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EAN : 9782356540935
144 pages
Ypsilon (18/10/2019)
3.9/5   5 notes
Résumé :
Les onze récits de ce recueil se suivent comme des ricochets à la surface de l’eau. Entre autobiographie et fiction, au croisement du souvenir et de la légende, les chocs de l’enfance résonnent sous une plume adulte, éclatent aux yeux du lecteur.
C’est la plume de Michele Mari qui met au centre de ce recueil l’histoire et son commencement inimitable : « il était une fois huit écrivains qui étaient un seul même écrivain ». Cet écrivain qui est au fond celui q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Livre révélateur, « Toi, sanglante enfance » de Michele Mari pousse à l'introspection, à la réflexion en mettant le lecteur face à lui-même.
Quel enfant ai-je été, quel adulte suis-je devenu, quel lien existe-t-il entre mon enfance et moi aujourd'hui ?
Les images et les symboles importants pour cet auteur italien né en 1955, ne sont pas forcément les mêmes que ceux du lecteur, mais l'écriture, les références et les légendes évoquées prennent une dimension universelle favorisant les reminiscences de sa propre histoire.
La puissance évocatrice du récit de Michele Mari, m'a moi-même amené à m'interroger sur ces objets, ces livres, ces jeux, dont il me paraissait impensable de me séparer et qui ont disparus sans que je sache pourquoi :
Le petit couteau d'Albacete à manche de nacre noir serti de deux étoiles blanches que mon grand-oncle m'offrit en 1965, le Bibendum Michelin démontable cadeau de Clément J..., mon carnet de 6ème2 avec les paroles de la chanson Gaudeamus igitur et les anecdotes de notre professeur de latin Marius L... ; et tant d'autres...
«Voilà qui je suis, crions-nous, je suis celui-là (...) Mais entretemps, tu as dilapidé. Si tu as vingt jeux et que tu n'en garde que dix-huit t'es déjà fichu. Si un certain canif au manche de nacre, un certain aimant émaillé de rouge tu commences à le mettre à l'écart (...) voilà tu es fichu. Tu es devenu un dilapidateur.»
Les onze nouvelles du récit passent en revue toutes ces choses qui font l'enfance, qui font notre relation au monde adulte et que nous avons parfois oubliées. Une réalité magnifiée, par notre géographie, notre environnement, nos croyances, nos parents, nos lectures, nos jeux, nos objets.
Un père se demande s'il va transmettre ses bandes dessinées au fils qui va naître. Un enfant s'interroge sur les raisons qui ont poussé ses parents à donner ses petites voitures Mercury à un cousin plus jeune.
Michele enfant est fasciné par les couvertures de la revue Urania de son grand-père et découvrira plus tard qu'elle diffusait des textes de Heinlein, Sheckley, Simack, Silverberg, Dick.
L'horreur des jardinets nous montre un Michelino qui se démarque aussi bien des adultes qui le regardent «d'un air de reproche à cause de (son) amusement supposé» ; que des autres enfants qui s'ingénient à appeler le vendeur de la petite échoppe «chef».
Très vite Michelino puise dans la littérature et ses personnages ce qui sera le ferment de sa personnalité.
Figures empruntées à Conrad, De Foe, London, Melville, Poe, Salgari, Stevenson, Verne, dont il adopte les attitudes et les modes de pensées, s'extrayant de la réalité pour créer sa propre réalité et ce monde si particulier où seuls les lecteurs se reconnaissent.
Michel Mari nous interroge : qu'avons nous fait de cet héritage, où se trouve-t-il , l'avons-nous dilapidé ou jalousement conservé, l'avons-nous transmis à notre tour ?
Seul le souvenir nous reste que nous évoquerons jusqu'à radoter comme les deux vieillards de la dernière nouvelle «Là-Bas». L'histoire se termine : «Il n'y eut pas grand chose d'autre, dans la vie. Non, presque tout est là-bas.»

Un livre de chevet pour ne pas oublier
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Huit écrivains


Il était une fois huit écrivains qui étaient un seul et même écrivain. Tous écrivaient à propos de la mer et de ses terribles aventures, tous employaient des mots merveilleux comme bastingage et beaupré, tous connaissaient la géographie la plus lointaine, les vents, les faunes, les flores, les constellations, le calcul de la position, puisant dans cette connaissance de très profonds soucis ; ils me faisaient brûler de la même soif et du même délire, frissonner pour la même tempête, sombrer dans le même flot identique. La cale dont ils parlaient avait les mêmes ténèbres, le secret du capitaine ne se résolvait jamais, les mots et les choses passaient interchangeablement d’un livre à l’autre avec une continuité fantastique, et la carte… la carte était morcelée en plusieurs fragments distribués dans chacun de ces livres, il fallait les avoir tous lus, se souvenir de tous, les confondre tous.

//traduit de l’italien par Jean-Paul Manganaro,
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Là-bas


Moi j’avais un père qui m’emmenait visiter l’église de San Bernardino alle Ossa, et l’édicule du Fopponino plein de crânes avec un écriteau en latin qui, traduit, disait : « Ne nous raille pas, ô passant, car un jour tu seras semblable à nous ». Je les regardais longuement et je pensais : « Oh non, je ne vous raille pas. »

Le mien, au contraire, m’adressa de Palerme une carte postale de la Crypte des Capucins, et de Turin la photographie d’une momie du Musée égyptien. En les voyant dans ma chambre, ma grand-mère s’exclama : « Est-ce que ce sont des choses que l’on montre à un enfant ? », et je me dis en moi-même : « Évidemment que oui ».

//traduit de l’italien par Jean-Paul Manganaro,
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Celui qui ouvre un livre pour autre chose qui ne soit le pur plaisir de lire méconnaît ce qu'est la lecture.
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