'attraper. C'est comme si elle s'était persuadée de l'apparition de quelque chose qui ressemble à sa queue, mais ne l'est pas : une queue fictive, en quelque sorte. Pour profiter du jeu, elle s'accorde de la suspension volontaire d'incrédulité du lecteur.»

«Pour qu'un livre nous touche, il faut sans doute qu'il établisse entre notre expérience et celle de la fiction - entre les deux imaginations, la nôtre et celle qui se déploie sur la page - un lien fait de coïncidences.»

 J'ai bien aimé aussi cette anecdocte :

"Notre voisin est venu nous offrir du bois. Il a calculé combien il lui en faudra s'il vit jusqu'à quatre-vingt-dix ans. Tout le reste, il va le donner."

 Je me demande si je ne devrais pas faire pareil avec ma bibliothèque.

 Je suis heureux d'avoir découvert avec ce livre de nouvelles perspectives de lecture, notamment : Maccado de Assis, une grande figure de la littérature brésilienne et Kenneth Grahamme pour son roman "Le vent dans les saules" un classique de la littérature britannique pour enfants.

Bibliographie :

- "Journal d'un lecteur", Alberto Manguel,collection Babel, Actes Sud (2006), 245 pages.

- "Une histoire de la lecture", Alberto Manguel, Actes Sud (1998), 427 pages.

- "La Bibliothèque la nuit", Alberto Manguel, Actes Sud (2006), 335 pages.

- "Ma bibliothèque, c'est moi", interview d'Albert Manguel par Didier Jacob,"Le nouvel observateur" 30 novembre-6 décembre 2006.

Vocabulaire :

"Dans son mémoire sur Le Tasse, Chateaubriand rend compte de la conviction qu'avait le poète de la présence du numineux en ce monde". (page 80 du "Journal d'un lecteur").

Numineux : nom masculin. Phénomène mystérieux, que l'on ne parvient pas à expliquer de manière rationnelle, et qui par conséquent laisse à penser qu'il est relatif ou divin.
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Quand on prend un livre d'Alberto Manguel, on sait à l'avance que l'on va côtoyer un écrivain brillant, à l'esprit curieux et d'une culture encyclopédique.

Dans ce récit, il nous présente une sorte de journal tenu pendant un an autour d'une dizaine de livres qu'il s'est proposé de relire. Ne vous découragez pas si certains auteurs ne vous disent rien de rien (Sei Shonagôn, ?), vous connaissez certainement les autres (Châteaubriand, Kipling, Wells, Buzzati,…). de toutes façons ce n'est pas une explication de texte mais une promenade de Manguel chez quelques auteurs auxquels il associe les événements de sa vie quotidienne.

C'est l'époque (2002-2003) où il a acheté un ancien presbytère (et oui, il faut bien caser les 30.000 ouvrages de sa bibliothèque…) près de Poitiers et cette nouvelle maison est étroitement imbriquée dans ses lectures. de même, ses voyages à l'étranger ou les événements internationaux lui fournissent des passerelles entre hier et aujourd'hui.

