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La nouvelle est un genre littéraire très à part. Il faut beaucoup de talent pour, en quelques pages, mettre en place les personnages, une intrigue, un dénouement, et embarquer dans tout cela ses lecteurs. Et on dit que personne n'était plus doué pour cela que Katherine Mansfield, cette douce néo-zélandaise morte à 38 ans, et la seule personne au monde dont les talents littéraires inspirèrent de la jalousie à Virginia Woolf.

Et il faut reconnaitre son incroyable talent pour nous jeter dans la peau d'une personne précise, en un instant précis ; nous faire ressentir intensément les émotions qui l'animent – et parfois la broient -puis nous planter là avec la frustration de l'abandon, et pourtant un sentiment d'accomplissement, car dans cette vie un noeud du destin vient brutalement de se nouer ou de se dénouer. Chacun de ces courts récits est comme la mince corolle d'un verre à vin qu'une main enserre fermement et serre fort, de plus en fort jusqu'à ce que… Mais les mots s'arrêtent à chaque fois à cet instant précis, laissant à notre esprit imaginer, en une fraction de seconde semblant durer cent ans, l'éclatement de fragments de verres, la main tailladée, le vin mêlé de sang inondant le sol...

Les récits se placent en majorité dans la bonne société anglaise de l'entre-deux-guerres, mais aussi parmi des personnes très modestes, et plusieurs sont également consacrés à des domestiques – et ce sont probablement les plus poignants. Symboliquement, la nouvelle qui donne son nom au recueil attaque d'ailleurs frontalement la question des frontières entre classes sociales. Faut-il annuler la garden-party, renvoyer les musiciens, décommander les invités et gâcher le buffer du traiteur, tout cela parce que, de l'autre côté de la rue, dans les petites maisons si laides et si salles, un malheureux s'est fracassé la tête en tombant de sa charrette et qu'il laisse une veuve et six orphelins ? le simple fait que l'une des organisatrices se pose la question parait incongru à tout le reste de sa famille.

Une extraordinaire empathie émane de chacun de ses textes, révélant une personne dont les qualités humaines devaient être immenses. On aurait voulu l'avoir comme amie. Et on voudrait que Katherine Mansfield soit lue dans les lycées.
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La force des nouvelles de Katherine Mansfield, c'est qu'en quelques lignes elles renferment tout un univers. "Il n'y a pas d'histoire ", disent certains, "il ne s'y passe rien." Mais les héroïnes y tiennent tout l'univers réfracté dans le miroir minuscule qu'elles tiennent à la main, ou à portée de vue : un banc public, une salle de bal, une cabine de bateau contiennent en germe tous les développements d'une vie future, toute la rémanence d'un passé lointain, toute la fausse douceur d'une société sans merci. Il faut prêter une extrême attention au texte (et au génie de sa traductrice, Marthe Duproix) : chaque terme y est déposé comme par magie, juste où il faut, pour vibrer et s'assembler aux autres, comme sur une toile impressionniste les couleurs se correspondent et créent un ensemble unique de valeurs et de beauté.
C'est sensible, très fort, très précis, chirurgical, mais le scalpel ne se voit pas, le scalpel est un pinceau, une gouge.
On comprend, à la lecture de ces nouvelles, la raison de l'antagonisme amical de leur auteure avec une autre grande contemporaine, Virginia Woolf : elles étaient deux grandes scluptrices de mots et d'instants.
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Comme on déguste des petites douceurs avec une tasse de thé, j'ai savouré ce recueil de nouvelles de Katherine Mansfield

12 courtes histoires (sauf pour La Baie qui comporte une centaine de pages) tellement pleines d'émotion, de sentiments mais aussi des témoignages sur la vie, les pensées de familles aisées, frivoles :

. La garden-party,  La baie,  Son premier bal 

ou de petites gens :

. La femme de chambre, La vie de la mère Parker

ou sur le couple 

. La leçon de chant, La jeune fille, Mariage à la mode, le voyage, Miss Brill, Mr et Mme Colombe

mais aussi la mort 

. Les filles de feu le colonel, La vie de la mère Parker (sûrement ma préférée, la plus touchante et la plus sensible)

J'aime la littérature anglaise par la minutie de l'écriture, son raffinement, sa façon de mettre en place décor et personnages avec parfois une note d'humour (anglais bien sûr) et la présence de la nature :

Quant aux roses, elles comprenaient, à n'en pas douter que les roses sont les seules fleurs qui impressionnent les gens dans une garden-party, les seules que tout le monde soit sûr de reconnaître. Des centaines, oui, littéralement des centaines de boutons s'étaient ouverts en une seule nuit ; les buissons verts s'inclinaient très bas comme s'ils avaient été visités par des archanges (p103)
L'auteure a connu très tôt des soucis de santé (tuberculose) et est décédée à 34 ans mais aussi une vie sentimentale assez mouvementée. Une urgence de vivre mais aussi d'écrire de courts textes ne se sentant pas la force physique d'écrire un roman. On ressent le travail de recherche du mot exact, de l'observation de moments de vie autour d'elle, imaginant le destin de personnes de son entourage, de scènes de rue ou de campagne. 

