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sur 1511 notes
Marivaux injecte dans cette pièce en un acte ses idées politiques et sociales et dénonce la servitude forcée. À ma grande surprise, l'idée principale des habitants de l'île des esclaves n'est pas la vengeance et il n'est pas question de rendre les anciens maîtres esclaves pour toujours ; même si les anciens esclaves peuvent profiter de la situation pendant quelques jours, c'est avant tout une question d'éducation dont le but est d'éveiller la conscience de la classe dominante aux souffrances des êtres qu'ils dominent. Leur volonté est de rendre les maîtres « sains, c'est-à-dire humains, raisonnables et généreux pour toute [leur] vie », non pas de faire à autrui ce qui était insupportable pour soi.
Il donne la parole aux esclaves, aux exploité·es et questionne les rapports de domination. Il évoque alors la difficulté à se comprendre, à se parler et à s'écouter, à s'entendre par-delà le gouffre abyssal des statuts sociaux. Cette pièce a eu le mérite de soulever quelques questions sur l'égalité entre les êtres humains à une époque où la France était une puissance esclavagiste.
De plus, elle critique ouvertement les maîtres et leurs travers : leur brutalité, leur ridicule, leurs mines, leur superficialité… Ce qui était quand même osé.

La pièce est qualifiée de comédie, mais je dois avouer que les ressorts comiques ne me sont pas apparus franchement drôles contrairement à d'autres pièces de Marivaux. Les idées sont importantes, il y a des répliques bien tournées, mais j'ai trouvé cette pièce un peu plate, fade et beaucoup trop rapide. Elle est finalement plus intéressante par une remise dans son contexte que par le texte lui-même.
La fin m'a laissé sur une note mitigée : rassurante pour le maître-spectateur, un peu frustrante aujourd'hui par ce retour à l'initial, mais surtout dérangeante par le sentiment d'un manque de sincérité des maîtres qui profitent des bons penchants de leur domestique. L'indignation et la colère de Cléanthis sont bien plus audibles que le pardon facile d'Arlequin.

La pièce seule ne m'a pas pleinement convaincue : si les premières scènes étaient enthousiasmantes par leurs idées, la partie « séduction et sentiments » m'a semblée moins aboutie que dans le jeu de l'amour et du hasard tandis que la fin arrive abruptement. Cependant, c'est un texte qu'il est passionnant de remettre dans son contexte historique et d'appréhender de ce point de vue : cela ne fait que souligner l'impertinence de l'auteur.
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Les pièces de théâtre de l'époque c'est vraiment pas mon truc. L'histoire me titillé donc je me suis dit pourquoi pas, mais ça ne m'a pas emballé, je ne sais pas trop pourquoi, peut-être parce que je l'ai écouté en audio et que c'était mal joué je trouve donc ça ne va pas me laisser un bon souvenir.
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Courte pièce de théâtre agréable à lire.

Sur une île perdu "au milieu de nul part", les règles sont inversés. L'esclave devient le maître et le maître devient esclave.

Marivaux nous offre ici une histoire simple et revendicatrice, qui peut toucher n'importe lequel d'entre nous. Tous cela teinté par quelques petites touches d'humour très appréciables.
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C'est une pièce de théâtre que l'on ne présente plus. À de nombreux lycéens, elle fut infligée, mais je n'avais pas eu cette chance. Pas trop tard pour s'y mettre! La langue de Marivaux est délicieuse, et la pièce a bien mieux vieilli que par exemple, l'ennuyeuse et artificielle Jeu de l'amour et du hasard.

On connaît le contexte, celui du développement formidable de l'esclavage. Marivaux ne s'y attaque pas directement, cependant: plus malin, il choisit le registre de la comédie, et des valets qui se moquent de leurs maîtres. On pense aux fourberies de Scapin, écrites un demi-siècle auparavant. Les critiques des maîtres par leurs valets n'en sont que plus efficaces. Iphicrate est vain, arrogant, tandis qu'Euphrosine est coquette et totalement égocentrique... Tous deux n'ont aucun mérite et n'ont hérité de leurs positions de maîtres que par le hasard de la naissance.

Subtilement, les deux maîtres ne se font pas exécuter dès leur arrivée dans cette île, cela montre que les "esclaves" - leurs domestiques, sont plus intelligents qu'eux et leur accordent assez facilement leur pardon. Les maîtres, quand à eux, prennent en peu de temps conscience de leurs erreurs passées. Cela semble un peu trop beau pour être vrai...

Pourquoi avoir choisi un dénouement aussi consensuel, pourquoi Marivaux n'a t'il pas osé une fin plus dramatique? Peut-être pour montrer que la rédemption est toujours possible? le fait de mélanger des personnages aux noms grecs avec des caractères de la comédie italienne pose également question. La sagesse contre la légèreté. Arlequin est dépeint comme un personnage joyeux et insouciant. Finalement, c'est aussi le cliché que les Européens ont collé à la peau des Africains. Était-ce voulu?