Si la lecture est une "conversation avec les meilleurs auteurs du passé" (et du présent), Manguel est vraiment un de mes interlocuteurs préférés !
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Vagabonder à travers les livres que l'on aime, relire ceux qui sont indispensables, noter quelques réflexions au passage, voilà le projet de ce bouquin. Une année avec des chefs-d'oeuvres, des voix que la vie n'auraient pas dû exiler, de vieilles amours réincarnées, des vieux potes dépotés. le lecteur du lecteur qui relit se lit lui-même à travers un autre et d'autres livres qu'il ne connaît pas ou qu'il avait oublié. Ce que raconte Manguel, bien sûr, me parle au plus au point, parce que lire est nécessaire, parce que la vie se crée dans les livres, qu'elle y trouve son langage et son sens, qu'elle s'y perd pour y retrouver ce qu'elle ne cherchait pas. Et si moi aussi, je tentais l'expérience, quels seraient les bouquins retenus? Il y aurait, comme chez Manguel, Don Quichotte, en souvenir d'une plage des Canaries, du soleil et des illusions d'un adolescent qui s'inventait des Dulcinées à tour de bras. Il y aurait aussi Les Misérables pour retrouver les larmes des mes quatorze ans à la mort de Jean Valjean. Il y aurait Derborence, seul dans les rochers, dégustation de l'âpre goût d'ici. Il y aurait Montaigne quand il emmêle le corps et l'esprit dans sa phrase sans fin. Et, parce que la longue phrase se remange avec plus de joie que les mots trop secs, je rajouterais, en vrac, Belle du Seigneur, La route des Flandres et La Recherche du Temps perdu. Terminons par un petit San-Antonio de derrière les fagots et le tour est joué. Mais on ne refait jamais vraiment le tour de ses lectures parce qu'on ne fait jamais vraiment non plus le tour de soi-même. Alberto Manguel, à la fin du livre, ne connaît pas encore sa prochaine aventure. Moi non plus. Ouf.
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Pour qu'un livre nous touche, il faut sans doute qu'il s'établisse entre notre expérience et celle de la fiction - entre les deux imaginations, la nôtre et celle qui se déploie sur la page - un lien fait de coïncidences.
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Je n'aime pas qu'on me résume un livre. Tentez-moi à l'aide d'un titre, d'une scène, d'une citation, oui, mais pas de toute l'histoire. Amis enthousiastes, quatrièmes de couverture, enseignants et histoires de la littérature sabotent une grande partie de notre plaisir de lecture en révélant l'intrigue. Et, l'âge venant, la mémoire aussi peut gâcher le plaisir d'ignorer ce qui va se passer. Je me rappelle à peine ce que c'était de ne pas savoir que le docteur Jekyll et Mr Hyde étaient une même personne, ni que Robinson Crusoë allait rencontrer Vendredi.
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La lecture est une conversation. Des fous se lancent dans des dialogues imaginaires dont ils entendent l'écho quelque part dans leur tête; les lecteurs se lancent dans un dialogue similaire, provoqué par les mots sur une page. Si, le plus souvent, la réaction du lecteur n'est pas consignée, il arrive aussi qu'un lecteur éprouve le besoin de prendre un crayon et de répondre dans les marges d'n texte. Ce commentaire, cette glose, cette ombre qui accompagne parfois nos livres préférés transpose le texte en un autre temps et une autre expérience. (p.12)
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Il y a des livres que nous parcourons dans l'allégresse, oubliant chaque page lue sitôt tournée la suivante; d'autres que nous lisons avec révérence , sans les oser ni approuver ni contester; d'autres qui se bornent à nous renseigner et excluent d'avance nos commentaires; d'autres encore que, parce que nous les aimons si fort et depuis si longtemps , nous ne pouvons que répéter , mot à mot, car nous les connaissons, au sens propre, par cœur. Et il y en a beaucoup encore qui tiennent de tous ceux-là et qui, au lieu de susciter le silence (respectueux ou ravi), nous aiguillonnent, nous prennent aux épaules, exigent de nous que nous réagissions par une opinion, une réflexion, une question, un souvenir, un désir.
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Borges, interrogé sur sa croyance en Dieu: " Si le mot Dieu signifie un être qui existe en dehors du temps, je ne suis pas sûr de croire en lui. Mais s'il signifie ce quelque chose en nous qui est du parti de la justice, alors oui, je crois, en dépit de tous les crimes, que le monde obéit à un dessein moral". (p.51-52)
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Vidéo de Alberto Manguel
A l'occasion de la soirée de lancement Lettres du Monde, rencontre avec Javier Cercas "Le château de Barbe Bleue" et Alberto Manguel "La cuisine des contrés imaginaires" aux éditions Actes Sud. Entretien avec Caroline Broué.
Retrouvez les livres : https://www.mollat.com/livres/2727711/javier-cercas-terra-alta-vol-3-le-chateau-de-barbe-bleue https://www.mollat.com/livres/2947559/alberto-manguel-la-cuisine-des-contrees-imaginaires
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