C'est une écriture féminine, délicate comme on un nuage de lait dans une tasse de thé. Tout est dit en parfois 4/5 pages, une tranche de vie, un instantané à travers les yeux d'une écrivaine de grand talent.
http://mumudanslebocage.wordpress.com
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Publié en 1922, ce recueil de nouvelles de la Néo-Zélandaise Katherine Mansfield est un petit bijou de grâce et de subtilité.
Une baignade dans l’océan, une promenade dominicale, un voyage en bateau, des retrouvailles après une longue absence… autant dire que chez cet auteur, les arguments sont plutôt minces. Ses personnages vivent des choses simples, banales, parfois cocasses, souvent dérisoires, et tout cela est raconté avec les mots de tous les jours, sans jamais hausser le ton.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, la banalité n’est ici qu’un vernis, une manière de dire des choses graves sans en avoir l’air, presque en s’excusant. C’est que, comme chez Tchékhov, dont l’influence sur Katherine Mansfield est manifeste, une indéfinissable nostalgie se dégage de ces pages : celle des occasions manquées, des amours avortées, des vies gâchées, comme celle de cet homme qui s’aperçoit, trop tard, qu’il a passé « toutes les meilleures années de sa vie assis sur un tabouret, de neuf heures à cinq, à gribouiller le registre de quelqu’un d’autre. »
Un très beau livre, donc, à la fois triste et souriant, léger et profond, d’un auteur dont la grande Virginia Woolf écrivait dans son journal : « Je ne voulais pas me l'avouer, mais j'étais jalouse de son écriture, la seule écriture dont j'ai jamais été jalouse. Elle avait la vibration. » Cela donne une idée du niveau de ces textes.
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Katherine Mansfield, c'est une plume à la fois très classique et très sobre au service d'une écriture délicate, minutieuse, tout en finesse pour nous plonger dans une tranche de vie en apparence quelconque. Elle révèle derrière le quotidien le plus banal tout ce qu'il y a de noirceur, de violence, de tristesse ou de regrets. Elle met en avant les échecs amoureux, les occasions ratées, les vies gâchées. de ce point de vue il y a un petit quelque chose De Maupassant. Elle arrive à saisir en quelques lignes l'essentiel d'une atmosphère, le contexte d'un événement. Il y a quelque chose d'impressionniste dans sa façon de dépeindre les états d'âme de ses personnages. Bref, j'adore son écriture. Par contre il y a peu d'actions dans ses nouvelles et très rarement une chute au sens habituel du terme.
Quelques mots sur chacune des nouvelles du recueil :
Sur la baie : une tranche de vie d'une famille plutôt aisée
La garden-party : la préparation d'une garden party dans une famille riche et la découverte du monde extérieur, de la différence sociale et de l'injustice par la plus jeune des soeurs que la mort d'un pauvre voisin émeut alors que tout le reste de sa famille ne pense qu'à la fête.
Les filles de feu le colonel : le colonel est mort, ses deux filles qui ont vécu comme enfermées sous une cloche de verre, sont à un moment où la possibilité d'un changement est possible...
Monsieur et Madame Colombe : un amoureux est éconduit
Jeune fille : un récit assez mystérieux avec un narrateur anonyme
Vie de Maman Parker : la plus poignante des nouvelles du recueil
Mariage à la mode : une tranche de vie qui met en avant la distance qui s'est installée dans un couple
Le voyage : le point de vue d'une fillette (l'auteur elle-même probablement) sur un voyage qui va l'éloigner pour longtemps de sa famille
Miss Brille : la sortie hebdomadaire d'une vieille dame
Son premier bal : le premier bal d'une jeune fille de la bonne société, avec toutes ses émotions, de l'enthousiasme aux petites angoisses.
La leçon de chant : une vieille fille professeur de chant dont le cours se ressent des états d'âme fugitifs qui suivent les changements de temps et les messages de son amoureux
L'étranger : l'histoire des retrouvailles d'un couple après une longue séparation . Lui, très fusionnel, aimerait tout connaître de son épouse, ne faire qu'un avec elle. Elle semble l'aimer mais d'une autre manière,en gardant une part de secret.
Jour férié : une journée banale de fête genre fête foraine
Une famille idéale : le retour à la maison d'un grand-père qui travaille encore, pour les autres sa famille est la famille idéale, mais en réalité sa seule satisfaction est son entreprise qui disparaîtra sans doute avec lui car son fils est un incapable
La femme de chambre : le dévouement indéfectible d'une domestique pour sa maîtresse jusqu'au sacrifice
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Ce qui nous revient tout de suite, après avoir fini ce recueil de nouvelles, ce ne sont pas les petites histoires qui y figurent et qui, d'ailleurs, n'ont pas l'air d'être des histoires comme telles, on dirait que Katherine Mansfield se penche sur l'envers des histoires, je ne sais pas comment le dire, elle nous conduit vers une infime observation comme un grain de sable qui s'infiltre dans l'histoire, et c'est ça qui est intéressant et magnifique! Je disais donc, ce qui nous revient après avoir fini la lecture de ce recueil, c'est le style de l'autrice, sa prouesse est d'avoir exceller dans le façonnage de ses personnages qu'elle plonge dans des petites situations qui prennent d'un seul une espèce de profondeur sans en avoir l'air. Elle leur trouve de bon ton, leur donne du souffle qu'on regrette qu'ils passent si vite comme une plume emporter par un petit vent...
Un véritable régal!
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Il y a un petit moment que je voulais me lancer dans cette lecture et malheureusement j'ai été déçu.
L'unique chose qui m'a plu dans ce livre sont les descriptions de Katherine Mansfield. En effet, l'auteur nous raconte les moindres petits détails de la nature environnant et on a vraiment l'impression d'y être, de pouvoir toucher les choses.
Mais j'ai trouvé le rythme bien trop lent et surtout le manque d'action a fini par m'ennuyer.
Le début m'a semblé également très confus, j'avais du mal a cerner les personnages et je me perdais un peu.
C'est vraiment dommage car je pense que ces nouvelles sont vraiment bonnes mais sans doute que ce n'était pas le bon moment pour moi de les apprécier a leur juste valeur!
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Série de tranches de vie qui font parfois sombrer le quotidien le plus banal dans toute sa noirceur – la mort, plus ou moins violente, plus ou moins prévisible, y rôde en effet souvent, de même que la tristesse, le doute, les regrets… – ces nouvelles de Katherine Mansfield sont pour moi une découverte comme je les aime.

