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Citations sur Vivants (111)

C'est bizarre, je ne parle jamais de ça à personne, mais toi... tu es tellement silencieux tu restes assis là à m'écouter. C'est comme de parler à Dieu.
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Quod tu es, ego fui, quod ego sum, tu eris.

What you are, I once was.
What I am, you will become.
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Je ne sais pas pourquoi nous ne parlons pas. Je suis incapable d’expliquer le silence étouffant qui plane sur notre monde, nous coupant les uns des autres aussi efficacement que le Plexiglas du parloir d’une prison. Les prépositions sont douloureuses, les articles difficiles, les adjectifs tiennent de l’exploit. Sommes-nous muets à cause d’un réel handicap physique ou s’agit-il d’un des nombreux symptômes de la condition des Morts ? À moins que nous n’ayons tout simplement plus rien à dire ?

Je tente maladroitement d’engager la conversation avec ma petite amie, m’efforçant de la faire réagir, guettant la plus petite trace d’intelligence. Mais elle se contente de me regarder comme si j’étais bizarre.

Nous flânons pendant quelques heures, sans but, puis elle me prend par la main et commence à m’entraîner quelque part. Nous descendons d’un pas hésitant l’escalier mécanique à l’arrêt menant au tarmac. Je soupire d’un air las.

Elle m’emmène à l’église.
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Ma petite amie ne parle pas beaucoup. Nous traversons les couloirs de l’aéroport où résonne l’écho, croisant parfois quelqu’un qui regarde par une fenêtre ou est perdu dans la contemplation d’un mur. J’essaie de trouver des choses à dire, mais rien ne vient et, même si j’avais une idée, je ne pourrais probablement pas l’exprimer. C’est mon principal obstacle, le plus gros des rochers qui jonchent mon chemin. Dans ma tête, je suis éloquent ; je grimpe des échafaudages complexes de mots afin d’atteindre le plafond des cathédrales les plus hautes et y peindre mes pensées. Mais quand j’ouvre la bouche, tout s’écroule. À ce jour, mon record s’établit à quatre syllabes avant que… quelque chose… coince. Et il se pourrait bien que je sois le zombie le plus bavard de cet aéroport.
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Je ferme la marche, alors que la ville disparaît derrière nous. Mes pas sont un peu plus pesants que ceux des autres. Quand je m’arrête à un nid-de-poule rempli d’eau de pluie pour nettoyer le sang sur mon visage et mes vêtements, M reste en arrière et me donne une claque dans le dos. Il connaît mon aversion pour certaines de nos habitudes. Il sait que je suis un peu plus sensible que la plupart des zombies. Parfois, il me taquine, il tortille mes cheveux noirs en bataille pour en faire des nattes, et il dit :

— Fille. Vraie… fille.
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Manger n’a rien d’agréable. Je mâche le bras d’un homme, et je déteste ça. Ses cris me sont insupportables, parce que je n’aime pas infliger de la souffrance aux autres, mais le monde est ainsi maintenant. Nous n’avons pas le choix. Et si je ne le dévore pas entièrement, si j’épargne son cerveau, il se relèvera et rentrera avec moi à l’aéroport, et je me sentirai peut-être moins coupable. Je lui présenterai tout le monde, et peut-être que nous resterons là, à grogner ensemble, pendant un moment. Il deviendra mon « ami », même si ce mot a perdu tout son sens. Si je me retiens, que j’en laisse assez…

Mais je n’en fais rien. Comme toujours, j’attaque directement par le meilleur, le morceau qui m’allume la tête comme un tube cathodique. Je mange le cerveau et, pendant environ trente secondes, je me souviens. Des visions fugitives de défilés, de parfum, de musique… de la vie. Puis elles s’effacent et je me lève ; nous repartons de la ville en trébuchant, nous nous sentons un peu mieux. Pas vraiment « bien », ni « heureux », encore moins « vivants », mais… un peu moins morts. Et nous devons nous en contenter.
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Lents et gauches, mais animés par une détermination sans faille, nous nous jetons sur les Vivants. Les coups d’un fusil de chasse remplissent l’air poussiéreux de poudre à canon et de sang noir qui éclabousse les murs. La perte d’un bras, d’une jambe, d’une partie de torse, autant de détails insignifiants à nos yeux. Mais certains d’entre nous, touchés au cerveau, s’écroulent. Apparemment, cette éponge grise et ratatinée sert encore à quelque chose, parce que, sans elle, c’est fini pour nous. Les zombies à ma gauche et à ma droite tombent sur le sol avec un bruit sourd et humide. Mais nous sommes nombreux. Un nombre écrasant. Nous nous jetons sur les Vivants, et nous mangeons.
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Nous commençons à sentir les Vivants en approchant d’un immeuble délabré. Je ne parle pas de l’odeur musquée de la sueur et de la peau, mais de l’effervescence de l’énergie vitale, une senteur ionisée mêlant foudre et lavande. Nous ne la sentons pas à l’aide de notre nez. Elle nous touche plus profondément, à l’intérieur, près du cerveau, comme du wasabi. Nous convergeons sur le bâtiment et entrons en force.

Nous les trouvons blottis les uns contre les autres dans un petit studio aux fenêtres condamnées. Ils sont encore moins bien habillés que nous, ils portent des loques et auraient tous bien besoin de se raser. M gardera une courte barbe blonde pour le reste de son existence de Charnu, mais à part lui tout le monde est rasé de près dans notre groupe. C’est l’un des avantages d’être un Mort, une des choses dont nous n’avons plus à nous soucier. Barbe, cheveux, ongles… fini de lutter contre la nature. Nos corps enfin sous contrôle.
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Selon moi, grosso modo, c’est la fin du monde : les villes que nous traversons sont aussi pourries que nous le sommes. Les immeubles se sont écroulés. Des voitures rouillées encombrent les rues. Il ne reste presque plus aucune vitre intacte, et le vent qui s’engouffre dans les gratte-ciel vides gémit comme un animal mortellement blessé. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Une épidémie ? Une guerre ? Un effondrement social ? Ou bien sommes-nous seuls responsables ? Nous, les Morts, remplaçant les Vivants. Je suppose que ça n’est pas très important. Quand tu arrives à la fin du monde, peu importe la route que tu as prise.
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La ville où nous chassons est commodément située à proximité de l’aéroport. Nous arrivons vers midi, le lendemain, et nous nous mettons en quête de chair fraîche. Cette nouvelle faim est une sensation curieuse, qui ne vient pas de l’estomac – certains parmi nous n’en ont plus. Nous la ressentons partout, de la même manière, une sorte d’affaissement général, comme si toutes nos cellules se dégonflaient. L’hiver dernier, quand le nombre de Vivants à rejoindre les Morts a été tel que le gibier s’est fait rare, j’ai vu certains de mes amis mourir pour de bon. La transition n’a rien eu de spectaculaire. Ils ont commencé par ralentir, avant de s’arrêter, et, au bout d’un moment, j’ai compris qu’ils s’étaient mués en cadavres. D’abord, ça m’a troublé, mais remarquer la mort d’un des nôtres est contraire aux convenances. Quelques grognements ont suffi à détourner mon attention.
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