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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Démarrage un peu poussif pour cette lecture, attendue sur le pur registre du roman historique alors que c'est avant tout un roman. Mais une fois accepté ce parti pris littéraire, une fois passée également la longue période initiale centrée sur l'enfance des protagonistes dans laquelle, toute éclairante qu'elle soit, je me suis un peu embourbée, le charme agit et on se laisse emporter par le grand vent de l'Histoire.

Même si j'ai rencontré une difficulté toute personnelle à adhérer à la patte stylistique d'Hilary Mantel, il faut reconnaître que l'approche tout à la fois intime et distanciée de cette auteure multi-primée en Grande-Bretagne offre un regard original et permet une immersion totale dans la grande histoire de la Révolution française.
Une révolution racontée à hauteur d'hommes, et pas n'importe lesquels : Camille Desmoulin, dépeint sous les traits d'un ardent bipolaire projeté presque contre son gré au coeur des événements; Danton, mâle alpha dont les motivations véritables restent troubles ou en tout cas multiples; et Robespierre, le besogneux imperturbable présenté sous un jour presque sympathique.

A ces trois figures principales qui figurent le principe essentiel de la révolution, une multitude d'acteurs non moins majeurs apportent au récit toute la complexité de la période qui en ressort bien moins linéaire que dans nos livres d'école : les époux royaux bien sur, mais encore un Lafayette auréolé de sa gloire américaine mais qui choisit le mauvais camp, et surtout le cynique Mirabeau qui à lui seul représente tous les opportunismes des temps troublés; le peuple enfin, éternel second rôle grassement manipulé.

Ce premier tome s'achève sur un Danton en fuite, un Desmoulin décidé à se jeter dans la gueule du loup et un Robespierre prêt à jouer sa partition majeure : vivement la suite!
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La Révolution française vue par une romancière anglaise... Voici un programme digne de faire frissonner les plus braves, surtout si l'on se rappelle le très francophobe « Mouron Rouge » de la baronne Orczy. Et pourtant, et pourtant… Peut-être fallait-il un point de vue étranger pour décrire cette période si controversée et plonger un regard objectif dans ce torrent de passions, de haines et d'idéologies contradictoires qui a secoué la France de 1789 à 1799 – date à laquelle un petit corse bien connu est venu poser ses fesses audacieuses de parvenu sur le trône des Bourbons. Avec sa jolie plume si vive et son regard résolument moderne, Hilary Mantel réussit un petit miracle : écrire un roman qui ne soit ni à charge, ni panégyrique, un récit plein de bruit et de fureur qui parvient à trouver l'équilibre parfait entre exaltation et terreur.

Pour se faire, nous emboiterons le pas à trois jeunes gens dont les noms – vénérés ou décriés – résonneront bientôt dans toute l'Europe et donneront des siècles plus tard des sueurs froides à plein de petits écoliers français : Maximilien Robespierre, Georges Danton et Camille Desmoulins. Tous trois sont jeunes, très jeunes, terriblement jeunes (j'ai eu un petit choc en réalisant que tous ces grands révolutionnaires étaient morts avant d'avoir quarante ans). Tous trois sont brillants, libéraux et ambitieux.

A ceci près ils ne se ressemblent guère. Danton est une force de la Nature, un géant à la voix de stentor dont le physique impressionnant et les colères tonitruantes dissimulent une nature pragmatique et calculatrice, toujours enclin à faire passer ses priorités avant celles des autres. Pourtant, c'est peut-être le plus sympathique des trois car il possède des qualités que l'on admire et des vices que l'on pardonne volontiers – au fond, n'avons-nous pas tous les mêmes ? Camille, jeune exalté au coeur généreux et la plume vénéneuse, brûle les années de sa jeunesse avec autant d'enthousiaste que d'autres en mettent à les faire fructifier. Reste Robespierre, le plus énigmatique et le plus controversé des trois, troublant toujours car apparaissant comme un peu moins ou un peu plus qu'humain selon l'oeil avec lequel on le regarde.

Si les événements du premier tome de la duologie révolutionnaire de Mantel gravitent autour de ces trois hommes, nombreux sont les personnages secondaires qui le jalonnent : le redoutable Marat, le marquis De La Fayette, Mirabeau, Saint-Just… Et, bien entendu, « Louis Capet » et son autrichienne d'épouse ! Tous sont généralement mis en scène avec nuance, subtilité et surtout un grand sens du dialogue. On les suit autant dans leurs vies personnelles que dans leurs vies politiques, les deux forts bien remplies et passionnantes. A noter que les personnages féminins sont bien mis en valeur, détail qu'il faut applaudir au vu du contexte. Enorme travail de recherche également. Tant dans les rendus des caractères que dans la narration des événements, Hilary Mantel fait preuve d'une grande érudition au risque parfois d'assommer un peu son lecteur sous les détails : j'avoue avoir parfois décroché un peu de l'intrigue, le temps de consulter l'imposante liste des personnages ou de jeter un oeil sur Wikipédia (oui, oui, je sais, honte sur moi…), mes connaissances sur la période laissant à désirer. La densité du récit entraîne parfois quelques longueurs, heureusement compensées par la virtuosité avec laquelle Mantel décrit les mouvements de foule et les pics d'action.