D'un style foncièrement classique, sobre mais délicat, parfois très poétique, la nouvelliste nous décrit avec beaucoup de réalisme des lieux et des personnages divers et variés, de la Nouvelle-Zélande à l'Angleterre, entre XIXème à son crépuscule encore lumineux et XXème à son aube flamboyante, des hommes, des femmes, des enfants… tous à un moment particulier de leur existence routinière, moment imprévu qui la bouleverse, ou moment préparé par toute une succession d'évènements pressentie par le reste du récit. Pour ce faire, pas ou peu d'intrigue, mais une insistance sur les sensations, les sentiments, les atmosphères, les conversations…, sur la vie, dans toute sa simplicité et ses cahots qui viennent parfois la bousculer.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Cruels sont les arrêts de la destinée ! Née dans le lointain pays du long nuage blanc, Katherine Mansfield, a achevé sa course terrestre près de Fontainebleau, à l'âge de 34 ans, fauchée par une hémorragie hémoptysique, suite fatale de la tuberculose. Cruels, car l'oeuvre de Mansfield, bien que succincte, est riche de petites merveilles littéraires.  L'étoile filante quelle fut brilla au firmament de la nouvelle, exercice où elle excella, digne émule De Maupassant et de Tchekhov, mais dans un style qui n'est qu'à elle. le présent recueil, dont le titre est tiré d'un des plus remarquables textes du volume, rend parfaitement justice à la femme de lettre  oubliée. On y découvre son talent à tirer le suc de l'apparente insipidité de la vie, sans recours à une intrigue apparente et sans recherche intempestive de l'effet à produire. Tout est joliment dit et l'humour discret de plusieurs de ses nouvelles est vraiment délicieux. 
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Le recueil dont je fais la critique propose quatre nouvelles. Quatre nouvelles qui sont joliment rédigées. J'ai eu entre les mains l'édition Folio bilingue, c'est à dire le texte anglais accompagné d'une traduction.

La première nouvelle, The Garden Party, propose un personnage principal, Laura, très touchant dans son innocence et dans sa conception de ce qui est "bien". Le récit et les autres personnages qui y participent ont beaucoup de charme.

La deuxième nouvelle, The Young Girl a un autre atout: le principe du narrateur anonyme, mystérieux.

Dans la troisième nouvelle, Her First Ball, l'auteur confirme son style mélodieux et prenant. On suit l'entrée dans la société mondaine d'une jeune fille qui est partagée entre un enthousiasme démesuré pour ce qu'elle découvre et l'angoisse de ne pas être à sa place.

Enfin, dans The Stranger, c'est une histoire de couple, de séparation, de retrouvailles, qui nous envoûte. La relation entre cet homme qui aimerait tout connaître de son épouse, ne faire qu'un avec elle, et de cette femme qui semble aimer tendrement son mari tout en gardant une certaine indépendance à son égard, une part de secret, est vraiment belle.

J'ai aimé cette rencontre avec Katherine Mansfield. C'est une auteure à la plume agréable.
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