Citations sur Le retour du professeur de danse (58)
Je croyais que c'était fini. Toutes ces atrocités. Mais les idées formées dans le cerveau tordu de Hitler sont encore là. Elles sont pris d'autres noms, mais ce sont les mêmes.Par exemple, l'idée qu'il est tout à fait possible d'exterminer un peuple entier si on le juge utile. Avec les nouvelles techniques, les groupes qui propagent ces idées, n'ont aucun mal à communiquer entre eux.
"- Ces yougoslaves, dit-il. Il y en a de plus en plus.
- On devrait les renvoyer chez eux, répond son père. Ils n'ont rien à venir chercher en Suède. On a déjà assez à faire avec les Finlandais. Sans parler des gitans. Il faudrait les exterminer."
Stefan se rappelait l'échange mot à mot. Ce n'était pas une reconstruction. Son père avait dit cela et le vendeur n'avait pas réagi à la dernière phrase, "il faudrait les exterminer"...Il n'avait pas réagi.
C'était toujours à ce moment, au petit matin, qu'il se sentait le plus vulnérable. Il pensa qu'il était un policier de trente-sept ans, qu'il essayait de mener une vie digne. Rien de remarquable, rien qui sorte de l'ordinaire. Mais c'était quoi l'ordinaire ?
Il avala un autre cachet.
La douleur commença à refluer. Il lut le nom du médicament. Doleron. Il y avait un triangle rouge sur la boîte. Il sentit qu'il était gagné par la somnolence. Mais aussi que peu de joies dans la vie pouvait se mesurer à la disparition d'une souffrance aigüe.
C'était toujours à ce moment, au petit matin, qu'il se sentait le plus vulnérable. Il pensa qu'il était un policier de trente-sept ans, qui essayait de mener une vie digne. Rien de remarquable, rien qui sorte de l'ordinaire. Mais c'était quoi, l'ordinaire ? Il se rapprochait de la quarantaine et n'avait même pas d'enfants. Et maintenant, il en était réduit à lutter contre une maladie qui le détruirait peut-être. Dans ce cas, sa vie n'aurait même pas été ordinaire. Elle n'aurait été qu'un essai, sans possibilité de démontrer sa valeur.
La haine ne s'exprime plus de façon ouverte,mais différemment : par en dessous si je puis dire. L'Europe est en train de s'affaisser sous l'effet de cette haine – mépris pour les faibles, attaques contre les immigrés, racisme. Je le vois partout. Et je me demande si nous lui opposons vraiment la résistance nécessaire.
"A présent , la nausée avait disparu et il observait son reflet dans le miroir de la salle de bain.Brusquement, il fut submergé par un sentiment d'irréalité. Il ne put absolument pas s'en défendre. Il fondit en larmes, jeta la serviette qu'il tenait à la main contre le miroir et sortit. Je vais mourir, pensa t'il avec désespoir, je vais mourir et je n'ai même as quarante ans. "
La peur se jeta sur lui. S'il avait pu, il se serait enfui à toutes jambes hors de sa propre peau
Il n'avait rien perdu, sinon du temps. Mais qu'était-ce au juste que le temps ? Un souffle inquiet, des matins qui se muaient en soirs, puis en nouveaux jours ?
Les gens ont toujours gaspillé leur vie en absurdité diverses. En ce moment, ils aiment crever devant leur téléviseur, le regard rivé à ces séries idiotes et misanthropes dont on ne voit jamais la fin.