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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'Évasion n'est pas un polar mais un roman sur l'imagination créative et surtout sur la face cachée des intrigues criminelles du pouvoir (extrême-droite) et des révolutionnaires (extrême-gauche) italiens lors des “années de plomb” puis de leurs suites. le livre de Dominique Manotti révèle son style toujours aussi dynamique, clair, précis et assez élégant. L'histoire imbrique avec habileté le scénario de l'auteur dans l'histoire réelle – ou du moins supposée très probablement réelle – en s'amusant à faire pratiquer le même exercice à son personnage-écrivain. le tout donne un livre captivant, tonique, qui m'a beaucoup plu mais qu'on peut juger décevant pour ses invraisemblances. En effet la réalité du livre est bien facile : le délinquant presque inculte prétend aux prix littéraires dès son premier livre, les refugiés politiques vivent facilement, le héros s'intègre sans souci, les recherches et les hypothèses sont immédiatement aisées et pertinentes. Autre déception qui s'apparente à la première : la superficialité des personnages et le schématisme de l'histoire italienne. Moyennant quoi je resterai fidèle à cette auteure : un grand cépage dont j'aime le vin, facile à boire et riche en arômes, dans un petit millésime !
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Février 1987 – Filippo, petit voyou sans envergure emprisonné à Rome, se retrouve par un concours de circonstances embarqué dans l'évasionDe Carlo, prisonnier politique et membre des Brigades Rouges, dont il a partagé la cellule. Pendant ces mois d'enfermement commun, le flamboyant Carlo lui a raconté les révoltes ouvrières de la fin des années 1960, la découverte de la solidarité et de l'espérance, cette volonté farouche d'enterrer l'ancien monde et la dislocation des illusions dans la violence, à partir de l'attentat de la Piazza Fontana du 12 décembre 1969.

«Filippo écoutait, haletant. Il sentait chaque mot vibrer dans ses muscles. L'usine, il n'en avait jamais voulu, les ouvriers, un travail d'esclave, très peu pour lui. Mais le groupe soudé, solidaire à la vie à la mort, la révolte et la violence collective comme mode de vie, l'espoir de tout foutre en l'air un jour, il en avait toujours rêvé, et il n'avait jamais trouvé dans les petites bandes romaines qu'un écho lointain et déformé de ses rêves, la lutte pour la survie de tous contre tous, et la désespérance, sans jamais avoir les mots pour le dire.»

Abandonné en rase campagne par Carlo à la suite de l'évasion, Filippo parvient à rejoindre Paris, devient avec l'aide de Lisa, la compagne De Carlo, gardien de nuit dans une tour de la Défense, où il peut, tout en arpentant les plateaux déserts de la tour ou en fixant des écrans vides, ressasser les mots De Carlo sur le refus de la misère et la rage, et espérer, lui, le petit truand méprisé, gagner enfin sa part de reconnaissance et d'amour par l'écriture.

«Tu as cru que ton codétenu, un prolo et fier de l'être, prisonnier politique, instruit, beau parleur, et grand lecteur était devenu ton ami, l'ami d'un petit voyou qui sait à peine lire, incapable d'aligner trois phrases. Quelle connerie. Ces choses-là n'arrivent jamais.»

Vingt ans plus tard, «L'évasion» raconte, dans les yeux des refugiés politiques italiens de Paris, un nouvel épisode de l'écrasement de l'extrême gauche italienne, visant à apporter la preuve de sa «dérive mortifère et inexorable vers la grande criminalité», et peut-être à détourner l'attention d'une autre actualité, le blanchiment par la justice des responsables identifiés des attentats de 1969.

En dépit d'un personnage de Filippo peu crédible, ce roman (Série noire Gallimard, 2013) est l'un des plus poignants de Dominique Manotti, sur les idéaux brisés de l'extrême gauche italienne, au travers du parcours De Carlo et du destin subi de sa compagne Lisa, l'un des plus beaux personnages féminins imaginé par l'auteur.
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Il n'est jamais trop tard et voilà donc que l'on se prend à vouloir rattraper le temps perdu avec quelques auteurs français de polars bien de chez nous, histoire de changer un peu des figures imposées par la déferlante nordique ou même de nos voyages plus ou moins exotiques …
Parfois cela donne quelques nuits sans lendemains avec le décevant DOA, mais il se pourrait bien que l'on assiste ici à la naissance d'une relation durable avec sa collègue et complice : Dominique Manotti.
Une auteur réputée pour ses engagements sociopolitiques (il faut dire que c'est un peu la marque de l'école française en matière de policiers).
Avec L'évasion, Dominique Manotti nous replonge à la fin des années 80, à la fin de l'épopée des Brigades Rouges italiennes, lorsque repentis et dissociés avaient délogé les attentats à la Une des journaux.
Carlo, un ex-brigadiste des années de plomb s'évade de prison (trop facilement ?) et embarque dans sa fuite (par erreur ?) un simple et vulgaire droit commun, Filippo, un petit voyou des abords de la gare de Termini.
On vous laisse découvrir les détails du hold-up manqué qui mènera Carlo sur la touche tandis que Filippo, l'évadé malgré lui, se retrouvera à Paris au coeur du milieu intellectuel des réfugiés italiens.
Le voyou apprivoisé au parfum sulfureux se met à fréquenter le beau monde et les jolies femmes d'une intelligentsia qu'il n'imaginait même pas.
Carlo n'étant plus à ses côtés pour profiter de sa gloire d'ex-brigadiste, le petit voyou se dit qu'il ne tient qu'à lui d'enjoliver, un peu au début puis beaucoup ensuite, d'enjoliver l'histoire de sa cavale et son passé.
Consumé d'envie et de jalousie envers les arrogants réfugiés italiens qu'il fréquente désormais, il se met, au propre comme au figuré, à (ré-)écrire son histoire et un engrenage étonnant se met alors en branle.

[…] Une sacrée revanche. Devenir un écrivain.
[…] Mais tout au fond de lui, sans jamais en parler à personne, il sait que c'est un rôle de composition, un rôle usurpé.

On savoure avec plaisir la reconstitution de cette époque, l'évocation des années de plomb (on se souvient encore des carabiniers romains fouillant notre voiture …).
On découvre avec étonnement la construction soignée d'une intrigue qui entremêle un thriller politique avec une surprenante histoire de création littéraire : le process de l'écriture et la recette de fabrication d'un succès de librairie sont au coeur de ce bouquin.
Pour tout dire on oublie souvent qu'il s'agit d'un roman tant on se croit dans une histoire vraie, un quasi reportage (il faut dire que l'auteure s'est visiblement inspirée, très librement, des aventures de Cesare Battisti).


Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
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Ce n'est pas le meilleur livre de Dominique Manotti mais ce roman noir est intéressant dans la mesure où il jette un regard rétrospectif sur les brigades rouges et l'accueil de terroristes italiens par la France. Filippo, détenu de droit commun, s'évade d'une prison italienne en compagnie De Carlo membre des brigades rouges. Carlo se fait tuer, Filipp trouve refuge en France et publié un roman fortement autobiographique. C'est là que les ennuis commencent.
Le roman est court, d'où probablement sa tendance à caricaturer les personnages, mais j'ai beaucoup aimé cette chaise à l'homme entre deux pays.
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Une belle surprise cette évasion, pas de manichéisme et un personnage particulièrement attachant ...
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Une bonne histoire avec une bonne intrigue je n'est pas été déçu de la lecture
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