« Je veux être tout ce que je suis capable de devenir » ...
Puis : ”Faites passer, faites passer !” La corbeille contenant les carnets de bal valsa de main en main. D’adorables petits carnets rose et argent, avec des crayons roses et des pompons duveteux.
Son premier bal.
”Je trouve parfaitement idiot, parfaitement abominable d’être obligé d’aller au bureau lundi; je l’ai toujours pensé et je le penserai toujours. Passer toutes les plus belles années de sa vie assis sur un tabouret de neuf heures à cinq heures, à griffonner dans le livre de comptes de quelqu’un d’autre ! C’est une drôle de façon de profiter de...de sa seule et unique vie, non ? Ou ne suis-je qu’un pauvre rêveur ? ”
La baie.
Oh ! n’y avait-il aucun lieu où elle puisse se cacher, bien à l’abri des regards, rester tout le temps qu’elle voudrait, sans gêner personne et sans que personne ne vienne l’ennuyer ? N’y avait-il aucun lieu au monde ou elle puisse se laisser aller à pleurer - enfin ?
La vie de la mère Parker.
« Je veux être tout ce que je suis capable de devenir. »
Quant aux roses, elles comprenaient, à n'en pas douter que les roses sont les seules fleurs qui impressionnent les gens dans une garden-party, les seules que tout le monde soit sûr de reconnaître. Des centaines, oui, littéralement des centaines de boutons s'étaient ouverts en une seule nuit ; les buissons verts s'inclinaient très bas comme s'ils avaient été visités par des archanges (p103)
La marée était basse : la plage était déserte : paresseusement clapotait le flot tiède. Le soleil frappait, frappait ardent, flamboyant, à coups répétés, le sable fin ; il cuisait les galets gris, les galets bleus, les galets noirs, les galets veinés de blanc. Il aspirait la petite goutte d'eau qui gisait au creux des coquillages arrondis ; il pâlissait les liserons roses qui faisait courir leur feston à travers le sable des dunes. Rien ne semblait bouger que les petites sauterelles. Pitt-pitt-pitt ! elles ne restaient jamais tranquilles. Là-bas, sur les rochers revêtus d'algues, qui, à marée basse, ressemblaient à des des bêtes au long poil descendues au bord de l'eau pour boire, le soleil paraissait tournoyer comme une pièce d'or qui serait tombée dans chacune des petites vasques du rocher. Elles dansaient, elles frissonnaient ; des ondulations minuscules venaient laver les bords poreux. Si on regardait en bas, si on se penchait sur lui, chaque bassin était comme un lac aux rives duquel se pressaient des maisons bleues et roses ; et, oh ! quel vaste pays montagneux par-delà ces maisons ! quels vastes ravins, quelles gorges, quelles dangereuses criques, quels sentiers effroyables conduisant au bord de l'eau ! Sous sa surface ondulait la forêt marine: arbres roses pareils à des fils, anémones veloutées, algues tachetées de fruits orangés. Parfois, une pierre au fond bougeait, oscillait et un noir tentacule se laissait entrevoir ; parfois, une créature effilée passait sinueuse, et disparaissait. Il arrivait quelque chose aux arbres roses et mobiles ; ils changeaient, devenaient d'un bleu froid de clair de lune. Et maintenant, on entendait le plop plus léger. Que faisait ce bruit ? Que se passait-il là-dessous ? Et comme les algues au brûlant soleil avaient une odeur forte et mouillée !... (Sur la baie, in La Garden party)
Malgré tout, ses sanglots et balbutiements traduisent son sentiment de la beauté poignante que la vie doit à son ambivalence même. A un jeune écrivain qui l'interrogeait sur la signification de sa nouvelle, Katherine Mansfield répondit quelques mois avant sa mort: "[...] ce que j'ai essayé de rendre dans "La garden-party": la diversité de la vie, et comment nous essayons de tout faire tenir ensemble, y compris la mort. C'est déroutant pour quelqu'un de l'âge de Laura. Il lui semble que cela devrait se passer autrement. D'abord une chose, puis une autre. Mais la vie n'est pas ainsi. Elle ne s'ordonne pas selon notre bon plaisir. Laura dit: 'Mais toutes ces choses ne devraient pas arriver en même temps.' Et la vie répond: 'Pourquoi pas ? Comment les séparer ?' Et c'est bien ainsi que cela se passe, c'est inéluctable. Et il y a, me semble-t-il, une certaine beauté dans cette inéluctabilité."
[p21 Folio bilingue]
Il se baissa, pinça un brin de lavande entre le pouce et l’index, les porta à ses narines et huma leur parfum. Quand Laura vit ce geste, elle en oublia complètement les harakas, émerveillée de découvrir qu’il appréciait des choses comme ça – qu’il appréciait l’odeur de la lavande. Parmi les hommes qu’elle connaissait, combien auraient fait une chose pareille ?
« Je veux être tout ce que je suis capable de devenir » .