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Citations sur La Montagne magique (268)

Je cherche à introduire un peu de logique dans notre conversation et vous me répondez par des phrases généreuses. Je ne laissais pas de savoir que la Renaissance avait mis au monde tout ce que l'on appelle libéralisme, individualisme, humanisme bourgeois. Mais tout cela me laisse froid, car la conquête, l'âge héroïque de votre idéal est depuis longtemps passé, cet idéal est mort, ou tout au moins il agonise, et ceux qui lui donneront le coup de grâce sont déjà devant la porte. Vous vous appelez, sauf erreur, un révolutionnaire. Mais si vous croyez que le résultat des révolutions futures sera la Liberté, vous vous trompez. Le principe de la Liberté s'est réalisé et s'est usé en cinq cents ans. Une pédagogie qui, aujourd'hui encore, se présente comme issue du Siècle des Lumières et qui voit ses moyens d'éducation dans la critique, dans l'affranchissement et le culte du Moi, dans la destruction de formes de vie ayant un caractère absolu, une telle pédagogie peut encore remporter des succès momentanés, mais son caractère périmé n'est pas douteux aux yeux de tous les esprits avertis.
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Peut-on raconter le temps en lui-même, comme tel en soi ? Non, en vérité, ce serait une folle entreprise. Un récit, où il serait dit : " Le temps passait, il s'écoulait, le temps suivait son cours " et ainsi de suite, jamais un homme saint d'esprit ne le tiendrait pour une narration. Ce serait à peu près comme si l'on avait l'idée stupide de tenir pendant une heure une seule et même note, ou un seul accord, et si l'on voulait faire passer cela pour de la musique. Car la narration ressemble à la musique en ce qu'elle " accomplit " le temps, qu'elle " l'emplit convenablement ", qu'elle le " divise ", qu'elle fait en sorte qu' " il s'y passe quelque chose " (...). Le temps est l'élément de la narration comme il est l'élément de la vie : il y est indissolublement lié, comme aux corps dans l'espace.
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Je suis ici, depuis assez longtemps, depuis des jours et des années, je ne sais pas exactement depuis quand, mais depuis des années de vie, c'est pourquoi j'ai parlé de « vie » et je reviendrai tout à l'heure sur le destin. Mon cousin, auquel je voulais rendre une petite visite, un militaire plein de braves et de loyales intentions, ce qui ne lui a servi de rien, est mort, m'a été enlevé, et moi, je suis toujours ici. Je n'étais pas militaire, j'avais une profession civile, une profession solide et raisonnable qui contribue, paraît-il, à la solidarité internationale, mais je n'y ai jamais été particulièrement attaché, je vous le confie, et cela pour des raisons dont je ne peux rien dire, sauf qu'elles demeurent obscures. Elles touchent aux origines de mes sentiments (...) pour Clawdia Chauchat (...) depuis que j'ai rencontré pour la première fois ses yeux et qu'ils ont eu (...) déraisonnablement raison de moi. C'est pour l'amour d'elle et en défiant Settembrini, que je me suis soumis au principe de la déraison, au principe génial de la maladie auquel j'étais, il est vrai, assujetti depuis toujours, et je suis demeuré ici, je ne sais plus exactement depuis quand. Car j'ai tout oublié, et rompu avec tout, avec mes parents et ma profession en pays plat et avec toutes mes espérances, (...) de sorte que, je suis définitivement perdu pour le pays plat et qu'aux yeux de ses habitants je suis autant dire mort.
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Peut-on raconter le temps, le temps en lui-même, comme tel et en soi ? Non, en vérité ce serait une folle entreprise. Un récit, où il serait dit : "Le temps passait, il s'écoulait, le temps suivait son cours" et ainsi de suite, jamais un homme sain d'esprit ne le tiendrait pour une narration. Ce serait à peu près comme si l'on avait l'idée baroque de tenir pendant une heure une seule et même note, ou un seul accord, et si l'on voulait faire passer cela pour de la musique. Car la narration ressemble à la musique en ceci qu'elle "accomplit" le temps, qu'elle "l'emplit convenablement", qu'elle le "divise", qu'elle fait en sorte qu' "il s'y passe quelque chose"[...].
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Non, la mort n’était ni un fantôme ni un mystère ; c’était un phénomène simple, rationnel, physiologiquement nécessaire et souhaitable, et c’eût été frustrer la vie que de s’attarder plus que de raison à contempler la mort.
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Le désir charnel va et vient, il ne se lie pas, ne se fixe pas, et c'est pourquoi on le trouve bestial. Et pourtant, dès qu'il se fixe sur le visage d'une personne, notre bouche parle d'amour. Ce que je désire, ce n'est pas seulement son buste, son corps, son enveloppe charnelle - même si son visage avait une forme légèrement différente, je n'aurais peut-être plus du tout envie de son corps, ce qui prouve que j'aime son âme, que je l'aime de toute mon âme. Car aimer un visage, c'est aimer l'âme...
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Une heure s'écoula, une heure normale, ni longue ni courte. [...]

Il prenait au pavillon de l'Alster un petit déjeuner à base de pains ronds chauds et de viande fumée, accompagnés d'un verre de vieux porto, puis se carrait dans son siège en tirant sur son cigare avec ferveur. Car, s'il avait une authenticité, c'était celle d'aimer ses aises, et d'être même, nonobstant une apparence anémique et raffinée, viscéralement attaché aux plaisirs crus de la vie, tel un nourrisson faisant bombance sur le sein maternel.
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Le soir, quand la lune presque pleine apparaissait, le monde se faisait magique et merveilleux. Alentour, ce n'étaient que papillotements cristallins, scintillement de diamant. Les forêts se dressaient, toutes blanches et noires....
Quelques heures après le coucher du soleil, il faisait moins sept ou moins huit. Le monde semblait confiné dans une pureté glacée : sa malpropreté naturelle était enfouie et figée dans le rêve d'une fantastique magie macabre.
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Mais qu'était-ce donc que l'humanisme ?
Rien de moins que l'amour de l'homme et, par conséquent, c'était aussi une politique, une rébellion contre tout ce qui souille l'idée de l'homme et l'avilit.
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Car lorsque les yeux parlent, ils tutoient, lors même que les lèvres n'ont pas encore prononcé un "vous".
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