Publié en mai 2016, "Les phrases assassines" est le premier roman de Carla Mantez, publié à compte d'auteur.
Tiré d'une histoire vraie, ce roman témoigne d'une enfance douloureuse : celle de Loïc et de son jeune frère Paul, qui grandissent sous l'emprise d'une mère tyrannique, méprisante et égocentrique.
Dévalorisations, corrections, manipulations et intrusions diverses font le quotidien de ces deux garçons qui vont se construire, comme on le voit tout au long du livre, tant bien que mal et de manière opposée avec les empreintes laissées aussi longtemps qu'elle le put par leur mère.
La première partie du livre nous est narrée par Loïc, dont on connaît le sort dès le début du roman.
La plume de l'auteure est tout aussi percutante que les-dites "phrases assassines" ; subtile, on est transporté sans mal dans cet univers familial oppressant, au plus près des ressentis de ce qu'était ce petit garçon sensible et de son mal-être qui perdurera...
C'est un témoignage touchant, poignant, qui dénonce assez bien le phénomène de violence (pour ne pas dire harcèlement) psychologique intrafamilial, de son caractère toxique et dévastateur, d'autant plus quand l'auteur est une mère.
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Ces deux destins perdus se sont croisés ce jour-là. Incroyablement. L'onde de choc qui avait traversé Paul si fort était venue mourir au creux des mains de cet inconnu, capable en un regard d'en sentir les effets, les crevasses laissées au passage et qui, avec la sensibilité de celui qui a tout vécu, surtout le pire, lui avait ouvert les portes d'un nouveau monde.
La mère de Loïc, pourtant excellente jardinière, l'avait fait grandir au milieu des mauvaises herbes, des herbes folles, de celles qui persistent, qui asphyxient, qui s'accrochent ; son père avait donné des coups de bêche déstabilisants ; son frère fut l'arbre qui cache le soleil et puis Elisa l'engrais qui fait grandir l'arbre.
Je peux vous dire que vivre perpétuellement dans le conflit est épuisant. Je suis arrivé à l'âge adulte fatigué et déjà vidé de cette substantifique moelle qui est censée faire de nous des êtres plus solides.
Capacité d'abstraction bien salutaire et qui fait passer des larmes au rire en quelques secondes. Mais ne nous trompons pas ! L'acidité des larmes a cet étrange pouvoir de cristalliser les souvenirs.
S'insinuer ainsi en nous lui conférait ce pouvoir qu'elle n'aurait pu avoir nulle part ailleurs et sur personne d'autre.