En résumé, un petit bouquin qui se lit avec plaisir et qui de plus, donne à réfléchir. On peut lui reprocher sa brièveté mais en l'occurrence, la démonstration fait mouche, bien plus qu'un long réquisitoire. On ne voit pas bien l'intérêt que Marivaux aurait eu à s'étaler davantage sur les défauts des maîtres et des valets.
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Quand j'étais en 3e j'ai joué une version modernisée du jeu de l'amour et du hasard de Marivaux. J'avais proposé ce livre parce que j'avais adoré l'histoire et la vision de l'époque qu'avait Marivaux.

Et puis, les années ont passé. J'ai laissé cet auteur dans un coin de ma tête, n'y pensant plus trop, jusqu'à ce que je tombe sur ce roman dans ma PAL.

J'avais un peu d'appréhension je dois avouer. le scénario me plaisait moins que celui du Jeu de l'amour et du Hasard. Je craignais un livre trop cliché où on était bien content à la fin que chacun reste à sa place.

Ce fut finalement une bonne surprise ! J'ai trouvé ça assez bien pensé et bien fait. J'ai beaucoup aimé tous les dossiers ajoutés à cette édition qui nous rappellent le contexte historique et à quel point ce n'était pas si évident de changer les codes.

Pourtant Marivaux arrive habilement à dénoncer la société de son époque, les écarts entre riches et pauvres et pas seulement au niveau financier mais surtout pour le manque d'égalité des chances, le peu d'accès à l'éducation... En somme, des écarts qui font encore sens aujourd'hui !

Je regrette juste la rapidité du texte. Il y a pas mal de monologues qui permettent d'approfondir les personnages mais le changement de mentalité est tout de même trop rapide à mon goût.

À part cela c'est un texte qui m'a donné envie de relire du théâtre et peut-être même d'aller voir quelques pièces classiques.

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L'île des esclaves de Marivaux est une pièce de théâtre du XVIIIème siècle (celui des Lumières), elle reflète donc les idées des philosophes, notamment sur les relations entre les riches et les pauvres et sur la peine de mort ; il n'est pas obligatoire de tuer quelqu'un après une faute, il peut se repentir ou effectuer des tâches pour se faire pardonner, c'est là ce qu'essaye d'exprimer Marivaux. Cette utopie sociale permet entre autres de faire réfléchir à de nouveaux rapports sociaux. Malgré un vocabulaire assez ancien, cette oeuvre est assez plaisante et facile à lire.
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J'ai particulièrement apprécié l'originalité avec laquelle Marivaux traite des conditions sociales. Ici, esclaves et maîtres échouent sur une île où on leur impose d'échanger leur statut : les dominés prennent la place des dominants, et inversement. Ce procédé est l'occasion pour l'auteur de réaliser une critique de la société. Toutefois, la pièce ne m'a pas totalement convaincue. Elle m'a semblé fort courte : la thématique n'était pas assez approfondie... le dénouement ne m'a pas non plus enchantée. J'aurais aimé une dénonciation plus radicale de la société, mais l'oeuvre est à replacer dans son contexte historique. Marivaux propose ici des valeurs nouvelles pour son époque !
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Je suis ravie d'avoir pu découvrir cette pièce de théâtre, que mon fils étudie en ce moment en classe de troisième. Cette oeuvre classique est une sorte de dystopie dans laquelle, à la suite d'un naufrage, maître et esclave s'échouent sur une île, où les classes sociales sont inversées. Des phénomènes étranges se produisent puisque les maîtres se plient volontiers à l'exercice. Sans parler de la fin de la pièce, qui semble improbable.
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Ce qui est bien dans cette comédie de Marivaux c'est qu'elle date de 1725 mais qu'elle porte toujours des thèmes d'actualité : "L'Île des esclaves" parle des relations de pouvoir, de la soif de domination et des abus d'autorité. On est loin des comédies sentimentales qui font sa réputation.
C'est une pièce de théâtre surprenante dont le décors est une île utopique où les domestiques deviennent les maîtres et les maîtres les domestiques, autrement dit les rôles sont inversés.
Maintenant qu'ils dominent, les serviteurs s'amusent à ridiculiser et tourner en dérision celles et ceux qui ont profité de leur naissance, de leur milieu social et de leur privilège pour les mépriser et les maltraiter.
L'objectif est de les faire changer de sentiments mais je n'approuve pas vraiment la méthode d'autant plus qu'il s'agit d'une utopie et qu'il ne semble pas être question de changer le système mais juste les personnes pour qu'elles soient plus généreuses.
Si Arlequin dit qu'il ne veut pas être heureux au dépend de son maître et qu'il prône le pardon plutôt que la vengeance j'applaudis des deux mains. Mais quand il se rend coupable en pensant qu'il a pu mériter d'être battu et que la morale dit que la différence des conditions n'est qu'une épreuve des dieux, là je ne suis pas d'accord. D'ailleurs, on sent le poids de la religion quand tout le monde doit se repentir.
Pour autant, on ne peut que louer Marivaux d'avoir eu le courage d'écrire cette leçon morale et politique... il faut dire que c'est au siècle des lumières.


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Cette pièce est un plaidoyer contre l'esclavage.
Sur cette île les situations s'inversent. Ils doivent échanger leurs conditions, leurs vêtements...
Les esclaves vont faire subir les humiliations qui leurs sont coutumières, à leurs maîtres. Ces derniers finiront par admettre leurs mauvais comportements.

Je recommande cette pièce de théâtre, qui est un très bon classique.
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