Les romans un tant soit peu objectifs sur la Révolution Française sont assez rares et celui-là mérite largement d'attirer l'attention. Il est aussi de ceux qui incitent à se procurer pleins d'ouvrages historique sur la période concernée, histoire de démêler la réalité de la licence poétique (je suis particulièrement curieuse de découvrir la biographie de Robespierre de Jean-Clément Martin qui – une fois n'est pas coutume – semble se dispenser de casser du sucre sur le dos de « l'incorruptible »). En conclusion, un roman historique un peu dense mais brillant dont j'attends avec impatience la suite, « Les Désordres ». Miam, miam !
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Une longue biographie romancée de Camille Desmoulins. Danton et Robespierre sont aussi très présents, ainsi que Lucile Desmoulins, bien sûr, et une foule d'autres personnages, sans compter la révolution elle-même, dont on sent le souffle épique et tragique, noble ou horrible, tout le long.

Le livre est principalement écrit à la troisième personne, mais de temps en temps, on a des passages à la première personne, des extraits de journaux, de rapports, réels ou inventés, des petites scènes écrites en mode théâtral, ce qui forme un bric-à-brac qui en théorie ne devrait pas être recommandé comme mode d'écriture, mais qui, en l'occurence, marche excessivement bien.

Ce en quoi Hilary Mantel est très douée et qui fait marcher son texte : les répliques ou autres remarques sarcastiques, dans les dialogues ou la narration. C'est souvent de l'humour noir, mais j'ai pouffé régulièrement. L'ironie dramatique. Les relations interpersonnelles intenses et complexes, qui ne rentrent jamais dans des moules, qu'on ressent à travers les dialogues et les actes plutôt que les analyses externes. La description des compromis, des refus de compromis, et de leurs conséquences. La description des mouvements de foule. On peut imaginer à quel point chacun de ces talents est précieux pour le sujet en question ! Elle sait utiliser les personnages féminins, ce qui n'est pas toujours évident, avec un tel thème. Elle a aussi fait une très, très grande quantité de recherche et maîtrise parfaitement son sujet.

En fait, cela en devient presque frustrant. Je me retrouve à lire de très longs passages en me disant, wow, elle sait parfaitement l'histoire et comment la rendre, elle sait comment rendre l'ambiance, les personnalités de Danton, de Robespierre, de Mirabeau, de Marat, de Madame Roland, sont parfaites, et... he, mais ça, cette conspiration, cette relation personnelle, ce n'est pas historique, ce n'est jamais arrivé ! Puis je me reprends, je suis bête, c'est un roman historique, bien sûr, elle a le droit et presque le devoir de s'éloigner de l'histoire, mais elle me l'avait fait oublier un instant. Ca ne veut pas dire qu'elle pense que c'est arrivé, ou qu'elle veut le faire croire.

Dans les divergences très intéressantes : sa version de Camille et du ménage Desmoulins ne correspond pas du tout à ce que j'imagine, beaucoup plus débauché, en premier (elle utilise dans son roman des histoires qui, à mon avis, sont des rumeurs sans fondement, et néglige explicitement les journaux de Lucile comme pieux mensonges ne contenant que des pensées élevées pour la postérité) mais Camille est tellement bien écrit, infiniment charismatique et charmant et irresponsable, toujours cohérent avec sa figure publique, que vraiment, comment s'en plaindre ? La dynamique entre eux est excellente - et la romance touchante, même si ça a bien mal commencé, genre, Camille qui l'a demandé en mariage pour avoir un prétexte pour essayer de séduire sa mère. Oh, et la tension sexuelle lourde entre Danton et Lucile d'une part, Danton et Camille d'autre part, est très bien écrite.

Dans les divergences qui m'ont gênée : une insistance à mettre les hébertistes en méchants sans nuances, et - c'est plus personnel - une insistance, pour l'effet tragique, à écrire toutes les amitiés de Robespierre autres que Camille comme toxiques ou insignifiantes. Je comprends qu'on écrive Saint-Just comme très déplaisant, voire en pur méchant, dans un tel cadre, mais il l'est de façon qui lui va mal dans la moitié de ses apparitions. Et surtout l'auteur est très injuste avec les Duplay et ça m'attriste de penser que certains lecteurs n'auront que cette image d'eux, surtout quand elle a tant de personnages secondaires écrits de façon beaucoup plus nuancée à côté.
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C'est pas mal, bien écrit et assez précis.
Par contre, l'auteur ne parle pas assez des évènements historiques...
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Un roman portant sur la Révolution... voilà qui est un projet dangereux. Seuls deux résultats sont possibles : on se retrouve avec un document très mauvais, ou très bon. Hilary Mantel réalise un petit tour de force et se trouve ainsi dans le 2e camp.
Mantel nous plonge dans le quotidien de Robespierre, Desmoulins et Danton tout juste avant la Révolution jusqu'à ce que les évènements échappent à ses protagonistes et obligent Danton et Desmoulins à prendre la fuite. Comme si nous étions à vol d'oiseau, l'auteure nous permet d'être témoins des balbutiements de 1789 tout en gardant une respectueuse distance face à la trame de l'histoire. Elle n'invente pas ce que les années passées ne nous ont pas transmises. Par exemple, le mystère de Robespierre, homme froid, travaillant, voué corps et âme à la cause, reste entier.
Je n'ai maintenant qu'une envie, m'immerger dans L Histoire avec un grand H avec laquelle j'ai perdu contact depuis trop longtemps.
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